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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Joseph Conrad est un auteur que je tiens en très haute estime. D'abord, il est l'auteur du « coeur des ténèbres » que je considère comme un chef d'oeuvre absolu. Et puis, chaque fois que je lis une oeuvre de Conrad, j'y trouve quelque chose d'intéressant. Même quand un texte ne me convainc pas entièrement, il y a tout de même quelque chose à en retirer.

La nouvelle « Jeunesse » est intéressante à plus d'un titre. Comme « le coeur des ténèbres », ce récit met en scène Marlow, alter-ego de Conrad lui-même. Mais « jeunesse » se déroule avant « le coeur des ténèbres ». J'ai trouvé intéressant de découvrir Marlow dans un autre contexte et à une autre époque. Si on le reconnait par certains aspects, il y a une évolution dans sa psychologie entre les deux récits. Et c'est bien normal. « Jeunesse » porte bien son titre. Si la nouvelle est racontée du point de vue d'un Marlow plus âgé qui porte un regard nostalgique sur cette période passée, c'est bien la fougue et l'enthousiasme de la jeunesse qui sont mis en avant. Cette nouvelle est donc beaucoup moins sombre et plus optimiste que « le coeur des ténèbres ». J'ai même envie de parler de légèreté même si celle-ci est teintée de nostalgie. le ton est donc très différent du « coeur des ténèbres », ici il n'est pas question de sensation oppressante, le récit est plutôt porté sur les péripéties et il y a même des notes d'humour.

Quand on lit « jeunesse » après avoir lu « le coeur des ténèbres » il est inévitable de faire la comparaison entre ces deux oeuvres mettant en scène le même personnage. Mais, au cours de ma lecture, j'ai repensé à une autre oeuvre de Conrad « le frère de la côte » qui ne met pourtant pas en scène le même personnage et qui se déroule dans un contexte très différent. Si j'ai pensé à ce roman, c'est qu'à mon avis les deux oeuvres en question symbolisent des moments opposés dans la carrière de Conrad. « Jeunesse » est écrit dans les débuts de la carrière de l'auteur et on y sent un enthousiasme, un goût de l'aventure, un plaisir d'écrire. « le frère de la côte » est, au contraire, un roman de fin de carrière de Conrad. La fougue de la jeunesse a laissé place à une certaine fatigue, à une forme de lassitude.

Outre l'intérêt offert par la contextualisation de ce texte dans l'oeuvre de l'auteur, « jeunesse » a bien d'autres qualités. C'est un récit très plaisant à lire. On ne s'ennuie pas une seconde. L'intrigue est très bien menée et Conrad semble s'amuser à malmener le vieux rafiot qui sert de cadre à l'histoire, on sent même de la malice chez lui. L'auteur fait encore une fois preuve de son immense talent pour dépeindre et caractériser finement des personnages. En quelques traits, il donne vie à une galerie de personnages riche et variée. J'ai particulièrement aimé le personnage du vieux Capitaine dont c'est le premier voyage en tant que commandant. L'écriture de Conrad me séduit toujours autant. Sa plume est fluide, simple et élégante. Un vrai bonheur.

Plus je lis Conrad, plus je l'apprécie. Je suis bien contente qu'il me reste encore plein d'oeuvres à lire, la promesse de belles lectures.

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J'ai souvenir d'annotations écarlates, comme au fer rouge, sur mes cahiers de collégien, qui me disaient : trop de répétitions !
Ce livre c'est ma vengeance, ma réhabilitation, car Joseph Conrad en use, en abuse à dessein, sans jamais paraître indigeste.
Mieux, c'est d'une efficacité redoutable au point de vue sonore (bravo pour la traduction).
Petit livre dans son format, mais grand roman sur la jeunesse écrit par un auteur plein de nostalgie de ses exploits maritimes, comme un vieux chêne que les haches menacent. Les haches du temps.
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Jeunesse. Avec cette courte et ardente nouvelle, je fais la connaissance de Joseph Conrad. Une nouvelle écrite en glorification d'une époque de la vie où le corps a sa souplesse, le coeur ses espoirs et l'esprit ses intransigeances.

Nous embarquant dans ce qu'on appellerait aujourd'hui une galère, au propre comme au figuré, Joseph Conrad nous clame haut et fort que ce qui fait la beauté de la jeunesse ce ne sont pas les événements qu'on y vit et qui seraient, avec un regard rétrospectif, plus idylliques que ce que l'on vit aujourd'hui. Ce qui fait la beauté de la jeunesse, n'est autre que sa promesse d'avenir.

