Quoi qu'on puisse me dire des circonstances de la mort, le cadavre, lui ne ment pas.
J'ai l'impression d'enquêter sur ma propre mort, comme si ma vie antérieure s'était évaporée pendant mon absence et que je tente de reconstituer ce qui m'a tuée.
Lorsque je suis sa tante Kay, j'en arrive presque à demeurer indifférente à ce qu'est Lucy Farinelli, c'est à dire un génie légèrement sociopathe.
"Le FBI dévore ses enfants, et il m'a dévoré [...]"
A chaque pas qui nous rapproche de la mort de l'homme et de la disparition du chien dans le froid polaire, que je refuse désespérément , un sentiment d’urgence s'empare de moi. J e marche avec eux comme si je les menais la-bas, parce que je sais ce qui va se passer et qu'ils l'ignorent. Je voudrais les arrêter, les contraindre à rebrousser chemin.
-Je connais ton opinion sur les théories conspirationnistes, me lance Lucy. C'est la grande différence entre nous. Moi, j'ai été témoin de ce dont sont capables les pseudo-gentils.
-Moi aussi, te parler m'a manqué, mais maintenant je suis là et tu ne me dis rien !
-Bien sûr que si.
-Un de ses jours, je vais verser du penthotal dans ton verre et découvrir tout ce que tu ne m'a jamais raconté.
Nous tournons autour des secrets. Par moments, nous mentons. Au début, nous trompions même, Benton étant marié à une autre. Chacun de nous sait comment duper les autres.
-Je suis directrice, donc responsable. Au bout du compte, tous les dossiers d'autopsie du Massachusetts sont de mon ressort. J'ai donc quelque chose à voir là-dedans.
-Ce n'était pas là le sens de mes paroles. Ravi, toutefois, de te l'entendre dire.
.../...
Les pertes massives ne se cantonnent pas au théâtre des combats, encore que je ne sache plus très bien où se situent aujourd'hui les champs de bataille. Peut-être tout est-il devenu un champ de bataille, expliquerai-je à la télévision : nos maisons, nos églises, les avions de ligne, nos lieux de travail, de courses, de vacances...