AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 68 notes
5
12 avis
4
8 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Le silence miraculeux des mots.

Né en 1920, Silvio d'Arzo, de son vrai nom Ezio Comparoni, publia « Maison des autres » en 1948 dans une revue, et ne cessa ensuite de retravailler ce texte jusqu'à sa mort en 1952 ; il n'avait alors que trente-deux ans.

En plein néoréalisme italien, «Maison des autres» semble détaché de l'histoire du vingtième siècle, situé dans un monde ancestral et rude, où la succession monotone des jours est uniquement interrompue par les fêtes religieuses et les enterrements.

L'histoire de cette nouvelle d'une soixantaine de pages se réduit à très peu : dans un village de montagne isolé des Apennins, un prêtre rencontre une vieille femme qui a visiblement quelque chose à dire. Il cherche à connaître la question que celle-ci hésite à livrer.

«C'était la première fois que je pouvais la voir de près et je me mis à la regarder attentivement.
Elle avait une peau sombre et rêche, des cheveux couleur gris pigeon, des veines plus dures et saillantes que celles d'aucun homme. Et si un arbre peut de quelque façon servir à évoquer un humain, eh bien c'était un vieil olivier des fossés qui lui convenait. À la voir ainsi, il me semblait que ni la fatigue ni l'ennui ne pourraient désormais rien contre elle : elle se laissait vivre et cela suffisait, voilà tout. »

L'hiver de ce récit est glacial et, dans ce monde archaïque, le temps et les hommes semblent eux aussi comme paralysés par le gel, dans cette vie dépourvue de tout événement. Et finalement seule cette femme, avec sa question que l'on va découvrir, est prête à s'affranchir de la succession fatale de ces jours tous semblables. Et seule elle est vivante.

Précédé d'une belle préface d'Attilio Bertolucci, «Maison des autres» est un texte intemporel, qui a fait couler une larme gelée dans le coin de mon oeil.
Commenter  J’apprécie          180
Un roman où il ne semble pas se passer grand-chose, et pourtant… Un prête dans un village de montagne se fera poser une question étrange par une vieille lavandière. Un livre petit de par sa longueur sur les non-dits, la beauté, la religion, le silence, et… et… de l'avis de critiques diverses, ce récit est le plus parfait de toute la littérature italienne. Encore une pépite de Bookycooky.

Commenter  J’apprécie          143
Un petit village dans la montagne où il ne se passe rien, où la vie s'écoule jour après jour…tel est le décor de cette petite nouvelle. Un curé vit au rythme de ses habitants, des clarines, des chiens qui aboient dans la nuit, des enfants du village, des morts qu'il faut enterrer.

« A cet instant on entendit, là dehors, un bruit de clarines de bronze, un bruissement comme de luzerne et d'eau qui envahissait la rue toute entière et un nombre infini de légers piétinements et de bêlements. »

