« Les d'étaient dans le coup , nous pas, mais ils avaient des préjugés antédiluviens dont je découvrais l'existence . »
« Nous vivions là un privilège , une grâce que je ne pensais pas en ces termes mais dont toutes les fibres de mon être étaient sûres » ..
Les adolescents n'étaient pas écoutés, alors. » .
Quelques passages de ce récit autobiographique…
Mémoires d'une jeune fille des années 1960, L'auteure aurait pu utiliser ce titre pour son dernier livre .
Elle y conte l'idylle amicale , une sorte d'amitié platonique qu'elle a vécue avec une certaine Sybil D. qui se lézardera lors de leur adolescence….
Elle s'appelait Sybil , fillette aux longues et lourdes tresses brunes , durant plusieurs années , elle fut plus qu'une amie, un authentique amour , intense ,paisible , tout à fait confiant , « Une sécurité absolue nous baignant comme une mer chaude » .
Laurence et Sybil ont en commun l'amour des livres .
Les deux collégiennes vont à l'école et vivent au coeur d'une banlieue bourgeoise .
Dans la famille de la première règne la bonne humeur, la fantaisie , la confiance, un mélange savant d'austérité de l'époque, de douceur et de tradition .
Chez les D.la famille de Sybil : les ambitions et les apparences comptent beaucoup plus « Meilleur lycée, meilleur cours de tennis , meilleures marques de vêtements ……..meilleur dictionnaire de latin .Sybil eut le Gafiot , moi l'autre » .
L'auteure retrace ses années d'insouciance, d'adolescence, de bonheur , sa tendre amitié avec Sybil .
Pourtant leur éducation, leur famille devrait les séparer.
C'est justement l'entrée dans des lycées parisiens différents qui entraînera l'étiolement de leur amitié : éloignement, incompréhension, devant l'évolution de l'autre , inévitable et douloureuse séparation,.
Sybil est triomphante , brillante , séductrice , d'une grande beauté.
Laurence est plutôt effacée .
Bientôt Sybil sera consumée, accablée , sans se l'avouer bien sûr . Elle est belle et brillante mais comme empêtrée dans les fameuses ambitions de son éducation bourgeoise .
Bientôt mariées et jeunes mères , elles finissent par ne plus se donner de nouvelles . Laurence, son amie vit l'éloignement entre elles comme une blessure béante jusqu'à la fatale nouvelle.
C'était il y a très longtemps mais Laurence a su dès ce moment « qu'elle écrirait sur elle » .
C'est un récit de jeunesse , subtil et fin, pétri d'observations justes et délicates , lui succède l'enquête douloureuse sur
Le-secret de Sybil dont la flamboyante énergie semble s'être muée en un mal , une force délétère, dans les dernières années de sa vie, elle s'était fâchée avec toutes ses amies .
On découvre enfin ce qui la perdit …
Ce que l'on retient surtout de ce très beau livre c'est le sentiment poignant de l'inconsolable chagrin qui habite Laurence : mélancolie , regrets , l'humour n'est pas absent de cette profonde nostalgie .
Un texte délicat , la plume de l'autrice , ses mots judicieusement choisis , ajoutent un immense respect , une dignité , authenticité quant à la pureté de cette tendre amitié .
Un ouvrage tout en retenue , sobre , doux , sensible , généreux , douloureux , dans la dernière partie …
Grâce , ironie , infinie élégance , tendresse , humilité , sincérité, touchent au coeur de ce vibrant hommage à l'amie disparue .
Poignant , profond , authentique !
J'ai beaucoup aimé.
Je ne regrette pas de l'avoir acheté , connaissant l'auteure depuis longtemps.
« Et la lecture était mon élément , m'a société d'élection, mon champ d'exploration , mon repos , mon délice, l'océan des romans , si proche et si vaste , toujours renouvelé . Que me faut - il encore ? » Je ne sais pas de qui je tenais cette phrase , de quel livre ? on la trouve chez
Fénelon dans une prière » .