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sur 2074 notes

💖Survie au royaume des glaces.
« Puisse ce roman être une Porte d'entrée vers l'univers foisonnant du peuple inuit ». Que l'écrivaine se tranquillise son magnifique roman est , plus qu'une ouverture, une ode bouleversante, envoûtante et passionnante à « ce monde ancien toujours vivant ».
Cette immersion poétique chez les inuits est un véritable enchantement.
Ce livre atypique ponctué de chansons conte le voyage initiatique de Uqsuralik jeune fille inuite subitement séparée des siens alors que la banquise se brise l'éloignant de l'igloo familial.
Restée seule dans cette immensité glacée avec ses chiens et quelques objets que son père parvient à lui lancer in extremis elle organise courageusement sa survie. C'est le point de départ pour elle et le lecteur d'une errance ésotérique, spirituelle et multisensorielle où se mêlent animisme, chamanisme, traditions ancestrales, rapport fusionnel aux animaux et à l'environnement, le tout avec une infinie délicatesse.

Sur cette terre gelée là où le blanc prédomine Uqsuralik doit se diriger à l'instinct, tous ses sens à l'affût.
On la suit, captivé, dans son épopée onirique au coeur de décors vertigineux, de l'imprévisible banquise, de la toundra, des fjords, des iceberg, des chenaux dessinés dans la mer de glace sous les pleins soleil de minuit, les aubes blanches et bleutées, la brume opaque ou le blizzard.
La superbe écriture de Bérangère Cournut parvient à installer une ambiance fantastique où se mêlent rêves, voyages de l'âme, cérémonies rituelles, chants célestes, recherche identitaire mais où il est aussi question d'amour, d'enfantements, de transmissions et de deuils.
Cette guerrière des temps anciens, cette femme en devenir, affronte la famine, fraie avec certains esprits se protège contre d'autres.
Elle fera des rencontres étranges comme celle avec « l'homme-lumière » ou le géant sous la glace.
Se déplaçant de campements en maisons communautaires elle chasse, pêche, tanne, coud, dépèce confectionne, construit. Son parcours la transformera à jamais.
Un carnet de photographies en prime, ce roman merveilleux est à lire sans hésitation.
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°°° Rentrée littéraire 2019 #20 °°°

Ce roman, couronné du Prix du roman Fnac m'a littéralement enchanté. Un très beau coup de coeur et certainement un roman que je vais énormément offrir.

Une nuit, aux confins du monde, la fracture de la banquise sépare Uqsuralik, adolescente inuit, de sa famille. Plongée dans la pénombre et le froid polaire, elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer pour trouver un refuge.

Bien sûr, le dépaysement est total, l'Arctique, ses paysages arides. La violence de qu'il impose aux hommes qui n'ont de cesse de chasser la faim, de combattre le froid. Sa faune, ours phoques annelés, perdrix des neiges, renards blancs …
Bérengère Cournut a adopté une démarche d'ethnographe en s'immergeant dans la bibliothèque du Museum d'histoire naturelle ( plus particulièrement dans les fonds polaires de Jean Malaurie et les fonds d'archives de Paul-Emile Victor ), tout sonne vrai, juste, authentique, que ce soit pour décrire cette nature incroyablement belle et hostile, ou les coutumes et le quotidien des Inuits sans idéalisation. L'imaginaire du lecteur est stimulé sans être racolé. le Grand Nord n'est pas que du décor exotique pour faire joli.

