Une histoire un peu hors norme.
Chrétienne, âgée de sept ans, débarque à Cayenne où son père est nommé gouverneur.
Livrée à elle-même, elle traîne son désoeuvrement parmi les bagnards, les animaux, iguanes, crapauds ou serpents, ses violents maux de tête, son imagination débordante, son père anachronique et misogyne, sa mère hors du temps, dévouée, pieuse, qui aspire devenir lépreuse.
Triste sort et triste ambiance pour une petite fille.
Le style surprend, l'ambiance met mal à l'aise, les personnages dérangent.
C'est une véritable fiction au sens propre du terme, une belle réussite littéraire talentueuse.
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Alice aux pays des démons, démon elle-même et bien malgré elle dans cet environnement familial où l'on ne s'intéresse pas à elle. Débarqués à Cayenne au bagne ou son père gueule cassée en devient le gouverneur. Celui-ci l'a trouve moche et ne connaît que les brimades et l'ignorera la plupart du temps. Sa mère, guère mieux ; maladivement bigote complètement déjantée qui se prend pour une sainte ; infirmière qui a un penchant pour les plaies purulentes et les lépreux et qui très tôt lui refusera toute tendresse la laissera livrée à elle-même.
Elevée sans amour au milieu des bagnards qui seront les seuls à lui témoigner un soupçon d'intérêt.
Petite fille de 7 ans cruelle et fantasque qui essaiera de s'inventer un monde au milieu des larmes dans l'indifférence générale.
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Couverture colorée, une fillette en robe rouge avec un chien noir (à mieux y regarder mais j'ai cru longtemps que c'était un chat) qui a l'air d'explorer la jungle. On s'attend donc à une histoire espiègle de gamine qui charme les coeur des durs forçats, à la Fifi Brindacier. La 4e parle d'une Alice au pays des forçats. On découvre une enfant brimée, seule, qui tente d'attirer l'attention, de se faire des amis, de se faire aimer et qui échoue. Une fiction cruelle qui dérange, d'autant plus en tant que fiction: qu'est-ce qu'on apprend, car on ne lit pas ce texte, très bien écrit, pour le plaisir.
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En épousant le Gobernator, elle n'avait pas créé un foyer.
L'enfant avait été éduquée pour faire face, toute seule et très tôt, au monde qui l'entourait. Elle ne s'était pas complu dans ces tendresses mièvres qui tissent d'inextricables liens dont on ne se débarrasse jamais.
Elle n'avait pas joué à aimer son enfant, car elle ne l'aimait pas, en tout cas pas plus que ses autres prochains et bien moins que ses lépreux.
Elle avait accompli ce tour de force de ne point s'attacher tout en la détachant.
L'avenir de Chrétienne (prénom de la petite fille dans le livre), elle ne l'envisageait même pas, se contentant d'évoquer d'une pirouette le Seigneur qui nourrit toujours ses petits oiseaux.
https://www.librairiedialogues.fr/livre/14694728-l-insomnie-tahar-ben-jelloun-gallimard
Lors de la rencontre avec Tahar Ben Jelloun, du 1er mars 2019 à la librairie dialogues à Brest, l'auteur nous propose sa sélection de livres coups de c?ur !
En l'occurrence :
- la poésie française du XXe siècle.
- Deux s?urs de David Foenkinos (Gallimard)
- Maîtres et esclaves de Paul Greveillac (Gallimard)
- La vérité sort de la bouche du cheval de Meryem Alaoui (Gallimard)
- La Maison Golden de Salman Rushdie (Actes Sud)
- Nouvelles de William Faulkner (Gallimard, Pléiade)
- Les Mille et une nuits
- Don Quichotte de Cervantès
- Mes Afriques de Paule Constant (Gallimard)
Entretien mené par Laure-Anne Cappellesso.
Réalisation : Ronan Loup.
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