AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 24 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
0 avis
Georges Courteline, on le sait est un « amuseur ». Comme Feydeau. Comme Alphonse Allais. Comme Jules Renard. Comme Sacha Guitry. Comme Tristan Bernard. Comme tant d'autres… (je m'arrête en ce début de XXème siècle, mais la liste pourrait continuer jusqu'à nos jours, et continuera certainement au-delà). Cependant, une certaine critique (et pas seulement littéraire, du reste) a du mal à assimiler ces auteurs « gais » à de vrais écrivains. Mais Molière ? leur objecte-t-on avec une certaine logique. Molière ? C'est l'exception qui confirme la règle !
Eh bien non, messieurs les pisse-vinaigres (il y a peut-être des dames pisse-vinaigres, mais la courtoisie la plus élémentaire m'interdit de les évoquer ici, je n'en parlerai donc pas), on peut être un auteur à vocation humoristique et être un grand écrivain. Tous ceux que j'ai cités au paragraphe précédent sont de grands écrivains, parfaits stylistes, aussi à l'aise dans les descriptions que dans les portraits, dans l'analyse que dans la synthèse, dans les moments rythmés comme dans les phases de repos… Georges Courteline et Jules Renard (entre autres) sont de parfaits écrivains réalistes, presque naturalistes dans leur façon de disséquer une réalité que la morale et la bien-pensance, si rigides à cette époque (et pourtant elles-mêmes si mal représentées !) refusaient de voir.
« Les Gaietés de l'escadron » (1886) et sa suite « le train de 8h47 » (1891) en sont un exemple type : c'est une charge hilarante (bien que parfois tragique) de l'armée française sous la IIIème République (ce n'est plus comme ça aujourd'hui, rassurez-vous… enfin, j'espère). Les portraits au vitriol sont tellement caricaturaux qu'aujourd'hui encore on imagine ces trouffions en pantalon garance et shako et ces officiers hautains et stupides, badine à la main... Soldats roublards ou terrorisés, vieilles badernes avinées, sous-offs ridicules, notre imaginaire est rempli de ces personnages « trop beaux pour être vrais » Les situations sont à la fois comiques et pathétiques : tel le soldat La Guillaumette que ses copains poussent à déclarer que « la soupe n'est pas bonne » et qui, abandonné par eux, se retrouve seul devant l'officier, et écope de quinze jours de salle de police. Parfois le comique devient sinistre : le soldat Lapérine, entré à l'infirmerie pour un mal de gorge, n'en sortira que pour aller à l'hôpital où il contactera une maladie mortelle, par la faute d'officiers aussi suffisants qu'incompétents.
Georges Courteline a un soin du détail qui est frappant : en quelques traits il fait le portrait en pied d'un personnage qu'on n'oubliera pas : c'est un parfois juste son identité : « Celui que la commandante et Mlle Lucile appelaient si familièrement Frédéric était le marquis Hugues-Ogier-Frédéric de l'Héricourt d'Esteney, seigneur des Saulaies, des Riveries, des Charmerettes et autres lieux, seul maître de six lieues de terre au bord du Rhône, et, pour l'instant, simple engagé volontaire au 51ème régiment des chasseurs à cheval ». D'autrefois, c'est une expression : le capitaine Marjalet a la fâcheuse habitude lorsqu'il est ivre, d'aligner à profusion des « jusqu'à la gauche » : « C'était son mot, ce « jusqu'à la gauche », une expression de caserne qui ne signifiait pas grand-chose, mais impliquait évidemment en lui une idée confuse d'éloignement, personnifiait l'éternité, en son imagination vague de vieil ivrogne ».
Avec une précision diabolique, Courteline cisèle l'argot militaire pour nous faire partager le quotidien de ces bidasses avant l'heure, changeant de ton pour les soirées mondaines chez les officiers, mais avec toujours la même charge satirique : car Courteline n'attaque pas les soldats, ni les officiers, ni même l'armée, sa cible, à travers eux, c'est encore et toujours la bêtise humaine (ce sera la même chose avec la Justice, ou avec l'Administration). Pascal avait tort, la chose la plus répandue dans le monde n'est pas le bon sens, c'est bien la bêtise.
Si vous ne me croyez pas, demandez à Courteline !
Commenter  J’apprécie          90
L' ennui des casernes de la fin de XIXe siècle, suinte au travers des saynettes militaires contées par Courteline. Celui-ci reste dans la farce, laissant tout de même-par moment-percer la gravité du propos.
c'est un livre qui m' a beaucoup plu.
Je ne saurais trop conseiller aux lecteurs qui veulent approfondir le sujet, d'aller tourner les pages du Sous-offs de Lucien Descaves ou de Biribi de Georges Darien.
Commenter  J’apprécie          80
De gamelles en bidons, les godillots butent et trébuchent aux sons des clairons de ces temps où les vingt ans des uns disparaissent aux cris de ces trentenaires aigris de lendemains sans retour.

