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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nostromo est la contradiction de l'italien nostr'uomo (notre homme), appellation un brin condescendante des responsables de la compagnie de l'Ocean Steam Navigation pour désigner le Capataz de cargadores, c'est-à-dire le contremaitre des débardeurs, homme de devoir, intègre, incorruptible, fier et jaloux de son honneur et de sa réputation légendaire autant auprès des occidentaux que de la population autochtone. Mais ne nous méprenons pas, le véritable personnage central de histoire c'est l'argent, cet argent qui possède les hommes, les rend fous, avides, stupides, lais et méchants.

Conrad à un talent incroyable pour donner vie à cet état imaginaire, le Costaguana, miroir fidèle des destinés mouvementées des pays d'Amérique Latine rythmées par les coups d'états , les guerres civiles, leurs luttes incessantes pour la liberté et la démocratie, avec en sous-main l'influence omniprésente de l'impérialisme américain. L'intérêt de cette oeuvre est dans la narration en elle même, qui n'est pas linéaire, l'auteur à recours à l'analepse ce qui, en éclairant le passé des personnages, donne du relief psychologique à ceux-ci et laisse cette remarquable impression de réalisme et de vie à toute l'histoire.

Une oeuvre peut être moins poétique que Lord Jim (autre chef d'oeuvre!) mais d'une grande richesse et d'une belle complexité.
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Nostromo tient une place à part dans l'Oeuvre de Conrad, il est à la fois le roman le plus ambitieux de son auteur et la charnière entre la première période de sa carrière d'écrivain et la seconde. Pour autant, à bien des égard, je préfère d'autres livres de Conrad à celui-ci et ce n'est pas celui que je conseillerais de prime abord à quelqu'un qui aborderait son travail. Dense, touffu, complexe, il est loin d'être un roman facile. Pour autant certaines scènes sont magistrales (comme la fuite dans la nuit entre les bateaux ennemis) et certains portraits d'une grande richesse (comme celui du jeune idéaliste, Martin Decoud). L'intrigue amoureuse est de loin l'aspect le moins réussi du livre, Conrad n'y retrouve pas, dans la scène de rencontre en particulier, la superbe de celle d'un Paria des îles.
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Roman fleuve où j'ai bien failli me noyer au milieu bien que je fus loin d'être emporté par le courant. Vais-je me permettre de critiquer Conrad (Joseph et non Robert), quitte à passer pour une tête brûlée ? Je ne vais pas en faire un mystère (de l'ouest ou d'ailleurs …), je n'irai pas me briser les ailes ou encore tirer à bout portant sur un monument tel que Conrad (Joseph ou Robert).
En fait, j'ai senti mon envie de poursuivre la lecture de Nostromo décroitre dans la deuxième partie alors que j'ai été pris à l'hameçon du plaisir de lire dans les premières et troisièmes parties. Conrad déploie tout son arsenal consommé d'écrivain doublé d'aventurier vieux loup de mer pour rendre cette histoire vivante et prenante. Je me suis régalé notamment dans l'entame des premières et troisièmes parties où l'originalité du style permet d'évoquer des péripéties de manière indirecte, comme à ricochet. Mais j'ai manqué d'air à la moitié car mon rythme de lecture est actuellement au cabotage le long des côtes de quelques pages et non pas au long cours comme les croisières littéraires de pavés conradiens de plus de 500 pages. Il faudra que j'y revienne avec Typhon, Lord Jim ou au Coeur des ténèbres
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Après avoir lu « Au coeur des ténèbres », le livre qui inspira le film de Coppola « Apocalypse Now », j'avais envie de découvrir un autre livre de Joseph Conrad. Conseillé par un client, je plongeais alors dans ce livre riche et dense. Nous sommes au XIXe siècle, dans un pays d'Amérique du sud ou plus exactement dans une enclave séparée par des montagnes du reste du pays. Dans ce port et cette ville, tout est régi en fonction de la mine d'argent qui fait vivre la région mais attire les convoitises d'hommes de pouvoir. Car le pays est en proie à de nombreuses révolutions. Au grand dam du propriétaire de la mine, Charles Gould, un homme obsédé par l'exploitation de sa mine, celle-ci ayant ruiné déjà deux générations de sa famille. Sa femme, anglaise, se préoccupe plutôt de la population et notamment d'un révolutionnaire italien et de ses filles. Nous suivons donc toute une galerie de personnages, du médecin au mondain, du prêtre évangélisateur à la demoiselle de la grande bourgeoisie, et bien d'autres encore, sans oublier le peuple en arrière-plan qui subit plus que tout, les aléas de la politique nationale. Ainsi que le fameux Nostromo que tous respectent et admirent, du propriétaire à une grande partie de la population et qui pourtant reste un personnage particulièrement énigmatique. Si tout le monde loue son honnêteté et son courage, personne ne sait vraiment ce que pense cet homme, qui apparaît et disparaît régulièrement au fil du récit. Un homme qui semble privilégier avant tout la gloire qui sortira de ses actions à toute autre richesse. Un roman qui se met en place tout doucement pour s'accélérer au fil des pages, au gré des révolutions, des drames, sans oublier un trésor qui sera la clé finale du récit. Un livre qui demande une certaine concentration, mais qui au final laisse une trace dans les mémoires. Un grand classique.
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Oeuvre imposante et intimidante, tant par l'ambition que par la longueur : plus de cinq cent pages, soit le plus long roman de Conrad. Parfois considéré comme le meilleur, même si Lord Jim et l'Agent Secret sont de sérieux concurrents. le projet est immense, au point qu'un critique anglais l'a comparé à Guerre et Paix : donner bien sûr vie à une pleine galerie de personnages, mais surtout corps à une contrée imaginaire d'Amérique du Sud, le Costaguana et en exposer les enjeux politiques et économiques.
Les événements se déroulent à Sulaco, ville portuaire du Costaguana, dont la mine fait l'objet de toutes les convoitises des sociétés européennes. A la mort de son père, Charles Gould décide de reprendre la mine et de la réouvrir.
Si la chronologie du roman s'avère moins infernale qu'annoncé dans l'introduction, certains événements peuvent sembler brumeux. Conrad joue avec son lecteur et s'autorise certains retours en arrière ou à l'inverse accélère le déroulement. Il est parfois nécessaire de jeter un oeil à la séquence des événements synthétisée en introduction.

