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3,73

sur 880 notes
Pour moi, ça ne passe pas. C'est une paresse d'écrivain. On part de l'idée qu'on veut donner des choses, pour se complaire dans un grand bain d'impressions. On recycle des traces anciennes, pour une bouillie qui flatte ceux que cet univers d'impressions fait vibrer. Je rappelle que je fais partie de ceux qui vibrent ainsi. Mais ici, je n'ai rien au bout du 'conte' qui me permette de réalimenter une vision des mondes cachés.
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Étrange roman hypnotique.
Un fils arrive dans un village éloigné de tout. Il a pris la relève de sa mère. Un prêtre l'accueille pour le conduire auprès d'un enfant.
Auprès de l'enfant, une barbe bleue.
Et se construit alors le récit initiatique de ce fils qui comprend qu'il est seul et que seul il affrontera la vérité des lieux.

C'est un roman étrange parce que le lecteur sait au fond de lui ce qui se joue mais qu'il veut des confirmations, comme le fils.
C'est hypnotique parce que la langue tisse une trame autour de nous et nous lie au récit. le souffle est suspendu. Nos sens en alerte, nous avançons sur la pointe des pieds pour découvrir ce qui se cache dans les ténèbres.
L'humanité fragile face à la vaste certitude qu'il n'y a parfois rien à faire. Alors on se soumet à @La langue des choses cachées.
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Guérisseurs- violence- secrets- non dits

Un roman puissant, sombre, violent, mystérieux.
La passation du "don" de guérisseur de la mère au fils puisque la mère est trop âgée pour aller au village guérir un enfant malade. Tout se passe sur une nuit, l'ambiance est lourde, pesante. Quels sont les évènements passés qui terrassent ce village? Comment le fils va gérer cela ?
Tout est brutal, souffrance, malheur des femmes, les secrets d'un village, des non-dits.
Une écriture sublime, dès les premières page on est hypnotisé.
Mystérieux.
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Il sort aujourd'hui en librairie ! Une soigneuse, connue pour prendre la suite des médecins quand la science a rendu les armes, est appelée à Fond du puits pour veiller sur un jeune garçon. Mais il est temps pour elle de passer le flambeau. Son fils, formé des années durant et destiné à lui succéder, se met en route à sa place, vers cette ville de campagne engoncée entre deux collines basses. Arrivé à destination, amené par le prêtre au chevet du malade, le fils est saisi par l'histoire de la ville et de ses habitants. À travers la langue des choses cachées, une capacité qui, tel un pouvoir magique, permet d'entendre l'indicible, de lire entre les lignes et de voir l'invisible, il ressent la tristesse et les souffrances. Des événements difficiles ont eu lieu au Fond du puits. Des femmes ont été meurtries dans leur chair. Au coeur de ce passé douloureux, le fils identifie deux figures responsables d'un drame intime : le père de l'enfant malade et sa propre mère, déjà venue par deux fois dans le village pour y exercer sa magie.

Si le nouveau roman de Cécile Coulon, se déroule de nos jours, il prend place dans un endroit hors du monde et hors du temps, un lieu où le présent n'est jamais advenu. Fond du puits n'est pas entrée dans la modernité. Il y règne encore les croyances de l'Ancien monde et l'impression tenace d'être enchevêtrée à une terre qu'on ne peut pas fuir. Terre inconnue et hostile, ce village développe chez le lecteur un sentiment d'étrangeté, tout en lui rappelant qu'il ne s'agit pas d'un lieu fantasque, mais bien d'un petit bourg ancré dans la réalité et dans le territoire national. Grâce à cette fondation, Cécile Coulon peut déployer un récit fantastique dans la forme, mais parfaitement contemporain dans ses questionnements de fond, sans recourir aux métaphores ou à l'illustration. Dans une ambiance lugubre à souhait, La Langue des choses cachées se confronte frontalement aux violences contre les femmes, aux non-dits et à la résilience imposée de force aux victimes.