Non, l'environnement acquiert immédiatement une dimension métaphysique, la quête de Uqsuralik, menée dans des conditions extrêmes, met à l'épreuve sa force de caractère et lui révèle son monde intérieur. En lisant de pierre et d'os, j'ai pensé à une interview dans Libération du philosophe Baptiste Morizot - qui m'avait beaucoup impressionnée - sur l'animalité de l'être humain constitutive de son identité, l'homme étant replacé au sein de la communauté animale, dans la chaine alimentaire et non au-dessus. Lors de l' errance arctique de son héroïne, Bérangère Cournut décrit une Uqsularik à la sensibilité directement branchée sur la multiplicité des formes de vie qui habitent ce milieu arctique et le constituent. Elle voit à travers les yeux des animaux qui l'entourent, elle a éveillé un oeil qui voit l'invisible, un oeil de l'esprit, sans angélisme ou niaiserie. En fait c'est toute la question du rapport à la nature de l'homme qui est en jeu, au fil des mots, en toute humilité. Cela m'a touché.

A cette dimension métaphysique, se superpose une dimension plus existentialiste, d'autant plus puissante. Dans ce roman initiatique, on voit une adolescente sans famille devenir femme, puis mère. On la voit s'emparer de sa vie pour devenir puissante, transcendée par sa résilience, sa résistance aux épreuves, puis par le chamanisme auquel elle est initiée. Elle aime, elle haït, elle souffre, elle attise le désir, la convoitise et la jalousie. C'est avant tout un autre de chair agité par des émotions universelles qui nous emportent avec force. Un être éminemment romanesque qui parle à tous les éléments, à tous les êtres vivants, et même aux créatures polaires comme l'homme-lumière ou le géant de dessous les pierres.

J'avais déjà goûté à la plume ciselée de Bérengère dans Par delà nos corps. Je l'ai encore plus appréciée ici tellement elle enveloppe la quête de Uqsularik de simplicité et d'intensité. Elle sait se faire poétique, tout particulièrement dans les chants qui entrecoupent le récit et accompagnent ses moments forts pour les intensifier.

Extrait du chant d'Uqsularik lorsqu'elle comprend qu'elle attend enfin un nouvel enfant

« Depuis que je sais qu'un enfant est là
Qu'un enfant va passer par moi
Je ris, je ris en secret
Je ris comme une brassée de palourdes
Qui roulent depuis les collines
Jusqu'aux galets lourds
Du rivage.
Et depuis plusieurs lunes
Que le sang bat et reste en moi
J'ai l'impression que
Sous la banquise
La mer rit avec moi. »

Une merveille à lire dans un écrin à la hauteur, entre cette couverture magique et le carnet de photographies prises au début du XXème siècle.




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Comme à l'habitude, une belle couverture des éditions le Tripode toute en nuances de bleu et ocre mêlées au blanc, décrit bien l'atmosphère de la banquise. Même si, comme le dit le proverbe l'habit ne fait pas le moine, néanmoins une belle couverture confère à un livre un habillage de circonstance et permet au lecteur, si elle est bien pensée de s'immiscer dès le début dans la lecture et de commencer à s'imprégner du contenu dès les premières pages. Tel a été mon sentiment, en tout cas en me plongeant dans de pierre et d'os.
J'ai en effet trouvé que cette palette pastel de bleu et blanc était une bonne préparation pour se frotter dès les premières pages à cette banquise et à cet air glacé.
Quelle frayeur lorsque la jeune Uqsuralik réveillée par des douleurs, sort de sa maison de neige, laissant ses parents, son frère et sa soeur endormis, s'éloigne un peu, entend un grondement au loin, ressent une vibration et voit la banquise en train de se fendre à quelques pas d'elle. " L'igloo est de l'autre côté de la faille, ainsi que le traineau et les chiens. Je pourrais crier, mais cela ne servirait à rien."
Pas le choix, si elle veut survivre dans ces conditions extrêmes, elle doit avancer à la rencontre d'autres êtres vivants. C'est le destin de cette jeune Inuit que Bérengère Cournut va nous conter, la lutte incessante pour trouver de la nourriture par la chasse, la pêche ou la cueillette. Plus que toutes ces péripéties, dans ce milieu souvent hostile, c'est avant tout la beauté et l'harmonie de ce décor polaire que l'autrice va s'attacher à nous dépeindre de façon éblouissante.
Ces paysages où l'eau, principale composante, apparaît tantôt solide et rassurante, tantôt liquide ou en train de fondre et pouvant devenir piège, l'écrivaine les restitue de façon éblouissante.
Mais, ce qui m'a le plus marquée, c'est la croyance qu'avaient, ces populations en ces esprits présents en permanence à leurs côtés et qui leur permettaient de survivre. Également très originaux ces poèmes dispensés au cours du roman et le rythmant de façon poétique.
À la fin de ce celui-ci, un cahier de photographies évoque ce peuple ancien toujours vivant. Un superbe "Chant de la femelle Ovibos" dédié au monde animal, à notre mémoire ancienne, ainsi qu'aux pouvoirs incommensurables des femmes clôture de pierre et d'os, ce roman d'aventures, bel hommage à la féminité.

