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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre rafraîchissant à cette époque de rationalisation et de recherche effrénée de compétitivité…
Dans ce court roman composé de six tableaux, Courteline dresse une peinture satirique et caustique de ces fonctionnaires du XIXème siècle, communément nommés "ronds de cuir". Lui-même avant de vivre de sa plume, étaient l'un d'eux. Autant dire qu'il connaissait bien le milieu. Car tous ces fonctionnaires sont parfaitement inutiles, cachent cette inutilité derrière un monceau de paperasses, et créent des complications là où tout pourrait être si simple (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, comme disaient les Shadoks).
J'ai beaucoup ri aux dépens de ce malheureux conservateur du musée de Vannes en Bresse, successible au legs Quibolle pour une paire de jumelles marines et deux chandeliers Louis XIII, qui, pour faire valoir ses droits auprès de l'administration des dons et legs, s'égare dans d'interminables couloirs, erre de bureaux poussiéreux en bureaux poussiéreux où il rencontre de drôles d'énergumènes, l'un en train de réparer des chapeaux, l'autre en train de conter fleurette à la fille du concierge, cet autre encore en train de s'exercer à l'escrime, etc… Lui qui de sa lointaine province avait une si haute idée de l'Administration Française…
Bien sûr le style très dix-neuvième est parfois un peu suranné, mais il n'en est que plus savoureux.
A bien y réfléchir, dans notre mode de fonctionnement actuel, nous aussi faisons plein de trucs qui ne servent absolument à rien. Ces tonnes d'émails qui nous polluent la vie… ces strates indigestes de process, de procédures, de démarches qualité (qui n'ont de qualité que le nom) qui nous bouffent la moitié de notre vie professionnelle. Et si on bazardait tous ces machins pour se remettre à réparer des chapeaux et à faire de l'escrime dans nos bureaux ?
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N°1814 – Janvier 2024.

Messieurs les ronds-de-cuir - Georges Courteline – Flammarion.

C'est un roman en six tableaux publié en 1891 dans « l'écho de Paris » en feuilleton et adapté plus tard au Théâtre et au cinéma. C'est une chronique qui a pour décor le Ministère de l'Intérieur où le jeune Lahrier est employé en qualité d'expéditionnaire. Il est habitué à un absentéisme chronique et, pour une fois qu'il était présent à son bureau est surpris par son chef en train de lutiner sa maîtresse au point que ce dernier lui demande si la Direction des Dons et Legs où il est affecté est une administration ou une maison de tolérance.
Dans cet ouvrage qui fit le succès de Courteline, on assiste aux errements bureaucratiques sans grands intérêt qui suscitent cependant des polémiques inutiles de la part d'hommes de deux génération différentes qui cohabitent, jaloux les uns des autres, prompts à créer entre eux des polémiques, on rencontre tout un panel de personnages égarés dans la Fonction Publique, des farfelus, des envieux, des frustrés, des paresseux, des érudits, des ignares, des amateurs beaucoup plus attachés à autre chose qu'à un travail pour lequel ils sont pourtant payés. Au-delà des faits rapportés dans cet ouvrage qui ne manque pas d'humour bien qu'il se termine par l'élimination physique d'un membre de la hiérarchie, ce qui n'est pas commun, c'est aussi l'occasion de déclarer sur son cercueil des mots de reconnaissance qu'on se garda bien de prononcer de son vivant, où la mauvaise foi le dispute à l'euphémisme. Ce que je retiens, c'est surtout l'étude de cette faune de bureau, autant dire de l'espèce humaine en générale, cette ambiance délétère du monde du travail où chacun s'attache à se faire valoir en en faisant le moins possible tout en dénigrant le travail de ses collègues, en agissant parfois avec un zèle qui n'a d'égal que la volonté de tresser entre eux des inimitiés durables, beaucoup plus fortes que les pseudo attachements publiquement proclamés, la recherche de l'avancement, des honneurs, des privilèges, de n'importe quelle forme de reconnaissance qui flattera leur ego et les distinguera des autres. Pour cela on ne négligera ni l'obséquiosité, ni la flagornerie, ni la délation, ni le clabaudage, ni les chicaneries, ni la mauvaise foi voire le mensonge pourvu qu'on arrive à ses fins et si à l'occasion on peut écraser quelqu'un, lui porter un préjudice durable, on n'en sera que plus satisfait. Dès lors, faire son travail n'est assurément pas une assurance de promotion qu'on réservera de préférence aux incompétents. J'y vois, malgré le comique de situation savamment construit, une évocation du « mille-feuilles administratif » et de sa gabegie si souvent dénoncés par les politiques mais jamais vraiment réformés mais aussi une pertinente étude bien actuelle.qui ne se limite pas pour autant à la Fonction Publique, même si les administrations et leurs agents sont souvent la cible privilégiée des polémistes. Karl Huysmans, fonctionnaire lui-même, qui ne passait pourtant pas pour un comique, s'était déjà livré à ce genre de littérature dans une courte nouvelle légèrement antérieure, intitulée « La retraite de Monsieur Bougran » où il raillait non les hommes mais surtout les errements administratifs et les différentes façons réglementaires de rédiger courrier et notes de service, mais cette oeuvre, refusée par les éditeurs en son temps, est longtemps restée inconnue..

