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sur 879 notes
Il sait ce que lui a appris sa mère, marcher longtemps jusqu'au point de rendez-vous, là où l'attend ce que seul lui peut résoudre, puisqu'elle ne l'accompagnera pas, pas cette fois ; il fera ses preuves. Alors il marche et traverse les forêts, les clairières et les ombres, il progresse jusqu'au village entre deux monts et un pont où patiente un enfant fiévreux veillé par un monstre.
Des remèdes aux coins de ses phalanges, le silence et l'écoute, il entend. Chuchotements ou cris, pensées inavouables, empreintes et blessures de la chair ou du bois, il voit et ressent. Que lui dit-elle cette langue des choses cachées ?
Nos pas sont dans ses traces, nos oreilles à l'affut, nos yeux dans les siens. On le guette, on l'observe et la lecture se vit. On est ici, au pied du lit d'un enfant puis d'une femme, on croise un regard vert, une colère douloureuse et nos poils se hérissent. le livre est viscéral, les pages se tournent, la bile tient aux lèvres. Et puis, il y a les mots accrochés au poème, les mots de l'autrice gavés d'une sombre poésie que l'on dévore encore et encore. Une heure et tout s'absorbe. Puis reste.

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J'ai clairement aimé l'ambiance du livre de Cécile Coulon. du mystère, voilà ce qui a porté ma lecture de page en page. Cela ne ressemble à rien d'autre. La langue des choses cachées, c'est aussi le sens des mots couchés sur le papier. Un ensemble qui fait sens et des extraits qui ne suffiraient pas. Une lecture qui est du domaine du sensible. Un texte qui m'a touché et que je n'explique pas. Mystère.
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Au crépuscule d'une humanité qui se bande les yeux depuis la nuit des temps, seuls des êtres éclairés peuvent entendre la souffrance du monde et percevoir les choses cachées. Pour eux, le silence est d'une violence assourdissante…

Dans ce récit au temps suspendu, un fils chemine dans les méandres des âmes et des corps déchirés, guidé
par l'empreinte de sa mère jusqu'au Fond du Puits, véritable microcosme oppressant. le passé sera autant de fantômes l'assaillant remettant en cause les actions et les convictions de sa mère. Appelé pour guérir et apaiser, son affranchissement sera brutal et sans appel ne laissant aucun espoir à l'humanité.

Cécile Coulon distille avec talent une atmosphère inquiétante et étouffante. le fond du Puits fut littéralement le fond du gouffre pour moi qui espérait une pointe de magie et de lumière avec la présence d'un guérisseur. Malgré la qualité de l'écriture, la fin est à mon sens d'une violence extrême. Nous sommes seuls à décider de ne faire écho à la noirceur du monde.
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Un très beau roman de Cécile Coulon, porté par une très belle écriture, qui m'a davantage plu qu'une Bête au paradis que j'avais lu précédemment, sûrement parce que celui-ci est plus universel. Ce roman n'est presque pas situable, localisable : seuls quelques indices suggèrent le XX ème ou le XXI ème siècle, ainsi qu'une campagne reculée. Même l'espace et le temps sont "des choses cachées". le village a bien un nom, "le Fond du puits". le fond du puits, c'est ce qui est noir, humide, sans fin aussi, l'endroit parfait pour dissimuler quelque chose au regard, le tenir "caché" à nouveau. Et j'ai pensé à la très belle chanson d'Anne Sylvestre "L'enfant qui dort au fond du puits", où le puits est une métaphore, voire une métonymie, des douleurs du passage à l'âge adulte.
Pour ajouter à ce mystère qui ne sera jamais entièrement révélé, les personnages également n'ont pas de nom, comme s'ils n'avaient pas d'identité. "La Mère" dont il est beaucoup question et qu'on ne voit pas symbolise toutes ces guérisseuses, ces sorcières, ces sages-femmes, chamans, qui ont toujours été au service des autres dans l'histoire, même la plus reculée, même lorsqu'il n'y avait pas encore d'histoire comme l'a vu "le Fils". "Le Fils", lui, pourrait être tous les fils qui voient leur mère vieillir et doivent devenir adulte pour lui succéder ; le père qui pleure le chevet de son enfant pourrait être n'importe quel père, n'importe où et n'importe quand. Et, surtout, surtout, les femmes qui souffrent par les hommes et à cause d'eux pourraient être toutes les femmes et n'importe laquelle.
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Cécile Coulon a sa place, à part, dans la littérature française contemporaine, par sa langue et par ses intrigues, singulières et fascinantes. La langue des choses cachées doit se lire d'un seul souffle, pour en capter l'étrange et intemporelle atmosphère mais aussi, peut-être, pour éviter d'en voir les coutures et ses divers ingrédients, assemblés pour subjuguer et prendre dans ses rets, tout en laissant infuser ses leçons morales. le livre, qui est un conte, de la taille d'une novella, sait où il va et vise à nous surprendre, éventuellement à nous choquer et à évoquer par des non-dits assourdissants, des choses cachées et surtout monstrueuses, à travers un témoin et passeur, au pouvoir de guérir ou de martyriser les êtres, pas tout à fait démiurge, mais pas loin. L'intérêt de ce caractère central, désigné comme le "fils" dans le roman, réside dans son caractère d'apprenti, de sorcier pas encore fini, car jeune et à peine sorti des jupes de la "mère", qui fut toute-puissante, redoutée et à l'occasion, sans pitié. Mais le propos de Cécile Coulon n'est pas d'approfondir la psychologie de son héros en construction, elle n'en a pas le temps sur une aussi courte distance, mais de nous confronter à la violence séculaire des hommes envers les femmes, cette atroce relation de maître à esclave, qui s'effrite enfin, et dont l'évolution tient aussi à la prise de conscience d'une nouvelle génération d'hommes dont le "fils" représente bien évidemment le symbole. Un sujet dans l'air du temps, donc, qui ne se camoufle pas mais s'exprime, avec une virtuosité indéniable, en un récit qui évolue entre réalisme magique, fantastique et horreur. Même si l'on a préféré certains des livres précédents de Cécile Coulon, moins agressifs et dont les messages n'étaient pas aussi lisibles malgré la brume de leur mise en scène, La langue des choses cachées (qui se situe très loin du sublime L'homme qui savait la langue des serpents d'Andrus Kivirhäk), par son sinueux cheminement et son style raffiné, passionne le temps de sa lecture même si sa trace restera peut-être moins marquée que les romans de l'autrice qui l'ont précédé.
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La mère, habituée à intervenir pour réparer, soigner des gens que la médecine, soit à cause des déserts médicaux, soit par incapacité à les guérir est vieillissante et fatiguée. Elle transfert ses pouvoirs à son fils qui répond désormais aux appels de détresse destinés à sa mère. Il se rend au « fond du puits », un hameau hanté de drames et de secrets. La plume brillante de l'autrice avec une grande force poétique et évocatrice nous révèle la violence et la noirceur du coeur de hommes. Un roman court, une écriture puissante et inspirée (Cécile Coulon aurait-elle un peu fumé la moquette avant de l'écrire?) qui saisit le lecteur aux tripes. Impressionnant !
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J'aime beaucoup Cécile Coulon et je pense notamment à "Une bête au paradis" qui me l'a faite découvrir.
Alors que certains se sont longuement exprimés sur "La langue des choses cachées", voilà pour ma part un livre dont j'ai du mal à parler.