Tout y est intense, bref et terrible. Prenant le contrepied des grandes fresques qui multiplient les scènes mais limitent le langage, Cécile Coulon opte pour un récit resserré, portée par une langue qui ne cesse de se déplier, laissant supposer en sous-texte que la langue des choses cachées est aussi celle qui permet par la puissance du verbe de se substituer au déploiement narratif. Ce format offre au roman la possibilité de glisser vers le conte, le récit mystique, quasi religieux, qui oscille entre atmosphères funestes – on pense à l'approche horrifique de Mariana Enriquez – et poésie sensible, à la fois farouche et réconfortante, à l'image du personnage de la mère.

Lorsqu'un jeune enfant décède, les hommes d'Église, soucieux de rasséréner parents et famille, sans pouvoir se dresser face à l'injustice, disent qu'il y a deux moyens de percevoir de telles tragédies : conclure à l'absurdité de l'existence ou croire dans les mystères de la vie, hors de portée de la pensée humaine. La Langue des choses cachées met en scène cette dualité entre l'absurdité et le mystère. La mère et le fils cherchent à rétablir l'équilibre. Ils accompagnent le mystère et donnent aux événements un sens que les mortels ne peuvent pas discerner. Et en même temps, ils sont eux-mêmes le jouet de l'absurdité, condamné à prendre des décisions iniques pour compenser ou réparer la folie des hommes.

Voilà ce que nous dit le magnifique La Langue des choses cachées : même celles et ceux qui ordonnent le mystère se font dévorer par l'absurdité du monde. Un texte unique et une somptueuse réussite, à mi-chemin entre la réalité et le domaine des forces occultes.
Lien : https://www.playlistsociety...
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Prologue et épilogue encadrent une fiction qui fonctionne comme un conte en soulignant sa portée morale et philosophique.
Dans un lieu et un temps indéterminés, la Mère a appris au Fils la langue des choses cachées. Vieillissante, elle l'envoie seul au chevet d'un enfant mourant, dans le hameau le Fond du Puits.
Là le fils entend les voix du passé, les cris des femmes étouffés des générations précédentes, la violence du père. Il reconstitue ce qu'a fait la Mère il y a 20 ans pour effacer les conséquences immédiates de cette violence et va modifier le cours des choses. Son action est alors semblable à la mort qui semble agir aveuglément mais rétablit un autre équilibre.
De courts chapitres d'une prose poétique parfois incantatoire qui dénoncent toutes les turpitudes de la condition humaine et le poids du silence.
L'écrivaine se doit de mettre en mots les choses cachées. Merci Cécile Coulon.
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La nuit encore, la nuit toujours. Dans le Fond du Puits, il semble peu probable que ses rayons réussissent à percer la poix, la noirceur. Non celle de la nuit mais plus ténébreuse encore, celle que renferment les hommes qui y vivent, bien qu'humains, ils ne méritent pas tous d'être nommés ainsi. Eux qui vivent là où les rêves finissent échoués sur un banc de sable, telle une baleine à l'agonie.

Le fils de la guérisseuse la voit, il ne voit que ça. Non avec ses yeux mais avec son corps. Sa mère lui a appris à voir, au-delà du visible, ce qui est, ce qui fut, ce qu'aucun autre ne sait observer.
L'homme aux épaules rouge a tant détruit, tant souillé ces femmes, méprisant leur féminité, méprisant la vie.
Les forces et les saccages du passé agissent malheureusement également sur le présent, rien ne peut les étouffer, aucun placard se saurait étouffer les cris antérieurs à celui qui entend la langue des choses cachées, celle qui répare, celle qui brise, celle qui enflamme tout, celle qui suit son propre plan.

Ce qui n'est pas dit est plus terrible encore que ce qui est évoqué.
Un récit flamboyant, lu en apnée, d'une traite, comme hypnotisé par le feu dans ce qu'il a de plus beau et de plus terrible. L'écriture de Cécile Coulon sait où frapper, et elle frappe fort et vise juste, en plein coeur brisé.
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De Cécile Coulon j'ai déjà lu (et bien aimé) Une bête au paradis et Seule en sa demeure.
Troisième titre donc : La langue des choses cachées.
Un titre prometteur…

Et une fois de plus, Cécile Coulon nous embarque dans son univers.
Un village.
Un enfant malade. Un père aimant mais malfaisant.
Sous un autre toit, une femme alitée, en train de se consumer. de quel mal secret souffre-t-elle ?
Cette fois la guérisseuse attitrée, « la mère », ne peut pas se déplacer ; c'est « le fils »qui accompagne le prêtre.
Personne n'est nommé. La mère, le fils, le prêtre, l'enfant, le père, la femme,…
Tous évoluent la nuit, éclairés par la lune ou la flamme vacillante d'une bougie.
Les tenants et les aboutissants de cette histoire sont aussi obscurs que les ruelles désertes et les pièces au mobilier sommaire.

