Ce n’était pas facile : ça revenait pour elle à aller plus loin dans l’interdît, un interdit qui avait un terrible goût d’évidence.
Ses lèvres effleurèrent les miennes d’une caresse aérienne. Le temps s’arrêta, et je me demandai si je n’avais pas été mise au monde dans le seul but d’embrasser cet homme.
Mon père se racla la gorge, et je me précipitai pour l’embrasser. Son étreinte était rassurante, familière, et pourtant j’y aurais renoncé sans hésiter pour retrouver les frissons que j’éprouvais dans les bras de Quaid.
Moi, j'avais surtout hâte de jouer un rôle dans chacunes d'elles, car Avett était le début, le milieu et la fin de mon plus beau roman. Elle n'était jamais à court d'intrigues passionnantes ni de rebondissements dramatiques. J'ignorais encore quelle péripéties nous attendaient, mais une chose était sûre : notre histoire ne serait jamais barbante ni prévisible.
Du moment que mon histoire et la sienne se terminaient de la même façon et à la même page, du moment qu’on était réunis à la fin, je me foutais pas mal des choix, bons ou mauvais, qu’on allait devoir faire en cours de route
sur un coup de tête, elle allait sortir de ma vie aussi brutalement qu'elle y était entrée. On ne peut pas retenir le vent...
-Tu es parti en emportant tous tes jouets, du coup, j'ai dû improviser.
-Ce qui m'étonne, dis-je, c'est que mon père ait fait appel au charmeur de service et pas au soldat. Toi, tu viens armé d'un sourire, Rome, d'un flingue.
C'est toute la différence.
Ces deux femmes ne sortaient pas du même moule. et celui qui avait façonné Avett ne devait avoir servi qu'une fois.
Je ne veux rien qui vienne de vous…
Ces mots tournaient dans ma tête, avec, en arrière-plan, l’image d’une jeune femme en uniforme de prisonnier.
Après tout, c’était aussi bien qu’Avett soit dans cette disposition d’esprit. Après Lottie et le défilé d’emmerdeuses qui l’avait remplacée, je n’avais plus rien à offrir à une femme, en dehors de ma connaissance du code pénal et de mes talents d’avocat.