L'heure de la retraite a sonné pour Harry Bosch ; il remplit ses journées vacantes en restaurant une Harley de 1950, comme celle de Lee Marvin dans l'Equipée sauvage. Jusqu'au jour où Mickey Haller, son demi-frère mais aussi avocat réputé et connu comme le loup blanc à Los Angeles grâce à sa campagne d'affichage empruntée à Better call Saul : « Un doute raisonnable à un prix raisonnable. Vite, appelez l'avocat à la Lincoln » lui demande d'innocenter Da'Quan Foster, incarcéré pour le meurtre de Lexi Parks « la très aimée directrice adjointe des services municipaux de West Hollywood ». Mais Harry connaît la musique, il sait que tous les avocats de la défense, dans tous les tribunaux de la terre, prétendent que leurs clients se sont fait piéger ou sont victimes d'un coup monté. Et puis Harry n'a jamais travaillé pour le compte d'un possible meurtrier. S'il le faisait, lui la quasi-légende du LAPD, il serait considéré comme « une
Jane Fonda, ou quelqu'un qui aurait traîné avec les Nord-Vietnamiens » ; ses ex-collègues pourraient penser qu'il a perdu sa boussole morale.
Pourtant, Mickey réussit à instiller un doute dans l'esprit de Harry, qui pense que si Da'Quan est en effet innocent, un assassin est toujours en liberté. C'est ainsi qu'il met sa loyauté au service de l'avocat et de son client. Fidèle à ses convictions selon lesquelles tout le monde compte ou personne ne compte, il reprend les éléments de l'enquête, découvre que certain meurtre est tenu pour important et confié à un service policier d'élite, alors qu'un autre est jugé insignifiant. Il se rend sur les scènes de crimes bien après leur perpétration, sûr que tout meurtre laisse dans son environnement une marque, une trace, un fantôme. Il s'imprègne, réfléchit aux détails, même minimes, laissés en suspens dans l'enquête, et qui l'agacent comme un petit caillou dans une chaussure, revient sur des questions restées sans réponse.
Bref, dans
Jusqu'à l'impensable, Harry Bosch fait du Harry Bosch, méticuleux, incorruptible. Si l'intrigue est classique et irréprochable comme toujours avec
Michael Connelly, l'originalité du roman se trouve, c'est mon avis, dans la relation d'Harry avec Maddie, sa fille sur le point d'entrer à l'université, toujours ébranlée par la mort de sa mère. Harry se considère comme un père de rattrapage pour elle, veut bien faire mais peine à comprendre ses silences ou ses reproches, la porte de sa chambre fermée ou les repas qu'elle refuse de prendre. Et oui, Harry est aussi un père sensible et émouvant.