La vie pourrait continuer ainsi s'il n'y avait pas cette question soudaine d'une vieille du village au prêtre………question à laquelle il ne répondra pas .......lâcheté, honnêteté ?
La solitude de l'homme d'église en général est mise en en lumière ici .Tel le commun des mortels, face aux grandes interrogations, il est face à lui même, sans réponse, livré à sa propre conscience, à ses propres doutes.
Une courte nouvelle à lire, à relire, parce qu'elle ne livre certainement pas toutes ses richesses au premier abord.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          110
Montelice, un village perdu des apennins, tout juste un village d'ailleurs «sept maisons adossées et rien d'autre» le curé est là depuis trente ans, c'est lui qui raconte.
Il raconte la vie du village, des gens qui sont là depuis toujours, qui vivent au rythme des saisons, accomplissant des tâches dures avec des gestes vieux de mille ans. Les hommes rentrent des pâturages à la lumière des lanternes le soir, le climat est rude et le curé a déjà vu trente noëls ici, sous la neige. La misère est le lot commun, le prêtre s'inquiète « j'ai vraiment peur de ne plus pouvoir être utile à grand-chose dans un cas de ce genre. Tout cela est pour moi une autre langue...Fêtes, saintes huiles, un mariage sans façon, voilà désormais mon lot.»
Le curé s'interroge car une femme, nouvelle dans ce village, l'intrigue, elle semble toujours sur le point de lui parler mais au dernier moment renonce. C'est Zelinda, pauvre entre les pauvres, elle lave le linge des villageois, se nourrit d'un croûton de pain et du lait de ses chèvres. Elle vit hors du village « plus loin que le sentier des ormes, juste à la limite de la paroisse, et après ce ne sont que ravins, toubières ou pire encore».
Jour après jour il la voit laver le linge, un jour elle vient au presbytère l'interroger, mais c'est une ruse, sa question est sans objet, du moins elle n'a pas posé la question qui la tourmente, elle a feinté. Quand va-t-elle se décider ? Enfin un jour elle dépose une lettre à son intention.
J'arrête là car il y a un suspense dans ce récit, comme le vieux curé, on attend, on essaye de comprendre cette femme. Silvio d'Arzo dont c'est la nouvelle la plus connue, nous arrache à notre petite vie pour nous faire vivre au rythme de sa prose, sèche, dure, les couleurs sont sombres dans ce pays de désolation « Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d'une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue »
Dans une seconde nouvelle "Un moment comme ça" autour de la disparition d'un soldat son récit est sobre et tragique.
J'ai beaucoup aimé ces deux récits, graves, cruels, qui laissent le lecteur avec des questions qui n'ont peut être pas de réponse. On peut rapprocher ce livre des récits de Ferdinando Camon (jamais vu soleil ni lune) mais plus encore des hommes et femmes décrits par Carlo Levi dans « le Christ s'est arrêté à Eboli ».

Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          110
Ce court roman, plutôt une longue poésie en prose nous promène dans les Apenins, région de montagnes où il ne se passe rien. La vie s'écoule au rythme des saisons, du passage des chèvres. Pourtant… le curé va rencontrer une vieille femme, aucune parole n'est échangée, ils se guettent pendant plusieurs semaines et un jour, Zelinda, tel est son prénom, finira pas poser Sa question : « Est-ce que, dans un cas spécial, tout à fait différent des autres, sans faire de mal à personne, quelqu'un pourrait avoir la permission de finir un peu plus tôt ? ». le prêtre ne saura lui répondre que la sauce convenue de l'Eglise et ne saura pas aider et rejoindre Zelinda. Il se retrouve face à son inutilité et part.

Ce livre si beau est un chant mélancolique sur la solitude, le silence uniquement rompu par le bruit des clarines. C'est une ode à la beauté de cette région que Silvio D'Arzo décrit tel un peintre.

Ce petit livre est un vrai bijou à lire, relire encore et encore. Je dois le rendre à la bibliothèque, mais une chose est certaine : je vais me l'acheter pour me repaître de cette poésie. Il n'y a pas besoin d'action, de circonvolution pour faire un beau livre. Silvio d'Arzo nous en fait une démonstration magistrale.

Un vrai et réel coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          100
"Les moments essentiels sont ceux où ils ne se passent rien"
En ce sens, ce livre est essentiel car de l'action il n'y en a pas mais alors pas du tout. Cela dit l'action n'est pas forcément essentiel pour apprécier un livre alors même si ce dernier relate des choses simples de la vie avec ou sans action si le tout est bien emmené moi je dis allons y!
Il s'agit d'un prêtre habitant une province italienne isolée a une époque mystérieuse qui va rencontrer une vieille dame que le temps allié au durs labeurs n'ont pas épargné.
Dans un climat rendu austère et oppressant par la plume de l'auteur, ces deux la vont se tourner autour. le prêtre attendant la question de sa vieille, question qui ne trouvera pas de réponse.

J'ai apprécié le talent d'écriture puis je me suis ennuyé ensuite j'ai su ré apprécié le talent d'écriture puis... je me suis ennuyé et enfin...! Ah non, je me suis ennuyé.

Un livre qui a reçu des critiques favorables mais pour ma part je n'ai pas compris ou l'auteur voulait en venir si ce n'est que pour rien au monde je voudrais aller dans cet endroit froid et rugueux avec des gens à l'image de l'endroit. Je note cependant une réelle qualité d'écriture et les dialogues entre le prêtre et la vieille dame sont les points centraux du livre. Un livre qui se veut court mais qui, par moment, m'a assommé comme s' 'il faisait 800 pages !

