La décharge a gagné. Nous avons gagné. La ville des hommes est aujourd'hui envahie par les ordures, et nous sommes devenus les maîtres... Regardez ! Regardez le paysage qui s'offre à nous : des poubelles par milliers, des tonnes d'ordures, et la ville qui n'est plus qu'un lointain souvenir. Aussi je vous propose, aujourd'hui que nous sommes les plus forts, de profiter de notre force pour faire ce que nous aurions dû faire depuis belle lurette ! [...] Chassons les hommes !
- Fourmi, ton avis ?
- A mort ! Et quand on les aura tous tués, on tuera ces ordures du peuple de la décharge. Et quand on les aura tuées, je vous tuerai tous !
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- Ceux qui sont d'accord lèvent le doigt, dit le goéland.
Et alors, ce fut formidable ; tout le monde leva le doigt !
Sauf la reine des orties, qui n'est pas un animal, ni le rat, qui n'en a pas, de doigt, ni la mouette et le goéland qui ont des ailes, tout le monde le sait, ni le moustique, qui ne pouvait rien lever du tout, ni le pigeon de Montargis, qui n'avait rien compris et était décidément trop concon.
- Après tout, ils [les hommes] n'ont qu'à aller sur la lune, puisqu'ils l’aiment tant !
Aujourd'hui, les hommes ont besoin de nous. Ils ont froid, ils ont faim, et si nous ne les aidons pas, leur clan est menacé de disparaître. Eux ne nous ont pas aidés quand nous avions besoin d'eux. Je vous ai écoutés, tous, avec attention. Ma décision est prise, même si elle me coûte et qu'elle est cruelle : les hommes nous ont fait trop de mal et nous en feront encore. En conséquence, je propose que les hommes soient chassés de la forêt, sous peine d'être exterminés par nous.