L’antisémitisme partout encouragé mais plus ou moins épars jusque-là s’organisait au plan national. Il était maintenant inscrit dans la loi. Les privations de droits, les interdictions d’exercer plusieurs professions, les révocations de fonctionnaires et beaucoup d’autres discriminations à l’endroit des Juifs étaient prescrites et codifiées.
À l’époque, quand j’étais gosse, je pensais que les adultes n’avaient peur de rien, et ça me rassurait. Or voilà que j’étais allongé, paniqué, dans notre lit qui était devenu mon lit. Le silence, qui phagocyte tout, s’attaquait à présent à moi.
Je ne pouvais sympathiser qu’avec les doux. L’inquiétude faisait le fond de mon caractère et cela se voyait, me disaient les adultes qui me voulaient du bien et qui tâchaient de me convaincre qu’en m’appliquant à paraître plus assuré je le deviendrais.