Le Coeur du pélican

Livre lu à sa sortie; j'en garde un souvenir mitigé...

Anthime est un garçon exemplaire, un athlète prometteur, un idéal de réussite pour tous jusqu'à sa chute et son déclin dans une vie de couple ratée. Enfant trop sage sans doute, mais la violence retenue par des années de frustrations va se retourner contre lui, contre les autres.
Roman étonnant qui rend compte de l'ambiguïté des comportements humains dans une langue juste et sans concession.

En préambule, respect pour cette jeune femme qui n'a pas encore trente ans et qui a déjà plusieurs romans à son actif!
Concernant ce roman, je ne peux pas dire que j'ai été enthousiasmé. Les critiques dithyrambiques ou assassines me laissent toujours un peu perplexes. Quand Augustin Trapenard qualifie ce roman "d'absolument magnifique", je trouve qu'il exagère... je préfère François Busnuel qui parle d'un roman "vif et dense".
Cécile Coulon a du style. Elle écrit bien, parfois même un peu "trop" bien. Il me semble que son écriture gagnerait à aller à l'essentiel : plus de simplicité, plus de concision... mais bon, ça n'engage que moi et rien ne m'autorise à lui donner des leçons d'écriture!
Elle brosse le portrait d'un jeune homme qui avait tout pour devenir un coureur de haut niveau mais qui n'a pas su surmonter l'échec et les blessures physiques, se vautrant dès lors dans une vie de" beauf". Vingt ans plus tard, il tente un come-back pour prouver des choses à son entourage et à lui-même.
L'histoire est racontée à travers le filtre de trois femmes qui ont influencé sa vie : sa femme, sa soeur et son amour de jeunesse.

Soyons clair, ce billet n'est pas facile à écrire… C'est un coup de coeur et je ne sais pas comment vous en parler.

Anthime est tout d'abord un jeune garçon discret qui vit avec sa soeur et ses parents dans une banlieue assez uniforme et sclérosée. Il devient un prodige de l'athlétisme et puis se blesse et arrête tout, coupe avec sa vie d'avant, abandonne ses rêves et ses désirs. Il rentre dans le moule -celui qu'il avait voulu fuir par le sport – se marie sans amour, habite dans une maison qui pourrait être une maison témoin comme tant d'autres et fait un travail sans passion. Une vie qui l'étouffe sans qu'il s'en rende compte.

Et puis le jour où il réalise qu'il est passé à côté de sa vie, qu'il en est même extérieur, qu'il est devenu un homme informe et sans substance, il se remet au sport, comme un clandestin et il redevient lui-même -le « pélican » de sa jeunesse. Il se met à courir à travers la France pour fuir, pour se chercher et même s'il se perd en route c'est pour mieux se connaître finalement.

J'avais noté ce titre dans ma LAL car j'avais lu qu'il s'agissait d'un roman sur la course à pied et ça m'intéresse mais je dois dire que j'ai été « cueillie » par ce roman car pour moi ce n'est pas un roman sur le sport mais sur plein d'autre chose : le couple, la routine, sur la frustration. le sport est bien sûr très présent mais il est déclencheur autant que le remède à toute la grisaille décrite dans cette histoire.

Je ne veux pas vous faire peur en le présentant comme ça mais ce roman est dur car il bouscule une sorte de normalité triste et il met en scène des personnages assez peu sympathiques. Que ce soit Anthime qui par fierté se laisse couler dans le moule ou sa femme qui l'a façonné dans une normalité factice ou sa soeur qui se rassure de son influence sur lui… Ils ont tous des torts et se font tous du mal.

J'ai été bluffée par ce roman qui est tout sauf un roman feel good. J'ai été particulièrement frappée de savoir que son auteur est une toute jeune femme (je crois qu'elle avait 25 au moment de l'écriture du « coeur du pélican ») et pourtant elle a parfaitement cerné l'humanité ordinaire avec ses petits et grands travers, ses hypocrisies, ses manoeuvres et ses arrangements avec le quotidien. Ce roman est d'une terrible maturité.

Et puis, il y a aussi le style : c'est une écriture forte à la fois rude, rocailleuse et presque poétique en même temps. C'est rythmé et percutant ! Je sais que je lirai d'autres romans de cette auteur !

(Des extraits sur mon blog)
Lien : http://ennalit.canalblog.com..

Une écriture très contemporaine, qui sait passer de l'humour à la noirceur.
L'histoire me paraît assez surfaite, et on peine à y croire... L'auteure décrit le parcours d'un sportif de haut niveau, de sa naissance, en passant par sa gloire jusqu'à sa déchéance.
Le livre se veut clairement au plus proche des émotions, sans intellectualisation de son propos, dans une veine littéraire qui miserait tout sur la construction narrative. Au finale, la structure semble laborieuse, la fin sort de nulle part comme si le livre avait été bouclé et tout ce "travail" de la structure pour mettre en valeur l'histoire plombe le livre... rien ne semble naturel. Les émotions peinent à passer, mais on lit le livre jusqu'au bout, l'écriture nous maintenant éveillé à coup de comparaisons inventives et de tournures poétiques ou décalées.

Avant la lecture : conseillée par une amie. Je ne connais pas l'auteur.