Si Nostromo n'est pas un simple roman d'aventure, il n'est pas avare en rebondissements; Conrad est à son affaire et sait trousser quelques scènes fortes, notamment la soirée où Decoud et Nostromo tentent de mettre à l'abri le trésor de la mine, véritable noyau central du roman. On y trouve là quelques belles pages d'une ambiance étouffante qui ne manqueront pas de ravir ceux qui ont aimé Au Coeur des Ténèbres. Toutefois Conrad n'est pas Stevenson et il y a toujours chez lui un surcroît de précision qui c'est malheureux à dire nuit un peu au plaisir de lecture, là où l'écossais sait stimuler l'imagination par un art plus vague et lacunaire.

Mais Nostromo est surtout un grand roman sur l'aliénation par l'argent et le matériel. Conrad le fait ressentir sur les différents personnages qui animent Sulaco : presque dès le début ils apparaissent désossés, fantomatiques, tout à leurs objectifs de concrétisation de profit. Nostromo est lui tout défini par son prestige personnel et ne vit que par et pour ce prestige : on se doute bien que cela finira par devenir un fardeau. Les quelques uns apparaissant un tant soit peu positifs sont ceux ayant connu la torture des troupes montiéristes : Monygham et le père Corbelan. le péché originel tient sans doute à ce que Charles Gould fait passer la justice derrière l'ordre lorsqu'il décide de faire réouvrir la mine, et de s'accommoder d'un pouvoir autocratique. Notons que cet aspect politique de l'oeuvre est hélas toujours d'actualité : il ne s'agit rien moins que de l'alliance entre ultra-libéralisme et autoritarisme.
Nostromo est un roman assez nettement pessimiste, où les personnages contemplent leurs gouffres et peu en réchappent, mais Conrad sait être toujours fin, aussi bien dans l'exposition des motifs politiques (après tout, l'influence de Gould a aussi ses côtés positifs et protège en partie les mineurs) que dans ses saillies psychologiques, voyez plutôt cette belle citation

"La vie, pour être vaste et pleine, devait, à chaque moment du présent, contenir le soucis du passé et de l'avenir. Notre tâche quotidienne doit être accomplie pour la gloire des morts et pour le bien de ceux qui qui viendront après nous."