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Aussi scientifique que poétique, le roman de Bérangère Cournut nous invite à explorer l'Arctique sur les pas d'une jeune Inuit, à travers les légendes magiques de ce peuple fier, dans une nature austère à l'attraction magnétique.

Ce n'est pas un matin comme un autre pour Uqsuralik, la jeune Inuit. Réveillée par de fortes douleurs au ventre, elle sort de son igloo pour faire quelques pas à l'aube de ce jour sans soleil, disparu depuis trois lunes déjà. Mais alors que le sang coule entre ses cuisses, la banquise se brise. Contrainte de regarder sa «  maison de neige  » s'éloigner, la séparant de la chaleur de son foyer et de celle de sa famille. Par chance, sa fidèle chienne Ikasuk est restée dans ses pas, et son père, alerté par le bruit de la glace brisée, pourra lui lancer quelques maigres victuailles, ainsi qu'une dent d'ours, trophée de chasse et amulette magique qui l'aideront à se protéger.
Survivre aux éléments sauvages de ce milieu extrême. Chasser la faim et combattre le froid, dans un environnement dont l'hostilité peut lui être fatale à tout moment. Renards blancs, phoques ou harfangs des neiges : chasser sur terre, sur mer ou dans les airs.
Vivre enfin, avec les humains, avec ses pairs. Aimer, haïr, devenir mère à son tour et se transcender dans un chamanisme séculaire. Contes exotiques, légendes magiques et créatures fantastiques, c'est une culture à part entière qui se déploie sous nos yeux. Celle d'un peuple digne qui n'a d'autres choix que de vivre en harmonie avec une nature indocile.
Plus qu'un voyage, c'est une épopée initiatique et ethnologique à travers les étendues polaires de ce continent qu'on voudrait voir comme un « paradis blanc », lors du « grand jour qui dure toujours  », quand en été le soleil ne se couche jamais. Mais si Bérangère Cournut défie les éléments, elle a écrit ce roman à l'aide des documents du Muséum d'histoire naturelle. Et son récit scientifique est nimbé d'une poésie insoupçonnée.
La quête intemporelle d'Uqsuralik sur les sentiers de sa féminité, questionne notre rapport à la nature, notre fragilité au monde, notre humanité. La très belle rencontre de cette rentrée 2019.
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Lorsqu'une faille déchire soudain la banquise, la jeune Inuit Uqsuralik se retrouve séparée des siens, aussitôt confrontée à la question de sa survie, seule dans les conditions extrêmes de l'Arctique. Dans ce milieu hostile, sa seule chance est de parvenir à rejoindre un groupe de ses semblables, puis de s'en faire accepter. Commence alors pour elle le long apprentissage d'une vie rude, souvent éprouvante, mais riche de joies, d'amour et de tendresse au sein de son clan d'adoption, dans le respect d'un environnement naturel aussi magnifique que terrible, peuplé d'esprits omniprésents qu'elle apprend à connaître au travers du chamanisme.