Maison des autres est un livre que je qualifierais sauvagement "d'intellectuel" dans le sens ou il faut comprendre une ambiance, un message plus ou moins dissimulé entre les lignes mais au dépend du divertissement et quand un livre ne me divertit pas je passe la main.

Un livre qui me plaît est un livre qui me marque et que je garde en tête des jours, des mois durant ici je fais la critique à peine quelques jours après l'avoir lu et je peine déjà à me reimprégner de l'histoire.

Merci a babelio ainsi qu'à la maison d'édition pour ce livre car il n'y a pas plus grand plaisir de découvrir les univers d'auteurs méconnus, que nous les apprécions ou pas cela reste un grand enrichissement.
Commenter  J’apprécie          70
Silvio D'Arzo, né Ezio Comparoni, a peu publié de son vivant et a laissé de nombreux inédits derrière lui lorsqu'une leucémie l'a emporté en 1952, alors qu'il n'avait que 32 ans. Maison des autres est un de ces titres. Un court récit d'une soixantaine de pages, considéré par certains comme un des chefs-d'oeuvre de la littérature italienne.

Il s'agit ici d'une rencontre, celle entre un curé dont la jeunesse est bien loin et une femme du même âge, qui n'attend plus rien de la vie. Juste ça. Oui. Mais pourtant. Tout est là. Dans cette question qu'elle finira par poser. Une question grave, mûrement réfléchie, qui viendra à son heure et s'inscrira dans le pudeur et le silence qui unissent ces être tous deux démunis, mais de façon bien différente.

Un récit sobre, sans grand éclat, qui n'est pas sans rappeler Maupassant, pour lequel l'auteur avait une grande admiration et sur lequel il avait écrit, comme le note Attilio Bertolucci dans sa préface, récit suivi par la nouvelle intitulée Un moment comme ça. À découvrir.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
Commenter  J’apprécie          70
Montelice, petit village perdu des Apennins. Les gens « vivent et c'est tout ». Leur curé n'a donc plus aucune illusion. Mais un soir, une vieille femme vient le trouver pour lui poser une question.

Maison des autres est un roman sec, qui ne s'embarrasse pas de longues descriptions ni d'adjectifs. C'est un texte réaliste qui nous pousse à nous poser des questions philosophiques : à quoi bon vivre sans espoir ? Dans des conditions de vie aussi difficiles que celles des habitants de ce village, est-il possible de faire un choix ? À quoi sert la religion ?... le narrateur de l'histoire est un curé désabusé, qui se contente d'une vie sans surprises, en respectant les règles, la tradition. Sa rencontre avec une vieille dame solitaire est comme un éclair dans sa vie morne : elle le pousse à s'interroger à nouveau, à essayer de comprendre ce dont elle essaie de lui parler… L'intrigue, elliptique, s'appuie sur le dialogue plein de tension qu'il noue avec cette femme secrète, qui se dévoile peu.

Un texte court et percutant.
Commenter  J’apprécie          40
Ceci n'est pas un livre d'aventures. C'est qu'il s'agit précisément de LA grande aventure humaine et d'ELLE uniquement.
L'auteur a gratté les os de la vie il ne reste que l'épure : un paysage sombre et austère ; une chèvre au regard humain qui passe la tête à la porte ; des villageois peu bavards ; les réflexions d'un curé soumis à un cas de conscience ; les tourments d'une vieille femme ; la mélancolie de l'heure qui précède le coucher du soleil ; le respect dû aux morts.
Mais de la vie il reste l'essentiel : une communauté humaine à la fois distante et soudée ; le cycle des saisons ; l'importance des paroles prononcées ; le respect dû aux aux morts.

Commenter  J’apprécie          33
Une écriture pure. Une histoire singulière, triste mais merveilleusement racontée. Un bijou.
Commenter  J’apprécie          30



Autres livres de Silvio D'Arzo (1) Voir plus

Lecteurs (195) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
831 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}