Tout d'abord, je n'ai pas lu un roman, j'ai lu un conte.
Oui, pour moi il s'agit d'un conte et la scène finale, empreinte de surnaturel, me conforte dans ce sentiment.
Il y règne une ambiance un peu moyenâgeuse et mystérieuse qui me plaît.

Alors que je suis plutôt rationnelle et que je sors donc de ma zone de confort, j'ai aimé ma lecture et je me suis laissée emporter par cette écriture poétique particulièrement développée dans ce livre.

De ce conte assez court, je verrais bien un roman un peu plus volumineux, il y a matière.

En attendant, je vous invite à découvrir cette belle lecture à l'écriture tout en finesse.
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Ma première découverte de la plume de Cécile Coulon… et surement pas la dernière. Dans ce court roman, nous plongeons dans une ambiance onirique, mystérieuse et intrigante. Nous suivons le cheminement d'un fils qui reprend le travail de sa mère. Alors qu'il se rend dans un petit village au fond d'une vallée, il se souvient de sa formation, des conseils de sa mère… Et puis le voilà seul face aux gens qu'il est venu aidé. Entre les règles à respecter et suivre son instinct, le jeune homme devra faire un choix…
Nous somme dans une histoire hors du temps et intemporelle. L'histoire pourrait avoir lieu il y a plusieurs siècles ou aujourd'hui. On est portée par les mots et la poésie par Cécile Coulon. Une très belle lecture. On rentre dans l'histoire dès les premiers mots et on ne ressort qu'à la fin. Une lecture quasiment en apnée. Les mots de l'autrice sont puissants, ils sont choisis avec soins. Un livre qui marque…
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J'arrive après 72 bonnes critiques toutes très intéressantes; j'ai lu aussi celles à une seule étoile!
J'aime bien Cécile Coulon que je rencontre une à deux fois par an: à Brive ou à Lambersart (Au temps lire, merveilleuse librairie) J'aime ses livres mais je n'ai pas encore lu ses recueils de poésie.
Ici, c'est un conte, plutôt noir et mystérieux. La Mère a transmis ses pouvoirs à son fils: elle connait La langue des choses cachées, lui aussi. Elle l'envoie en mission et il se permet quelques dérogations aux règles et cela va lui faire découvrir ce que sa mère ne lui a pas dit à savoir une intervention plutôt déplorable.
Bien que le temps ait passé, je me demande pourquoi on fait encore appel à elle; le fils est accueilli avec méfiance: la Mère n'aurait pas fait comme çà; pourquoi le fils se détourne -t-il de sa mission : guérir un enfant malade pour suivre un gamin qui l'amène sur le lieu du crime.
J'ai apprécié l'ambiance assez glaçante de ce livre et comme d'habitude l'écriture de l'autrice.
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Heureusement que "La langue des choses cachées" est un roman court car l'atmosphère y est si sombre qu'il me serait difficile de tenir longtemps...sombre et glauque, Cécile Coulon examine la face sombre de l 'humanité, un paysage austère avec des personnages ignobles... belle écriture, un style particulier chaque mot est pesé..
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