Avec cette courte nouvelle, accrochez vous au bastingage. Tangage et roulis sont au programme. Pour les supporter, il faut être jeune. Pour les lire, il n'y a d'âge que celui d'apprécier un style au demeurant fort agréable. Un style qui me donne goût à faire un bout de chemin avec cet auteur.

Quelle folie que la jeunesse. Quelle folie d'imaginer que demain sera mieux qu'aujourd'hui. Quelle folie de courir après demain pour y constater au final qu'on n'a pas savouré cet aujourd'hui déjà devenu hier.
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Cinq hommes amoureux de la mer et en ayant une expérience se retrouvent pour écouter l'un d'entre eux, Marlow, raconter sa première odyssée, entre Londres et Bangkok, sur la Judée.
Jeune matelot placé sous le Commandement du Capitaine Beard, il va vivre une traversée particulièrement mouvementée et formatrice. Rien ou presque ne leur sera épargné sur ce rafiot : tempêtes effroyables, avaries qui les obligent à écoper pour ne pas sombrer, puis combustion lente du charbon transporté qui finira par causer un incendie et la perte du navire...Marlow va faire preuve de courage et de compétence, gagnant ses galons de grand marin.

Ce récit s'il ne recèle pas une très grande originalité sur un thème largement abordé, exprime magnifiquement l'amour de Conrad pour la mer, et le lecteur est happé au coeur de ce voyage et des éléments déchaînés. Au-delà, le romancier explore d'autres thématiques : l'éloge de la jeunesse, symbole d'enthousiasme, de passion, de fougue, de courage...mais aussi l'attirance des voyages et le rêve d'Orient.

Peut-être pas le chef d'oeuvre de Conrad, mais une superbe écriture, particulièrement sensible dans les dernières pages d'une beauté admirable, et un véritable héros, le bateau lui-même qui endure, endure, tient tant bien que mal, pour finalement s'embraser dans le final des mers d'Orient.

Idéal pour une première approche de l'oeuvre de cet écrivain passionné de la mer.
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Trois marins arrivés sur leurs vieux jours devisent, et l'un d'entre eux, Marlow, va raconter sa première traversée des océans en tant que lieutenant de bord, alors qu'il avait 20 ans, sur un trois-mâts charbonnier qui s'avère être un véritable cercueil flottant.
Récit initiatique, récit de voyage, qui en vient à être humoristique face à l'invraisemblable scoumoune dont souffre l'équipage qui verra le bateau prendre l'eau plusieurs fois avant de finalement... brûler. Face à ces aléas, tous les hommes et en particulier le narrateur, plein de la vigueur, de l'enthousiasme et de la témérité de sa jeunesse, font montre de courage et d'opiniâtreté, et même d'un flegme tout britannique.
Une bien belle nouvelle du domaine public, très agréable à lire, disponible gratuitement sur liseuse avec Au coeur des ténèbres, son grand classique librement adapté par Francis Ford Coppola dans Apocalypse now.
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Jeunesse de Joseph Conrad est une courte nouvelle. C'est un récit d'apprentissage, un voyage dans le passé.

Marlow, homme d'expérience, britannique jusqu'au bout des ongles, raconte alors qu'il est attablé dans un pub avec des amis proches son Odyssée. Il n'avait pas 20 ans, lorsqu'il s'est engagé comme Lieutenant sur un bateau de transport en route pour Bangkok. Bangkok! Il se lance à corps perdu dans cette aventure avec tout l'enthousiasme et la passion de la jeunesse.

L'Odyssée est comparable à celle d'Ulysse. La route est semée d'avaries, le tumulte de la mer s'emporte en une tempête furieuse qui brise tout : les matelots et leur navire. le bateau prend l'eau et fini par exploser entraînant sa cargaison dans les profondeurs des eaux tropicales. Mais la détermination et l'inconscience du jeune homme sont les vrais moteurs du récit. La fraternité, l'humanisme et le courage sont les valeurs de ce roman "homérique".

