AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le cycle clandestin, tome 2 (17)

L’attitude des étrangers après l’assaut est également source de nombreux reproches. Certains sont justifiés, Fox le sait, il était présent, même si ses interlocuteurs du jour ne l’ont heureusement pas reconnu, d’autres sont de pures inventions. Insultes à destination des hommes, mises en joue, vrai. L’agression, pour choquer, soumettre, contrôler, une tactique nécessaire et à double tranchant. Interrogations musclées, faux. Tout le monde s’était tiré vite fait une fois pigée la manœuvre de l’ennemi, rester dans le coin semblait inutile. Manque de respect vis-à-vis des femmes du village, des soldats auraient uriné devant l’une d’entre elles et en auraient violé une autre, faux. Un classique, emprunté à la propagande djihadiste. Flingage d’un âne sans raison, vrai. Mais pas sans raison. L’animal se trouvait seul dans un champ contigu à la ferme attaquée, chargé de marchandises difficiles à identifier de loin et se rapprochait. Potentiellement porteur d’un IED, ce n’aurait pas été une première, il avait été abattu par les militaires.
Commenter  J’apprécie          30
Javid est allongé sur son lit. Il s’y est recouché juste après la première prière du matin et garde les yeux fermés, endormi ou feignant de l’être. De temps en temps, son ventre gargouille, il a faim. Ils ne leur ont rien donné à manger avant le lever du jour et c’est le ramadan, il lui faudra donc maintenant patienter jusqu’au coucher du soleil. Une contrariété de plus.
Son fixer ne lui a plus dit un mot depuis la veille mais cela ne dérange pas Peter. Lui-même n’a pas ouvert la bouche ni quitté la fenêtre où il s’est installé à l’aube. Réveillé par les messes basses incantatoires de son compagnon, il n’a pu retrouver le sommeil ensuite. Leurs volets sont clos, verrouillés par un cadenas solide, mais à travers les arabesques taillées dans le bois il peut apercevoir un jardin en contrebas, avec sa pelouse tondue au cordeau et ses banians. Trois sentinelles discutent à l’ombre de l’un des arbres, en ourdou, la langue du Pakistan. Ils sont armés de fusils d’assaut mais ne ressemblent pas aux hommes qui les ont escortés jusqu’ici, ils n’ont pas l’air de talibans.
C’est la première chose qui a rassuré le journaliste hier soir, à leur arrivée, quand les cagoules de jute leur ont été retirées, juste avant d’être enfermés dans cette chambre. Fayz, le chauffeur à la kalachnikov, et ses frères d’armes rejoints à la frontière avaient disparu. Il ne restait plus que ces gardes-là, à l’allure beaucoup moins rude. Plus tard, lorsqu’un serviteur est venu les chercher avec déférence pour le dîner, Peter a su, il ne leur arriverait rien.
Commenter  J’apprécie          20
Depuis hier soir, c’est toujours la même réponse, quelle que soit la question. Sher Ali referme de force la main abîmée et se met à serrer. Il ignore le sang poisseux dans sa paume, et les craquements qui s’ensuivent, et les fragments de phalange enfoncés dans sa chair, et la plainte rauque, et les secousses violentes pour se libérer. Sher Ali serre et serre et serre, ça gicle entre ses doigts, lui-même se met à crier, tout à sa haine. Il veut désintégrer cette main, la faire disparaître, faire disparaître cet homme et la réalité à laquelle il appartient. Où rien n’a plus le moindre sens.
Juste derrière lui, il y a Dojou. Il ne l’a pas vu arriver. Un temps, l’Ouzbek ne bouge pas puis il grogne, a un geste d’apaisement. Sher Ali relâche sa prise, il est à bout de souffle. Le supplicié est à bout de souffle. Ses combattants sont à bout de souffle.
Dojou tient un gros pistolet noir moderne. Prise de guerre. Avec le canon, il pointe vers le majeur de l’Américain.
Sher Ali acquiesce.
Commenter  J’apprécie          20
Maintenant accroupi auprès du captif, Sher Ali soulève délicatement le membre mutilé. Il l’examine. L’index a été presque entièrement pulvérisé. Reste un bout de phalange aux arêtes saillantes auquel s’accrochent des lambeaux de chair et de peau ensanglantés. Le majeur est entaillé profondément, ainsi que la paume. Le shrapnel d’os. On en voit encore des bouts. L’Américain essaie de fermer son poing, gémit de douleur, s’agite un instant et se calme puisqu’on ne lui fait rien pour le moment.
Commenter  J’apprécie          20
Il est temps de s’approcher du prisonnier. Les hommes du Roi Lion le maintiennent au sol, couché sur le dos. Entièrement nu. Un corps bien nourri, puissant, comme celui de beaucoup de ses semblables. Marqué par les combats. Marqué par la nuit passée. Lui, c’est un guerrier. Il le leur a prouvé hier, à Jalalabad, pendant l’embuscade, et au cours des dernières heures. Il ne capitule pas, refuse de répondre, encaisse les coups, se plaint, les insulte et encaisse encore.
Dojou a suggéré de changer de méthode. Il y a longtemps, des frères tchétchènes lui ont montré une torture avec les doigts, qui marche bien, il l’a déjà utilisée plusieurs fois. Le laquais de Tajmir a voulu essayer.
Commenter  J’apprécie          20
Tous, ils l’ont laissé tomber. Même Viper. À cause de Fox. « ENCULÉS ! » Ghost, lui, il les lâchera pas. On appuie sur sa main. Non, non, non. Fais pas ça. Le mec qui lui est monté dessus a posé le canon d’une kalache au bout de son index libre. Fais pas ça. Le coup part. Ça résonne dur. Ghost gueule. « ENCULÉS ! » Et il se marre, genre incontrôlable, en voyant le taleb sautiller dans la pièce en hurlant de douleur. Fallait m’écouter, connard, c’était sûr que t’allais te niquer le pied, t’étais trop près. Ghost en chie aussi mais il continue à se marrer. Ça fait un mal de chien mais il se marre. Elle vibre sa main, il a l’impression qu’elle va lui péter à la gueule, il se marre quand même. Il tremble de partout mais il peut tenir, il a connu pire. Il se marre, fort, et il pleure et ses yeux restent sur le haji bondissant. Il ose pas regarder son index, il a plus d’index. Il veut même pas bouger sa main. Il se dit va falloir apprendre à tirer avec le majeur. C’est con cette réflexion, si ça se trouve, il aura bientôt plus de majeur non plus. « ENCULÉS ! »
Commenter  J’apprécie          20
Avant Rider. Qu’est crevé. Et lui qui s’est fait choper. Il va y passer, c’est sûr. Il se met à chialer mais il se reprend. Il a froid. Il sue mais il se les gèle. Avant. Loin. Joli. Joli, il sait plus ce que c’est. Ou quand c’était. Putain, ça fait tellement longtemps. Il se laisse couler, profond ils ont dit, et il cogite
Commenter  J’apprécie          20
Mon doigt. Ghost pense ils en ont après mon putain de doigt. Il pige pas tout ce qu’ils se racontent dans leur langue de merde, mais ce qu’ils veulent, quand ils le foutent par terre et lui tordent le bras, ça oui, il a capté. Tu marches sur ma main, enculé, dégage de ma putain de main. Le haji blond a aboyé des ordres, ça a discuté ferme et maintenant, y en a un qui lui écrase la main avec son pied cradingue. Il lui fout son putain de panard sous le nez et il lui broie la pogne. « ENCULÉS ! » Il gueule, Ghost, de toutes ses forces. Il lui en reste pas beaucoup mais il gueule. Il a la pétoche, là. Il se remet à trembler. Il a chaud. L’autre lui broie la pogne, il se demande pourquoi. Sauf un doigt, il se demande pourquoi. Pourquoi ils en ont après son doigt. « ENCULÉS ! » Il gueule encore. C’est pas la première fois depuis hier. Il a gueulé quand ils l’ont sorti de la caisse et il a gueulé quand ils l’ont foutu dans cette cave pourrie et il a gueulé quand ils ont commencé à le cogner. Et à le cogner. Et à le cogner. « ENCULÉS ! » Il s’est battu, il avait la frousse déjà, Ghost, mais il s’est débattu, et il se débat encore, là, il se laisse pas faire, il la boucle, il lâche rien. Nib. Nada. Que. Dalle. Malgré la douleur et la trouille et leurs questions à la con. Allez vous faire… Putain, mais ma main, merde. « ENCULÉS ! » Parfois c’est trop dur alors il arrête et il plonge, profond, c’est ça qu’on lui a appris à Mackall, penser loin, joli. Avant. Avant toutes ces conneries. « ENCULÉS ! »
Commenter  J’apprécie          10
Les talibans voulaient anéantir le commando de 6N en paix. Ils ont presque réussi.