Bérengère Cournut s'est livrée à un immense travail d'imprégnation, explorant les connaissances ethnologiques d'un très grand fond documentaire, avant de nous inviter à cette immersion dans l'ancestrale culture Inuit, en compagnie de personnages imaginés mais qui semblent profondément authentiques et représentatifs.


Le récit, porté par une écriture sobre et fluide, est aussi captivant que dépaysant, et ne peut que serrer le coeur quand on sait les difficultés rencontrées depuis un siècle par le peuple Inuit pour conserver un territoire et maintenir une culture et des traditions malmenées par la modernité.


Ce livre, véritable odyssée dans un monde aujourd'hui en voie de disparition, où s'organise une existence nomade, centrée sur la chasse, le partage et la vie communautaire, est à la fois un roman d'aventures, un récit d'apprentissage, une expérience ethnographique, un conte poétique, et, en tous les cas, un excellent moment de lecture. Coup de coeur.

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Au sortir de cette impressionnante immersion dans le monde des Inuits, monde saccagé par les Blancs, un de plus, j’apprécie encore plus l’immense travail réalisé par Bérengère Cournut. Il a fallu dix mois d’immersion à l’auteure dans le fonds polaire Jean Malaurie et dans le fonds d’archives Paul-Émile Victor pour s’imprégner d’une culture, d’un mode de vie qu’elle remet magnifiquement en place et fait vivre sous nos yeux.

De pierre et d’os est d’abord un très beau livre édité par Le Tripode. Agréable à tenir en mains, donc à lire, avec une très belle couverture dont le rabat intérieur renforce la qualité.
L’écriture est simple et merveilleuse à la fois, belle, poétique, captivante car étonnante. J’ai donc mis de côté ma frilosité pour suivre cette « femme au caractère d’ours, au nom d’hermine : Uksuralik ».
Dans un précédent roman, Née contente à Oraibi, Bérengère Cournut faisait découvrir les Hopis, un peuple qui vit dans le nord-est de l’Arizona. Sans se déplacer, elle nous emmène nettement plus au nord, dans une région volontairement imprécise géographiquement.
Tout commence par un drame : Uksuralik se trouve subitement séparée de sa famille à cause d’une rupture de la banquise. Son père a juste réussi à lui lancer une peau d’ours et un harpon qui se casse, hélas, en arrivant au sol. Elle est avec sa chienne, Ikasuk, et quatre jeunes chiens et doit aussitôt leur prouver qu’elle est la plus forte car l’un d’eux l’attaque.
J’ai tenté de suivre l’héroïne du roman mais j’ai souffert avec elle devant tant d’épreuves pourtant toutes surmontées grâce au pouvoir des esprits et un chamane qui jouera un rôle important pour son épanouissement. Elle donne la vie et c’est à chaque fois un bel exemple d’apprivoisement de la mort qui rôde et menace.
Les terribles moments qu’elle affronte volontairement ou malgré elle, font frissonner, trembler, désespérer et enfin apprécier l’ingéniosité de ces Inuits qui survivent, se reproduisent, gèrent leurs conflits, font la fête, s’aiment, dansent, mangent et chassent surtout en respectant les animaux qu’ils sont contraints de tuer. Ils utilisent au maximum tout ce que donnent les bêtes qu’ils côtoient jusqu’au dernier tendon, au dernier poil de fourrure. Quelle leçon ils nous donnent à nous qui gaspillons tellement !
Enfin, que ces chants intercalés au fil du récit sont beaux ! Ils racontent, précisent, ajoutent des détails sur cette vie complètement dépendante de la nature, nature hostile et généreuse à la fois. Parfois, ils peuvent servir de défoulement à celui qui s’exprime.

Ce roman qui mêle l’onirisme et la réalité la plus dure est une véritable découverte, et je remercie le Cercle livresque de Lecteurs.com de m’avoir permis ce voyage incroyable.






