Le développement qui fragilise l'âme et en cas de malheur laisse s'installer un syndrome traumatique est donc déterminé par un isolement sensoriel et une difficulté à verbaliser, antérieurs au trauma. Cela explique pourquoi, dans une situation effrayante, ceux qui ont été sécurisés et ont appris à communiquer sont moins traumatisés.
"Le choix, pour moi, n'est pas entre punir ou pardonner, mais entre comprendre pour gagner un peu de liberté ou se soumettre pour éprouver le bonheur dans la servitude. Haïr, c'est demeurer prisonnier du passé. Pour s'en sortir, il vaut mieux comprendre que pardonner."
Tout rêve d'avenir métamorphose la manière dont on éprouve le présent.
Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et chacun modifie l'autre.
Qu'elle soit collective ou individuelle, la mémoire est intentionnelle : elle va chercher dans le passé les faits qui donnent forme à c e qu'on éprouve au présent.
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Aucune histoire n'est innocente. Raconter c'est se mettre en danger.Se taire, c 'est s'isoler.
Les souvenirs ne font pas revenir le réel ,ils agencent des morceaux de vérité pour en faire une représentation dans notre théâtre intime.
Chaque rencontre nous modifie, mais on ne rencontre pas au hasard. Je n'ai pas rencontré le plâtrier qui me disait qu'il n'y a que les filles et les pédés qui font des études, je l'ai croisé, c'est tout. Il m'a étonné mais pas convaincu. Ce n'était pas une rencontre puisqu'il ne m'a pas détourné de mon chemin. Il n'a pas marqué son empreinte en moi, sauf celle d'une phrase étonnante qui caractérisait son groupe d'adolescents.
Dans un réel décourageant où l'on peine à trouver son chemin, on se réfugie dans une rêverie diurne excessive. Quand le réel est amer, on se paye des rêves sucrés.
Quand Mme Farges a dit : - si vous le laissez vivre, on ne lui dira pas qu'il est juif- , j'ai été très intéressé. Ces hommes voulaient donc que je ne vive pas. Cette phrase me faisait comprendre pourquoi ils avaient dirigé leur revolver vers moi quand ils m'avaient réveillé : torche électrique dans une main, revolver dans l'autre, chapeau de feutre, lunettes noires, col de veste relevé, quel événement surprenant ! C'est donc ainsi qu'on s'habille quand on veut tuer un enfant.