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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Georges Courteline, on le sait est un « amuseur ». Comme Feydeau. Comme Alphonse Allais. Comme Jules Renard. Comme Sacha Guitry. Comme Tristan Bernard. Comme tant d'autres… (je m'arrête en ce début de XXème siècle, mais la liste pourrait continuer jusqu'à nos jours, et continuera certainement au-delà). Cependant, une certaine critique (et pas seulement littéraire, du reste) a du mal à assimiler ces auteurs « gais » à de vrais écrivains. Mais Molière ? leur objecte-t-on avec une certaine logique. Molière ? C'est l'exception qui confirme la règle !
Eh bien non, messieurs les pisse-vinaigres (il y a peut-être des dames pisse-vinaigres, mais la courtoisie la plus élémentaire m'interdit de les évoquer ici, je n'en parlerai donc pas), on peut être un auteur à vocation humoristique et être un grand écrivain. Tous ceux que j'ai cités au paragraphe précédent sont de grands écrivains, parfaits stylistes, aussi à l'aise dans les descriptions que dans les portraits, dans l'analyse que dans la synthèse, dans les moments rythmés comme dans les phases de repos… Georges Courteline et Jules Renard (entre autres) sont de parfaits écrivains réalistes, presque naturalistes dans leur façon de disséquer une réalité que la morale et la bien-pensance, si rigides à cette époque (et pourtant elles-mêmes si mal représentées !) refusaient de voir.
« Les Gaietés de l'escadron » (1886) et sa suite « le train de 8h47 » (1891) en sont un exemple type : c'est une charge hilarante (bien que parfois tragique) de l'armée française sous la IIIème République (ce n'est plus comme ça aujourd'hui, rassurez-vous… enfin, j'espère). Les portraits au vitriol sont tellement caricaturaux qu'aujourd'hui encore on imagine ces trouffions en pantalon garance et shako et ces officiers hautains et stupides, badine à la main... Soldats roublards ou terrorisés, vieilles badernes avinées, sous-offs ridicules, notre imaginaire est rempli de ces personnages « trop beaux pour être vrais » Les situations sont à la fois comiques et pathétiques : tel le soldat La Guillaumette que ses copains poussent à déclarer que « la soupe n'est pas bonne » et qui, abandonné par eux, se retrouve seul devant l'officier, et écope de quinze jours de salle de police. Parfois le comique devient sinistre : le soldat Lapérine, entré à l'infirmerie pour un mal de gorge, n'en sortira que pour aller à l'hôpital où il contactera une maladie mortelle, par la faute d'officiers aussi suffisants qu'incompétents.
Georges Courteline a un soin du détail qui est frappant : en quelques traits il fait le portrait en pied d'un personnage qu'on n'oubliera pas : c'est un parfois juste son identité : « Celui que la commandante et Mlle Lucile appelaient si familièrement Frédéric était le marquis Hugues-Ogier-Frédéric de l'Héricourt d'Esteney, seigneur des Saulaies, des Riveries, des Charmerettes et autres lieux, seul maître de six lieues de terre au bord du Rhône, et, pour l'instant, simple engagé volontaire au 51ème régiment des chasseurs à cheval ». D'autrefois, c'est une expression : le capitaine Marjalet a la fâcheuse habitude lorsqu'il est ivre, d'aligner à profusion des « jusqu'à la gauche » : « C'était son mot, ce « jusqu'à la gauche », une expression de caserne qui ne signifiait pas grand-chose, mais impliquait évidemment en lui une idée confuse d'éloignement, personnifiait l'éternité, en son imagination vague de vieil ivrogne ».
Avec une précision diabolique, Courteline cisèle l'argot militaire pour nous faire partager le quotidien de ces bidasses avant l'heure, changeant de ton pour les soirées mondaines chez les officiers, mais avec toujours la même charge satirique : car Courteline n'attaque pas les soldats, ni les officiers, ni même l'armée, sa cible, à travers eux, c'est encore et toujours la bêtise humaine (ce sera la même chose avec la Justice, ou avec l'Administration). Pascal avait tort, la chose la plus répandue dans le monde n'est pas le bon sens, c'est bien la bêtise.
Si vous ne me croyez pas, demandez à Courteline !
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De gamelles en bidons, les godillots butent et trébuchent aux sons des clairons de ces temps où les vingt ans des uns disparaissent aux cris de ces trentenaires aigris de lendemains sans retour.

D'une époque à une autre, les balles ont changées de chambres comme ces jeunesses ont changé d'élans et de rêves.

Mais la gouaille de ces gars, c'est bien cela qui fait nos souvenirs d'hier et de demain.

A ne pas rater, comme un pas de deux à la page d'aujourd'hui.
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