D'une époque à une autre, les balles ont changées de chambres comme ces jeunesses ont changé d'élans et de rêves.

Mais la gouaille de ces gars, c'est bien cela qui fait nos souvenirs d'hier et de demain.

A ne pas rater, comme un pas de deux à la page d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          50
Roman composé d'anecdotes se deroulant dans un régiment de chasseurs à cheval caserné dans une ville de province à la fin du 19ème siècle. Courteline y decrit l'absurdité des ordres et contre ordres, la bêtise des soldats (tous grades confondus). Moi qui est fait mon service militaire en 1992, j'y ai retrouvé certaines habitudes, en 100 ans, rien n'avait changé : par exemple l'idiotie de certaines corvées consistant à laver et relaver des locaux ou des affaires déjà propres !
A cette lecture, on peut se demander à quoi sert l'armée ? Courteline n'en donne pas réponse. Moi j'ai mon avis là dessus. L'armée sert à faire la guerre... Elle est alors bien utile. Alors quoi que de plus normal qu'en temps de paix, l'armée ne serve à rien.
Commenter  J’apprécie          30
Bon Dieu ce que j'ai ri à la lecture de ce livre ! Cher Courteline, je me souviens être rentrée de chez le dentiste, après l'extraction d'une bonne molaire et vite, mon livre ! La piqûre, les douleurs s'en sont allées illico !
Moi qui aime la musique, je me souviens encore de ce clairon qui a joué son appel "en fanfare", nuance pas permise dans ces circonstances, je ne sais plus lesquelles. Mais bon Dieu, quel livre distrayant !
Commenter  J’apprécie          30
Courteline mène la charge contre les absurdités de la vie militaire. Un peu plus tard ce sera les fonctionnaires qu'il stigmatisera dans Messieurs les ronds-de-cuir(1893). Il est certain que, dans les deux cas, il y a matière à dire et ceux qui l'ont vécu de près pourraient y aller de leurs anecdotes au sujet de la cantine, des factions, de l'encadrement, des ordres suivis de contre-ordres. Peut-être que ce comique (troupier) faisait rire à l'époque dans un contexte tendu d'entre-deux-guerres (celle de 1870 et 14/18), maintenant une profonde lassitude s'est installée et une convergence des peuples européens vers des valeurs pacifistes illustrées par le célèbre slogan Make peace not war relèguent ce brûlot antimilitariste à un passé belliqueux révolu. Après la lecture de l'oeuvre (en pièce), j'ai toutefois relevé ma note initiale en pensant que ces gaîtés courtelinesques étaient un préambule aux folies du Père Ubu et à l'univers kafkaïen.
Commenter  J’apprécie          30
livre amer où la gaité masque péniblement une profonde tristesse...
officiers fantoches, sous off sadiques ou poivrots ...
Médiocrité à tous les étages, ennui blafard de journées rythmées par les corvées et le punitions.
Beaucoup de talent dans ce bouquin
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (55) Voir plus



Quiz Voir plus

Les citations de Georges Courteline

« ---- est un lieu où les gens qui arrivent en retard croisent dans l'escalier ceux qui partent en avance. »

L’administration
L'aérogare
L'entreprise
Le cimetière

10 questions
20 lecteurs ont répondu
Thème : Georges CourtelineCréer un quiz sur ce livre

{* *}