Le livre en lui même : une édition de chez Viviane Hamy de 230 pages blanches et épaisses. La typo est joli, j'aime bien le remplissage des pages et les chapitres courts. La couverture ne présente pas d'intérêt, elle sans rapport avec le texte.
La quatrième et non seulement trop descriptive mais résume carrément 90% du roman.
Je n'apprécie pas les livres "trop serré" avec lequel je dois forcer sur la tranche pour le garder ouvert.

Pendant la lecture : un thème alléchant, des personnages accomplis. L'alternance des chapitres et des voix qui les occupent montre des facettes différentes de cette même histoire. Sauf dans la dernière partie du livre où l'on ne suit plus que le protagoniste principal, j'aurais apprécié le point de vue de la soeur.
2 heures de lecture.

Après le livre : un moment sympathique, j'a eu l'impression de terminer un autre livre que celui que j'ai commencé... Pas de réel dénouement sur les questions soulevées au début et pourtant c'est le dernier chapitre que j'ai adoré.
Donc des bonnes choses mais je trouve ce roman incomplet!

Les + : le thème
les - : la sensation d'inachevé.

juillet 2015

Voici un roman qui m'est littéralement tombé des mains.

Je me suis accrochée, pourtant, dans le premiers chapitres. Je les ai même lu avec un certain plaisir.

Mais quand je le refermai, je n'avais pas envie d'y retourner. Rien ne me passionnait vraiment.

J'ai donc continué en diagonale, puis plus du tout.

Lien : https://alexmotamots.wordpre..

Anthime est un adolescent prodige du 800m qui ne court que pour gagner. Adulé par les filles et envié par les garçons, il est la mascotte du lycée. Sa carrière d'athlète était toute tracée jusqu'à ce qu'une blessure à la jambe le fasse chuter lors d'une course de qualification. Dans sa chute, c'est tout son monde qui s'écroule.
Cécile Coulon nous décrit avec brio la vie bâclée de cet homme qui a failli être quelqu'un et qui ne tient qu'à prendre sa revanche en s'accrochant à ses souvenirs de gloire. L'histoire est racontée du point de vue des différents protagonistes donnant davantage de profondeur aux personnages.

C'est l'histoire d'un garçon, Anthime,qui a déménagé avec ses parents et sa soeur dans une petite ville. Il a un don :il court, il court très vite.Ce talent est découvert à l'adolescence. Il le portera toute sa vie comme sa croix. Il va sacrifier sa vie pour le regard des autres mais il perdra au change. A travers cette histoire, l'auteur fait une critique de la société y compris de la famille et du couple.

C'est donc le roman d'un jeune garçon en colère, puis résigné, puis de nouveau enragé 20 ans plus tard. Pourquoi cette colère ? le mal de vivre, la médiocrité de sa vie et de son entourage.

L'écriture est forte et sans concession. Il y a de belles analyses sur l'athlète, sa solitude, les espoirs du public devenus fardeau. C'est aussi une plongée profonde et crue sur la violence des sentiments nourrie par l'hypocrisie, le refoulement et les non-dits.

Le roman commence par un monologue, celui de Joanna. le ton est violent et rancunier. Elle nous parle de son mari disparu, Anthime, évanoui dans la nature. Ensuite, c'est un narrateur omniscient qui éclaire la vie de cette jeune femme, son enfance et surtout la rencontre avec la famille d'Anthime. Ce jeune garçon, sa soeur, Helena, et ses parents s'installent devant la maison de Joanna. Elle est tout de suite fascinée et son amour devient passionné. Anthime commence à faire parler de lui par ses capacités physiques. Il court, vite et bien. Il devient, grâce à un entraînement intensif, une vraie célébrité dans la ville, prenant le surnom de Pélican. Une faiblesse dans sa jambe stoppe immédiatement sa course, son désir de reconnaissance et la vie dont il rêvait. Nous découvrons ensuite sa vie monotone et pesante rongée par la frustration. Mais Anthime ne va-t-il pas prendre sa vie en mains?
Ce roman se compose de trois parties. Chacune s'ouvre par un monologue d'une des femmes de la vie d'Anthime (sa femme, sa soeur et son fantasme, l'amour de jeunesse) et se clôt par celle du protagoniste. Nous suivons son parcours, de son enfance prometteuse jusqu'à sa vie maritale médiocre. Tout au long du récit de destins croisés, une violence s'insinue. Elle s'exprime beaucoup plus directement avec les monologues. Cela agit comme des moments libérateurs car les personnages livrent enfin ce qu'ils ont en eux depuis longtemps. Cette violence, ce mépris, rappelle l'ambiance des cours d'école. Il semble que les personnages n'aient jamais quitté cette atmosphère.
L'écriture de Cécile Coulon est au plus près des personnages, de leur esprit et de leur corps. Il ne s'agit pas vraiment ici de sport car Anthime ne le pratique pas mais l'utilise pour briller. La mise en valeur du corps tant masculin que féminin devient un enjeu. Les descriptions du corps soit embelli et modelé par l'effort soit décrépi par le laisser-aller sont fascinantes. Chaque personnage demeure une icône pour son entourage, ce qui les enferme dans un rôle. Ce qui fonctionne dans ce roman est la capacité de l'auteure à dérouler le fil psychologique et pousser ses personnages au plus loin. La fin présente toutefois des embardées un peu déconcertantes avant d'installer une sérénité très émouvante. Cécile Coulon réussit à atteindre le coeur en perçant la superficialité de chacun des personnages.
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