25 avril 2012
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Jeunesse /Joseph Conrad

« Jeunesse », nouvelle parue en 1902, relate un voyage que le lieutenant Conrad fit à bord d'un trois-mâts barque, en partance d'Angleterre pour Bangkok pour transporter du charbon et qui dut être abandonné en mer en mars 1893 dans les circonstances même que l'écrivain narre avec fougue et enthousiasme, dans son récit marqué d'une profonde humanité et d'un réalisme saisissant.
Cinq anciens amis se retrouvent attablés autour d'une bonne bouteille. Ils sont des hommes qui ont réussi dans la vie, et parmi eux un certain Marlow ainsi que le narrateur. Ils ont tous bourlingués dans leur jeunesse, marins aguerris épris d'aventures, réunis par le lien puissant que crée la mer.
Marlow évoque alors avec nostalgie son premier embarquement comme premier lieutenant alors qu'il avait vingt ans. Tempête, naufrage, faux départs, incendie et explosions sont au rendez-vous. Un voyage initiatique de l'adolescence vers l'âge adulte, une odyssée épique et inoubliable. Une belle métaphore de l'existence.
Extrait : « Je me rappelle ma jeunesse dit Marlow, ce sentiment dont l'attrait décevant nous porte vers des joies, vers des dangers, vers l'amour, vers l'effort illusoire, vers la mort : conviction triomphante de notre force, ardeur de vie brûlant dans une poignée de poussière, flamme au coeur qui chaque année s'affaiblit, se refroidit et s'éteint trop tôt, trop tôt, avant la vie elle-même. »
Et à la fin : « Ah ! le bon vieux temps, – le bon vieux temps ! La jeunesse et la mer . L'enchantement et la mer ! La bonne , la rude mer , la mer âcre et salée qui murmurait à votre oreille et rugissait , contre vous et vous coupait brutalement le souffle . »
Une brève lecture à ne pas manquer.




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Yole, écubier, cacatois, drosses et drisses, culer, lofer, carguer, estrope, nous voilà plongés dans la poésie du roman de mer ! On est jamais sûr de tout comprendre mais on se doute bien que cela fait avancer le bateau. C'est une magnifique nouvelle, où l'auteur tisse habilement un parallèle entre le vieux rafiot fatigué, usé, fumant et craquant de toute part, coquille de noix battue par les vents, et le jeune héros à la conquête de soi et de l'orient fantasmé. On y retrouve des accents Melvillien la tempête, le feu, les dangers de la navigation remplaçant le monstre-baleine.
Et puis en ces temps de confinement, l'air du large et les embruns font du bien ! Allez, pour finir « passez moi la bouteille » comme aime le répéter le narrateur tout au long du récit !
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Je ne suis point un fervent adepte des romans de "mer" et pourtant...

Pourtant, j'ai été séduit par le personnage de Marlow qui intervient fréquemment en tant que narrateur dans les nouvelles, voire romans, de Joseph Conrad, et c'est le cas ici. Où Joseph Conrad emploie à nouveau un procédé pour introduire l'histoire qu'il veut raconter ; le biais d'une réunion d'hommes ayant eu des expériences similaires et se racontant un passage de leurs vies. Et c'est Marlow qui va raconter à ses compagnons son premier engagement d'officier de la marine marchande, à destination de l'Extrême-Orient, destination mythique pour le jeune homme qu'il est encore. Un voyage, à n'en pas douter, des plus singuliers, marqué du sceau de la malchance la plus implacable mais qui reste pour lui comme la marque la plus tangible de sa jeunesse. de même qu'un premier amour ne s'oublie jamais.

J'ai été séduit par une écriture fluide d'une puissance évocatrice remarquable qui nous transporte et nous communique la pleine dimension des sentiments résultant des épreuves traversées dans l'accomplissement d'un destin.
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Jeunesse est un court roman publié dans le même recueil que le célèbre "Au coeur des ténèbres" et "Au bout du rouleau--". C'est donc trois âges de la vie qui sont illustrés ici par Conrad. Jeunesse nous raconte l'histoire d'un jeune marin embarqué sur un navire à destination des Indes. La jeunesse sera le moteur principal du héros Conradien, quand embarqué sur ce bateau de malheur où les pannes se succèdent, et où l'incendie menace, il faudra se battre contre les éléments et trouver la force de pouvoir amener le bateau à bon port. Comme toujours chez Conrad, l'écriture est magnifique, mais chose singulière dans son oeuvre, le personnage principale semble infaillible et porter par une volonté et un courage sans faille propre au rêve et aux ambitions de la Jeunesse. Dans bien des romans de Conrad, les ambitions des personnages seront terrassés, anéantis et ces mêmes personnages deviendront alors faillibles et vulnérables ; mais ici, l'auteur laisse la part belle au rêve, celui de la jeunesse, encore innocente, mais belle et bien déterminée.
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