J’attachai mes cheveux en chignon au sommet de mon crâne et m’aventurai dans le couloir à présent vide. Je comptais mes pas pour rester concentrée et pour éviter de penser à lui. C’était agaçant cette façon qu’il avait d’être toujours là, de rôder à la périphérie ! Physiquement, j’avais grandi… Mentalement, je me sentais souvent comme la jeune fille de dix-huit ans qui languissait après Booker. Le temps est supposé guérir les blessures, mais les miennes étaient encore béantes et sanguinolentes. Chaque fois qu’une croûte semblait se former sur les bords, quelque chose se produisait, un souvenir refaisait surface, et la plaie s’ouvrait de nouveau. La douleur m’était devenue familière.
Elle ne correspondait pas à l’image qu’on pouvait se faire d’une guerrière farouche et d’une combattante dangereuse, pourtant, elle l’était. Karsen était une battante et une batailleuse. J’avais encore du mal à me dire qu’elle se battait pour moi, pour nous. Elle était tout ce que j’avais toujours voulu et tout ce que j’étais certain de ne pas mériter.