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Citations sur Nuit sur la neige (43)

" Quelle étrange substance, la mémoire , fluide et fuyante à la manière du mercure, avec des éléments plus solides que le silex.
La précision de certains souvenirs ....
Il y a des phrases entières que j'entends comme si c'était hier qu'elles m'avaient cloué sur place...
Je suis sûr d'elles au mot près....
Des expressions sur le visage, glaçantes , des gestes ,d'énormes trous , des cratères ......
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Des histoires me revenaient. On disait que les jeunes malades de la tuberculose lisaient jour et nuit, dans les sanatoriums, et que, quand ils mouraient, leur parents y laissaient leurs livres "pour les autres", ceux qui n'étaient pas encore morts. (Mais peut-être était-ce en réalité par terreur de la contagion.) Si bien que les bibliothèques débordaient dans ces maisons de soins.
(p. 93)
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Les autorités (suisses) ont fermé les frontières aux Juifs, qu'elles ne considéraient pas comme des réfugiés, fussent-ils menacés de mort. Ceci dès l'été 1938, et encore plus rigoureusement à partir d'août 1942, quand le Reich allemand est passé d'une politique de persécutions antisémites à une pure et simple extermination.
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Quelle étrange substance, la mémoire, fluide et fuyante comme le mercure, avec des éléments plus solides que le silex.
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J’étais né en 1918. Des milliers de garçons, comme moi, avaient reçu cette année là le prénom du mort à qui ils devaient la vie.
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Nous avions presque tous des visages indéterminés d’adolescents non dégrossis. Conrad était le seul dont les traits avaient l’air taillés dans du bois - je n'aurais pas su dire s’ils étaient beaux ou non.
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Nous montions entre les sapins, des flocons plein les yeux, dans le froid, l'humidité, le silence. Pour la première fois de ma vie, je comprenais ce que veut dire mettre un pied devant l'autre en n'ayant que cela en tête. Sans le bruit du torrent, je ne suis pas sûr que j'aurais distingué les gorges.
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Quelle étrange substance, la mémoire, fluide et fuyante à la manière du mercure, avec des éléments plus solides que le silex. La précision de certains souvenirs... Il y a des phrases entières que j'entends comme si c'était hier qu'elles m'avaient clouées sur place. Je suis sûr d'elles au mot près. Des expressions sur un visage, glaçantes, des gestes. Et il y a d'énormes trous, des cratères où ont disparus des mois entiers avec les lieux qui leur servaient de cadre, des quantités de gens — sans doute les moments heureux et les personnes inoffensives ; car les plages paisibles s'enfoncent dans l'oubli quand les heures atroces ne perdent rien de leur tranchant, quel que soit le nombre de décennies qui nous en séparent, ou sont supposées nous en séparer. Et dans les heures atroces, je compte pour ma part les quelques instants de joie folle dont j'ai eu conscience en les vivant qu'ils étaient fulgurants et qu'ils allaient s'éteindre aussi brutalement qu'ils m'avaient éblouis.
(p. 12)
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Quelle étrange substance, la mémoire, fluide et fuyante à la manière du mercure, avec des éléments plus solides que le silex. La précision de certains souvenirs… Il y a des phrases entières que j’entends comme si c’était hier qu’elles m’avaient cloué sur place. Je suis sûr d’elles au mot près. Des expressions sur un visage, glaçantes, des gestes. Et il y a d’énormes trous, des cratères où ont disparu des mois entiers avec les lieux qui leur servaient de cadre, des quantités de gens – sans doute les moments heureux et les personnes inoffensives ; car les plages paisibles s’enfoncent dans l’oubli quand les heures atroces ne perdent rien de leur tranchant, quel que soit le nombre des décennies qui nous en séparent, ou sont supposées nous en séparer. Et dans les heures atroces, je compte pour ma part les quelques instants de joie folle dont j’ai eu conscience en les vivant qu’ils étaient fulgurants et qu’ils allaient s’éteindre aussi brutalement qu’ils m’avaient ébloui.
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Il se tenait un peu à l’écart, sur la réserve, amusé. Je me souviens très bien du premier jour où je l’ai vu. La rentrée venait d’avoir lieu, nous élisions les délégués de classe. Quatre ou cinq d’entre nous tenaient visiblement à être élus et se présentaient à leur avantage. Ils savaient déjà ce qui manquerait aux élèves, les libertés dont la privation nous énerverait, ce qu’ils devraient demander et redemander aux jésuites : ils seraient fermes devant le préfet, ils ne craignaient personne. Je les vois encore, Brac, Duperrier, Moreau, Legay, dont j’apprenais les noms et qui devaient rester les plus en vue, les plus populaires de la classe.

Conrad les écoutait sans rien dire. C’était le genre de garçon dont je me tenais loin. Je ne pouvais sympathiser qu’avec les doux. L’inquiétude faisait le fond de mon caractère et cela se voyait, me disaient les adultes qui me voulaient du bien et qui tâchaient de me convaincre qu’en m’appliquant à paraître plus assuré je le deviendrais.

Nous avions presque tous des visages indéterminés d’adolescents non dégrossis. Conrad était le seul dont les traits avaient l’air taillés dans du bois – je n’aurais pas su dire s’ils étaient beaux ou non.
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