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Ce livre est un enchantement, un conte polaire, un dépaysement total. J'ai beaucoup aimé cette histoire. C'est le premier roman de Bérengère Cornut que je lis, mais sans doute pas le dernier. L'histoire de cette civilisation m'a étonnée...On sort des sentiers battus si je puis dire. Une véritable originalité dans cette rentrée littéraire.
Je vous conte cette histoire : une nuit la banquise se fracture et sépare une jeune fille de sa famille. Son père à juste le temps de lui donner une peau d'ours contre le froid et un couteau. Elle va devoir se débrouiller pour survivre face aux animaux et aux hommes mais aussi à la dureté du climat et de la nature.
C'est vraiment un livre dépaysant, très bien écrit. La couverture est sublime, rien qu'en la regardant on est déjà dans l'ambiance...
Ce roman est ponctué de chants gutturaux poétiques qui se lisent comme de véritables odes à la vie.
Je ne peux que vous le conseiller.
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" C'est un beau roman , c'est une belle histoire , aurait dit Michel Fugain , mais... ce n'est pas une romance d'aujourd'hui" , loin de là. Faut- il s'en réjouir ou le regretter , en tout cas , il faudra bien s'en souvenir .Au moment où la planète explose , n'en peut plus , cède peu à peu mais inexorablement sous les coups de boutoir d'une société de consommation insensible et irraisonnable , guidée par le seul profit , voilà un " petit livre " d'une beauté , d'une sagesse incroyables , un retour aux sources , un retour vers l'origine de l'humanité avec ce qu'elle avait de sensé, de joyeux , de triste , de doux ou de tragique ...Ce retour , on l'effectue dans le monde Arctique où la jeune Uqsuralik nous " prend par la main " pour nous guider dans un monde où la vie s'effectue en osmose avec les éléments de la nature .Dans ce monde , cueillette , pêche, chasse assurent la vie , rien de plus , des " soustractions " parfaitement réfléchies, des " prélèvements " raisonnés où rien ne se jette où tout est respecté au delà du monde environnant , en relation permanente avec les figures tutélaires, les esprits des anciens . Et tout en rêves , en cérémonies rituelles , en chansons ou poèmes...Dans ce livre , on entre presque en transe devant cette force de vie qui dégouline des pages , ces moeurs simples , respectueuses , la force du groupe qui protège, qui intègre ou ...qui rejette ....La vie ...ou la survie quand les migrations animales se modifient ...C'est prenant , vraiment , émouvant, doux , une vie qui se déroule sous nos yeux sans jamais lasser . Je vous l'assure , c'est un bouquet de sérénité qui vous étreint tout au long de cette belle lecture ...( Bon , j'étais au chaud , assis sur mon canapé, avec la lumière, une tasse de thé et un petit gâteau, hein , alors , mon mérite en prend un coup ....) Et oui , entre la vie rapportée des Inuits et "la nôtre ", le fossé est bien , bien grand , mais la question doit tout de même nous interpeller....Ce roman est une " douceur sucrée " , sans doute très " parlante " , bien plus que certains messages clamés avec force ça et là , un peu plus , d'ailleurs ,en période électorale....Je ne savais pas ce à quoi m'attendre en ouvrant ce livre et , deux heures trente plus tard , outre le fait que j'avais passé un formidable moment de lecture , j'ai eu l'impression que l'espoir m'était redonné. Évidemment, il faut faire vite ...Un livre à mettre entre de nombreuses mains , celles des adultes et ...des ados .Fut un temps où l'on parlait de la vie traditionnelle des Eskimos en classe , au collège . Mais ça, c'était avant , car la vie des Eskimos , telle que vous allez la découvrir, elle n'existe plus .Faut- il s'en réjouir ou le regretter? , disais-je , en préambule . A chacun sa réflexion, mais c'est pourtant bien " là-haut " que tout commence ...ou finit .C'est magnifique , et même plus .
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L'air est glacé, la nuit claire comme l'aurore. La banquise se fend, la famille disparaît dans le brouillard. Séparée des siens, Uqsuralik n'a plus pour seuls refuge et défense qu'une peau d'ours et une chienne. Jusqu'à sa rencontre avec un groupe où Uqsuralik subît un viol, mais découvre l'amour avec le père de sa fille.

