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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au dos de la défunte collection 16/22 chez Dargaud, ce texte était noté sur les BD de Bob Morane : « peu de personnages de la bande dessinée, en définitive, sont issus du roman (…) C'est que leurs créateurs, gens de lettres, devaient trouver dans chaque cas le ou les dessinateurs pouvant assimiler, traduire et développer en image ce qu'un père spirituel avait au départ décrit… »
Initialement donc, Bob Morane est paru en roman dès 1953, et en bande dessinée dans Femme Actuelle à partir de 1959 sous les traits de Dino Attanasio. Après lui, Gerald Forton puis William Vance emmèneront le personnage au summum, et aujourd'hui, c'est à Christophe Bec, Corbeyran et Paolo Grella que revient la lourde tâche de reprendre le flambeau. Alors, qu'en est-il de cette nouvelle BD ?
J'avais personnellement décroché de la série depuis plusieurs années. le dernier dessinateur en date, Coria, a certes été un des plus productifs pour Bob Morane, mais, si je lui laisse le mérite de décors toujours superbes, j'ai toujours eu beaucoup de mal avec ses personnages très figés et pour la plupart affligés d'un strabisme certain. Bob Morane en BD s'étiolait lentement en parutions molles. J'avais attendu la première reprise, intitulée Renaissance, avec espoir, mais je n'ai jamais adhéré au parti pris de l'équipe. Histoire trop moderne, aspect du personnage principal à mille lieues de ce qu'avait créé Henri Vernes ? le sujet n'est pas là.
Un mot d'abord sur le contenant: en ayant obtenu l'autorisation des héritiers de William Vance de reproduire la police du nom, mais aussi les illustrations intérieures de couverture, la nouvelle équipe est bien dans une filiation tout autant assumée que rassurante. Avec les 100 démons de l'Ombre Jaune, ce n'est pas à proprement parler une histoire tirée d'un roman d'Henri Vernes à laquelle nous assistons, mais bien plus une adaptation. Bec, Corbeyran et Grella situent l'histoire en Indochine en 1954. Envoyés sur place en plein conflit pour enquêter sur le massacre de soldats français par d'étranges créatures, Bob Morane et son ami Bill Ballantine se retrouveront face à leur vieil ennemi l'Ombre jaune, alias Ming. Certains ont pu s'offusquer que la première rencontre de Bob Morane avec Ming, la couronne de Golconde, a été publiée en 1959, et de ce fait Morane n'aurait pu rencontrer son ennemi en 1954 en Indochine. Amusant, parce que ce n'est certes pas parce qu'un roman est paru une certaine année que l'action s'y déroule automatiquement, sinon, comment feraient tous les auteurs de romans historiques ou de polars à l'ancienne ? Je rappellerai aussi qu'Henri Vernes a souvent pris des libertés avec le temps pour certains personnages, n'hésitant pas à en rajeunir certains au fil des parutions. L'anachronisme, s'il devait être situé, serait sans doute plus sur le matériel utilisé par Ming dans le temple, ou l'explication des clones par le professeur. Pour les puristes, je rappellerai que le premier clonage de grenouille par Briggs et King date de 1952, et il faudra attendre le début des années 60 pour un clonage viable…
L'histoire, dense, peut-être un peu trop pour tenir sur un seul album (mais un diptyque aurait été plus risqué) alterne l'Aventure pure avec la SF. le dessin de Paolo Grella est superbe et à plusieurs reprises je me suis surpris à contempler une page simplement pour mieux l'apprécier. Si Bob Morane demeure assez fidèle aux traits de ses prédécesseurs, volontaire, presque trop sérieux, en revanche, Ballantine parait plus effacé, plus terne, en retrait de celui qui épaule naturellement Morane. Ses traits semblent plus liés à ceux de Follet qu'à ceux de Forton et Vance. Mention spéciale à l'Ombre Jaune, personnage inquiétant à souhait et cette fois bien plus proche des caractéristiques données par Henri Vernes. Comme William Vance n'a jamais hésité à le faire au cours de sa longue carrière, et c'est particulièrement vrai dans la série XIII, Paolo Grella s'inspire de l'acteur Yul Brynner, qui, avouons-le, aurait fait un très beau monsieur Ming. le résultat est impeccable. La bande dessinée est également plus violente que ce à quoi Vernes avait pu nous habituer dans ses romans, mais n'oublions pas qu'à la base les aventures de Bob Morane étaient destinées aux plus jeunes, même si de nos jours en raison d'une politique d'édition autant anarchique qu'anémique seuls quelques assidus nostalgiques ayant dépassé l'âge de l'enfance depuis belle lurette s'accroche encore au personnage. Ici, nous avons une oeuvre plus adulte, plus mature, dont le final lorgne cette fois du côté d'Alien avec sa créature. Cette bascule de genre peut indéniablement surprendre, comme le fait de voir disparaître Ming un peu vite à la fin. C'est peut-être le seul élément qui m'a un peu gêné. Assumer un héritage n'est jamais chose facile, mais le trio s'en tire plus qu'honorablement, et nous livre avec les 100 démons de l'Ombre Jaune un premier opus finalement assez bien maîtrisé. Il donne surtout envie de retrouver Bob Morane tel qu'il a pu être mis en avant à l'époque bénie des Marabout Junior et Pocket. Dans sa préface, Henri Vernes expliquait tout le bien qu'il pensait. Je crois aussi et surtout que Christophe Bec, Eric Corbeyran et Paolo Grella n'ont pas à rougir et que leur album aurait certainement été apprécié par le Maître Vance lui-même. Il ne nous reste qu'à patienter pour la sortie du second tome qu'on espère tout aussi passionnant.
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