Les soldats retrouvent les survivants couverts de suie et de poussière, les visages striés de coulures de sueur et de sang, dissimulés dans un amas de rochers, au pied de la colline 3721, en bordure d'un oued. Ils ont eu beaucoup de chance. La première salve de mortier était trop longue, elle n'a pas atterri sur la maison, contrairement aux instructions, mais au-delà. Les deux suivantes, en revanche, corrigées par les observations de l'équipage du drone, ont fait mouche. Fox, Tiny et les autres étaient déjà suffisamment loin. Leur salut s'est joué à un coup de vent et quelques dizaines de secondes. Ils le savent, cela se lit dans leurs yeux. Ils ont le regard de ceux que la mort est venue saluer et a laissé filer, pour un temps.
Commenter  J’apprécie          10
Moins de trois minutes après le début de l'embuscade, Fox a déjà perdu deux hommes et une partie de sa capacité de combat. À en juger par le déluge de plomb qui s'abat sur eux, les insurgés sont nombreux. De brefs coups d'œil lui permettent d'évaluer l'effectif adverse à une trentaine de combattants au bas mot, difficile cependant de bien voir entre les arbres. Ils sont proches, moins de cinquante mètres, et déjà quelques-uns traversent la piste en contrebas, pour leur couper la route et les prendre à revers par le nord. De l'autre côté, Fox ne voit rien encore.
La position n'est pas tenable. Ils sont en dessous de l'ennemi, sur le point d'être débordés et pas en mesure de riposter correctement. Dégager dans leur dos vers le fond de la vallée n'est pas une solution, ils seront plus vulnérables. Il faut impérativement remonter vers le point le plus haut de la colline et, si c'est encore possible, s'emparer de la ruine pour y organiser leur défense.
Commenter  J’apprécie          10







    Lecteurs (57) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

    Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

    seul
    profond
    terrible
    intense

    20 questions
    2875 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}