Le texte est court, l'écriture (sombrement) poétique et rythmée, presque « habitée », les dialogues emplis de silence.
Pour moi cela n'a pas « fonctionné »...
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Un fils arrive dans un village perdu dans les collines à la place de sa mère. Il ignore ce qu'il s'est passé ici mais il sent les choses, ces choses cachées. Il ne peut pas changer le passé mais, contrairement à sa mère, il choisit de se laisser toucher par la souffrance des femmes, la brutalité des hommes, la beauté aveuglante des enfants. Il va où on l'emmène, il ne devrait pas mais il ne peut pas rester insensible au malheur qui exsude de ce village.

La langue est belle et envoûtante, on sent la poétesse derrière l'autrice. le texte est contemplatif mais certainement pas passif, il transmet des messages sur notre société, sur l'idée de justice et la manière dont elle s'exerce, sur la capacité des hommes à s'en tirer un peu trop facilement souvent. Je me suis sentie extérieure à cette histoire, malgré la superbe prose, malgré la violence de certains passages. C'est une lecture dérangeante qui nous renvoie à ce qu'on tente, maladroitement, de laisser caché - c'est probablement pour ça que je ne l'ai pas laissée m'emporter.
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Parlez vous la langue des choses cachées ?

Il existe sur la Terre, des êtres susceptibles de voir, d'entendre, de percevoir l'indicible.
La Mère, tous la connaisse. Elle prend de multiples apparences. Mais on la reconnait de loin. Elle guérit l'invisible. Elle soigne les maux. Elle connait les remèdes. Elle parle la langue des choses cachées. Inlassablement, chaque jour, elle transmet son savoir à son Fils. Pour qu'il puisse à son tour arpenter la Terre et réparer les autres.

La langue des choses cachées recèle un trésor.
Un conte puissant qui se lie d'une traite, brutalement, comme si notre sort en dépendait.
Un roman qui fleurte avec le fantastique et l'invisible.
Un livre que le lecteur fixe, des tournures poignantes, presque animales qu'il ancre au fil des pages.
La langue des choses cachées, une langue que beaucoup devrait parler, pour éclairer la noirceur humaine.
Une frêle luminosité qui persiste, qui rejette le chaos.

Merci Cécile Coulon pour ce roman d'une puissance vertigineuse.
Je l'ai refermé, à contrecoeur, mes émotions sans dessus dessous, comme si la fièvre m'avait prise. Ma première pensée : "J'aurai voulu l'écrire".
Le talent ne requiert pas forcément d'écrire des pages et des pages : Il suffit seulement de conter l'indicible.
Bravo !

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Nouveauté de cet hiver 2024, je renoue avec Cécile Coulon que j'avais déjà lu et aimé avec Une bête au Paradis. La langue des choses cachées est un titre qui me plaît bien et une couverture tout autant séduisante. Alors j'en profite.

Avec ce roman, je retrouve son univers, cette ruralité brute faite de personnes écorchées par la vie comme par les autres, fatiguées par une forme d'isolement où la promiscuité noue les drames intime du quotidien et cache l'indicible dans une entre-soi nauséeux. La langue de Cécile Coulon, en poétesse accomplie s'accorde à la grâce de cette simplicité et rend parfaitement le malaise du vice latent.

La langue des choses cachées est de ces contes noirs et magnifiques qui remuent, qui prends les tripes pour les mettre sur une table de bois lardées des blessures salies de sa fonction. Cécile Coulon remue la boue et nous éclabousse de sa prose nerveuse et impudique.

J'ai aimé cette intrigue simple, cette touche de magie, ses personnages comme autant d'archétypes à déboulonner. J'ai aimé être écoeuré. J'ai aimé souffrir. J'ai aimé vivre ce roman et pour ça, merci.
Lien : http://livrepoche.fr/la-lang..
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