Il faut préciser tout de suite que
Cécile Coulon est une passionnée de course à pied, de running (je crois que c'est comme cela qu'on le nomme), elle en parle très volontiers et l'on sent que chez elle c'est une véritable passion (comme pour beaucoup de pratiquants d'ailleurs).
Alors moi pas du tout..... je tiens à le dire tout de suite mais j'ai un coureur proche de moi et il a cette même addiction pour ce sport et je peux comprendre que, quelle que soit la passion, quand elle vous colle à la peau, on en parle, beaucoup, tout le temps, et on sent l'enthousiasme dans chaque évocation (là je veux parler de ma passion..... la lecture, les livres, les auteurs etc....)
Cécile Coulon y aborde les difficultés d'intégration dans une ville de province jusqu'au jour où vous avez la chance (mais est-ce une chance) d'être repéré pour une qualité qui vous distingue des autres (dans le cas présent la course à pied). Mais cette reconnaissance apporte-t-elle le bonheur ? Est-on plus aimé pour ce l'on représente pour ce que l'on est réellement ? Et quand le podium s'éloigne que devient-on ?
Ce "don" transforme-t-il l'élu, devient-il un autre, sûrement aux yeux des autres mais lui ? Comment résister à cette notoriété soudaine ? Faut-il l'accepter ou la fuir ? Comment la gérer ? Vous fait-elle grandir ou sombrer ?
Anthime, lui vivait dans l'ombre des autres et surtout de sa soeur. Grâce au sport il va être lui enfin, tout est possible, tout devient accessible, les murs s'effondrent, les barrières se lèventses rêves se réalisent.
La vie est cruelle et le jeune homme va le comprendre à ses dépens. Même encouragé, soutenu et encadré par Brice son coach, figure sportive locale de la ville qui va trouver à travers Anthime un peu de gloire et de reconnaissance, même si Joanna, la voisine éblouie par le garçon bien avant qu'il ne devienne célèbre le suivra quel que soit son statut et même si lui ne partage pas ses sentiments, même si Béatrice, la jeune fille qu'il aime et se révélera également amoureuse de lui, cela ne l'empêchera pas de mordre la poussière, de basculer dans l'anonymat voire la moquerie quand ses foulées ne le porteront plus sur les podiums.
Une chose est sûre, il ne suffit pas de savoir que quelqu'un ne reviendra pas pour cesser de l'attendre. (p11)
Comme le Pélican, symbole de son collège, il va se manger le coeur (mais aussi le cerveau) non pas pour nourrir ses petits, mais pour trouver un but à une existence morne et sans attrait, pour prouver qu'il peut redevenir celui qu'il a été et s'offrir une seconde chance.
J'ai eu plus de difficultés à m'imprégner de l'histoire et même à m'intéresser à ce récit. Peut-être la présence justement du sport, de la course à pied, dans laquelle Anthime va se révéler un performeur et qui pour moi reste un sujet étranger.
On retrouve tout ce qui fait la plume de
Cécile Coulon : une écriture incisive, vive, rythmée. J'ai eu parfois le sentiment que les phrases étaient calquées au rythme du souffle d'Anthime, de sa colère, de sa course, de sa fuite : fuite du quotidien, fuite de ce qu'il est devenu.
Elle jette, comme dans ses autres romans, un regard assez désabusé sur notre environnement. Elle a l'oeil acéré sur les humains, sur leurs façons d'agir, sur la rage qui peut les habiter, sur leurs frustrations qui peuvent bouleverser leurs vies. On ressent une colère qui sommeille, toujours présente, aux aguets, une vivacité, une énergie incroyable dans les mots.
Ce qui fait que j'aime malgré tout ses romans, c'est le fond, ce qui se cache sous le prétexte, qu'apportent finalement la gloire, la célébrité, peut-on s'en détacher ou deviennnent-elles des drogues dont on ne peut plus se passer, quitte à perdre tout sens des réalités, toute humanité, toute identité.
Elle n'hésite pas à donner la parole aux principaux personnages comment s'ils prenaient le relais, afin de partager avec le lecteur les moments clés du récit, s'expliquaient sur leurs actes, en de courts chapitres, comme une respiration entre deux foulées.
Pour moi trop d'ambiance sportive même si c'est l'argument du livre ce qui ne m'enpêche pas de reconnaître la maîtrise de l'auteure dans ce domaine que ce soit au niveau du physique que du mental.
C'est également un roman d'apprentissage : les rêves déçus, les désillusions, les débordements quand on ne veut plus voir ce qui nous entoure mais uniquement le but à atteindre mais aussi l'espoir, la motivation et la volonté qu'il faut parfois puiser dans le fond de soi, de son mental et de son physique pour parvenir à ses fins.
Le monde ne sera jamais assez vaste pour accueillir des hommes comme lui. le monde ne comprendra jamais que les grands hommes ne sont pas ceux qui gagnent, mais ceux qui n'abandonnent pas quand ils ont perdu. (p154)
Lien :
http://mumudanslebocage.word..