C'est finalement cet équilibre qui m'a frappé dans ces quelques cinq cent pages. le "monstre" était plutôt fin.
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épique
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Nostromo, notre homme, c'est Gian Baptista Fidanza, homme de confiance de l'élite de Sulaco, ville portuaire de l'Etat occidental, province du Costaguana. Avec ce roman comme une étude géographique, historique, sociologique et économique, Joseph Conrad raconte une révolution dans ce vaste continent sud-américain (qui en connut de très nombreuses au 19ème siècle), laquelle révolution se pare des plus beaux atours idéologiques, cachant par cela la seule véritable motivation de ces mouvements parfois violents : l'argent. L'argent, on le trouve dans la mine de San Tomé, propriété de Charles Gould, Costaguanien d'origine anglaise, qui a réussi à faire de ce gouffre financier une véritable corne d'abondance qui attire les regarde. La mine porte l'Etat occidental ; l'Etat occidental veut se détacher du Costaguana qui accapare toutes les richesses de la province.
La guerre menace, puis éclate. C'est un coup d'éclat : le général Montero tente de renverser le président Ribeira et semble près à y parvenir. Dans ce tourbillon politique, Nostromo semble être, pour tous ces grands hommes, un roc auquel on s'amarre pour mieux passer la tempête. Les missions les plus difficiles lui sont confiées. Lui, d'origine italienne, est un homme loyal qui jouit d'une autorité naturelle et qui tire orgueil de la reconnaissance des puissants. Mais les responsabilités qu'on finit par lui confier, notamment celle du trésor, le mettent en danger.
La galerie des personnages, foisonnante, marque par son réalisme. L'argent est, peut-être, le principal personnage de ce roman formidable. Les destinées se croisent, s'entremêlent, se terminent tragiquement. le Costaguana, enfin, résume l'Amérique du Sud, qui se contorsionne et explose en affrontements.
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Sur fond historique de colonialisme, de coup d'états militaires, de guerre civile, et de politique dictatoriale au Costaguana, petit pays fictif d'Amérique latine, Joseph Conrad nous fait vivre au rythme d'un groupe d'Européen, installés là-bas comme chez eux. Écartelés entre leurs amours, leurs rêves et leur cupidité, ils mènent une existence à la fois brillante et fiévreuse, où ils apprennent que la réalisation des espérances, financières ou autres, ne mène pas forcément à l'épanouissement personnel. Même chose pour Nostromo, un marin génois débarqué ici pour faire fortune, emblématique de cette petite communauté, qui voue un mélange d'admiration et de mépris à ce personnage valeureux et fantasque.

Difficile de faire un commentaire sur ce roman, considéré par tous comme le chef-d'oeuvre de Joseph Conrad, si ce n'est pour redire que c'est un roman magistral, qui se mérite, mais qui récompense généreusement l'effort qu'on a pu mettre dans sa lecture.On est captif des allers-retours temporels, des péripéties romanesques dignes des meilleurs romans d'aventure, de la complexité des personnages pris dans les rets de cette vie coloniale alternativement délicieuse et rude, cette petite communauté imbue d'elle-même, égocentrique et brillante, qui au delà de son lustre n'échappe pas à la moiteur.
Un roman âpre, foisonnant et tumultueux dont on ressort avec une satiété heureuse.
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Dans ce livre il n'y a qu'une seule fois l'interjection "Caramba !". Ce n'est pas comme dans Tintin, par exemple.
Sinon.
J'ai apprécié pleinement les cent cinquante dernières pages, je devrai(s) donc relire plusieurs fois ce livre, pour savourer les langueurs sud-américaines écrites par les flots conradiens… Enfin, si j'en prends le temps dans ce présent-futur où les grandes figures, les grands romans et les grands êtres humains n'existent plus.

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NOSTROMO de JOSEPH CONRAD
On est à Sulaco, une des principales villes du Costaguana, pays imaginaire de l'Amérique du Sud un peu après le début du 20 ème siècle qui n'est pas sans rappeler le Panama ou la Colombie. On vit au rythme des révolutions, coups d'états, dictatures et autres bouleversements. La famille Gould est propriétaire d'une mine d'argent, source de revenus du lieu. Nostromo travaille sur le port, aux douanes, organise les travailleurs de la mine et est un support honnête et indéfectible des dirigeants locaux. Une énième révolution va bouleverser ce petit monde et NOSTROMO va devenir le centre et la clé de la suite des événements.
Conrad a créé un monde foisonnant, dans lequel la psychologie des principaux personnages est décortiquée soigneusement, il nous mène de rebondissements en renversements de situation pour un final imprévisible. Clairement un des grands livres de Conrad, un conte épique qui défie le temps. À lire absolument.
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