Les saisons se succèdent, la jeune femme a perdu son mari, elle élève sa fille soutenue par les autres femmes. L'hiver, parmi les icebergs aux hautes falaises bleues, les glaciers et la toundra. L'été, quand la vie est revenue et la nature respire. Lorsque guillemots, sternes, canards, cormorans sont là, prêts à être chassés. Quand la toundra roussit, les baies de myrtilles abondent et passe parfois une famille de boeufs musqués.

Uqsuralik et les inuits consacrent du temps à la chasse, la pêche, dépecer, tailler la viande, racler la graisse. L'hiver les phoques annelés, ours, caribous, morses constituent l'essentiel de leur nourriture. Si l'été ils dressent des tentes avec des peaux, les maisons d'hiver le sont grâce aux troncs échoués, pierres, mottes de terre et peaux de caribous. Une vie simple pour ces inuits imprégnés des esprits, bons comme maléfiques, auxquels ils se réfèrent constamment.

Ce roman initiatique et poétique, inattendu et précieux est le fruit d'une immersion de dix mois dans les traditions du Groenland et de l'Arctique canadien. Rythmé par des chants et les mots simples d'une petite femme au grand courage, sa lecture nous donne accès à l'univers foisonnant des Inuits et de leurs mythes, nous transportant loin, très loin, en terres inconnues.
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Certains voient dans cette histoire un récit poétique, moi non.
L'impression lyrique n'est que la respiration de cet animisme si bien transcrit.
Croire en l'âme des humains, des animaux, des pierres, des vents ; croire aux migrations de ces âmes conduit à une cosmogonie que nous jugeons poétique mais qui n'est que simplement naturelle et, pour nous, exotique.
Et nous ressentons plus ou moins diffusément que cet animisme, qui fut sans doute le nôtre il y a quelques milliers d'années, nous manque.
Alors ce qui peut nous le rappeler, comme toutes les choses heureuses, nous semble de la poésie.

Nous sommes plutôt devant un magnifique reportage.

A travers une de ses vies, une chamane Inuit nous immerge dans son cosmos.
Il ne faut pas rechercher de qualité littéraire dans ce texte. Ce n'en est volontairement pas le but.
L'usage massif du présent de l'indicatif amplifie cette plongée. Il met en évidence le temps inuit qui n'est pas linéaire mais cyclique. le temps ne file pas, il tourne.
Dans ce monde, « Après demain, demain sera hier »

Nous sommes au coeur de la vie des esquimaux, de la rudesse de leur environnement, de la rusticité de leurs moeurs authentiques, simples, purs, nobles.
Les rapports humains sont âpres. La rudesse de leur univers ne laisse que très peu de place aux sentiments.

Pour l'Inuit aussi le froid est l'ennemi. En hiver les sorties sont réservées aux hommes et ne durent que le temps de brèves chasses. le reste de l'attente est consacré aux veillées propices aux contes, aux souvenirs, aux esprits.
Et les veillées sont longues, très longues.

Alors, dans cette hostilité, les oiseaux, les ours, les esprits, les humains, les vents parlent et chantent. L'âme voyage d'animaux en animaux, d'humains en humains, d'animaux en humains, d'ancêtres en descendants.
L'imaginaire tient une place immense. Les rêves dictent leur loi.
La vie des Inuits est pétrie de croyances, de superstitions.
Et le chamane est l'intercesseur entre ce monde et la dure réalité.

Pour renforcer l'effet de ce texte que je tiens pour brillant, Bérengère Cournut a inséré des chants qui ponctuent le récit de leur poésie énigmatique et édifiante.
Une lecture étrange pour un monde étrange.
Un véritable voyage immobile et…..frais
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