J'ai également goûté le verbe de Courteline, la rédaction gourmande des descriptions et des évocations d'un auteur qui n'eut qu'à puiser dans son expérience personnelle de fonctionnaire.




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J'ai pris un réel plaisir à lire ce pamphlet, bourré d'humour de George Courteline, auteur que je découvrais à cette occasion.
On y découvre un petit monde de fonctionnaires débordés à ne rien faire.
Moment particulièrement savoureux, l'épisode du bain de pieds de monsieur Soupe dans son bureau ou encore les tribulations du conservateur du musée de Vannes en Bresse dans les couloirs de l'administration.
Enfin, même la fin tragique se termine sur une pointe d'humour qui laisse entrevoir un détournement de fond pour payer une soirée dans un cabaret.

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Au ministère des Dons et legs, la vie de fonctionnaire est plutôt facile : certains sont vieux et inutiles, d'autres pleins d'ambition et peu travailleurs, d'autres totalement fous, mais on ne saurait les renvoyer sans provoquer de vagues.
Jolie critique, acerbe, du fonctionnement de l'état. Nous voyons donc une hiérarchie incompétente car les plus hauts postes sont occupés par des carriéristes qui ne veulent surtout pas faire parler d'eux, qui n'ont d'autre ambition que de passer le poste au prochain directeur sans avoir modifié le service dont il ont la responsabilité. Mais il y a aussi les salariés : le vieillard devenu incompétent mais qui veut rester encore un peu (plus pour exister et être au chaud que par réelle volonté de travailler), l'homme pauvre qui ne rêve que de la croix et qui est prêt à se surcharger de travail dans ce but, alors que d'autres lui redonnent tout leur surplus tout en prétendant à de plus hauts postes, qu'ils obtiennent à force de harcèlement. Ainsi les plus culottés obtiennent de l'avancement quand les plus méritants rêvent d'une récompense sociale qui ne les fera pas mieux vivre. Lorsque l'un des fonctionnaires implose et tue le directeur, ce n'est pas tant l'émotion qui domine que le jeu des chaises musicales : qui obtiendra le poste convoité ? Enfin, cette description ne serait pas complète sans la présence d'un malheureux venu chercher un document officiel pour obtenir le legs d'un notable pour son musée. Parcours du combattant, rencontres absurdes, imbroglio et dédale de couloirs donnent une vision pitoyable du client lambda face à l'administration.
Satire cocasse et terrible qui semble toujours d'actualité hélas.
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Un bouquin savoureux d'un auteur au phrasé à la fois précieux et truculent quand il le faut. Nous découvrons que les gens médiocres et la bureaucratie (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, non, tous les bureaucrates ne sont pas médiocres, certains roulent à moto et écoutent du Metallica) ne datent pas d'avant-hier. Une fois qu'on a passé le cap du premier chapitre et pris l'habitude des phrases interminables (mais plus digestes que la prose d'un Proust), c'est un régal. Courteline a manifestement inspiré des écrivains comme Céline, tant j'ai retrouvé ce côté absurde, pièce de boulevard à six sous, qui fait le sel des oeuvres de Louis-Ferdinand. S'il n'était pas mort, Courteline, je l'aurais bien interviouvé.
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Courteline, je ne connaissais que part certaines citations. Je ne suis pas déçu, tant par le style très clair et fluide, que par l'histoire. Cette histoire où l'on voit que les administrations n'ont guère évolué depuis ces années...
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