Citations sur Pukhtu (112)
Pour préserver la confiance, il a même organisé volontairement sa succession et adoubé un ancien du Quai d’Orsay issus de l’énarchie, donc insoupçonnable, ex-ambassadeur essentiellement réputé pour le faste de ses réceptions passées. Et ses frasques sexuelles. Un idiot utile, mondain et priapique, à l’impeccable vernis, comme il s’en épanouit tant sous les ors de la République.
Tout le mal de ce monde vient de ce qu’on n’est pas assez bon ou pas assez pervers. Ce n’est pas de moi, c’est de Machiavel. A son époque, l’Italie vénérait autre chose que des footballeurs, des pédés créateurs de mode et des starlettes à gros seins.
Bien qu’on soit en zone de conflit, avec des populations civiles très exposées, souvent de leur plein gré, les morts prépubères ou de sexe féminin ont une fâcheuse tendance à provoquer des élans de compassion absurdes et d’intempestives ouvertures de parapluie, pardon, d’enquêtes.
De toute façon on se marie tous par flemme. Ou par fatigue. Ceux qui racontent le contraire disent des conneries. On cherche, on cherche, un jour on en a plein le cul, on dégote une qui a faim et on la garde, c’est pas exactement ce qu’on voulait, on se fait un peu chier, mais c’est pratique.
- Pratique jusqu’à ce qu’elles demandent une pension alimentaire.
- La tranquillité n’a pas de prix.
Elle n’a commencé à creuser du côté de la jeune Chloé que le lendemain, en allant au plus simple, le Who’s Who 2.0, Facebook, le plus mouillé des rêves mouillés des nostalgiques de la Stasi.
Sans la moindre hésitation, Sher Ali accepte cet honneur et exécute Manzour, ce traître vendu aux mécréants. Sang et matière cérébrale giclent derrière le crâne explosé, aspergeant un petit qui se tenait trop près, sur le côté. Il n’a pas bronché. Personne n’a bronché. Le corps s’effondre au sol et l’odeur de poudre brûlée envahit l’espace confiné. Dans la tête de chacun retentissent les échos de la détonation. Un des instructeurs engueule le garçonnet souillé, il aurait dû faire attention à son gilet lesté de pains de plastic, et lui file une beigne. L’enfant se met à pleurnicher.
Cette nuit-là, une des gamines partouzées, une ado serbe attrapée près de la frontière deux semaines auparavant, meut d’une overdose vers quatre heures du matin. Ghost ne s’en aperçoit pas, il y en a tellement des pouffes à cette teuf, et bien avant qu’il ne redécolle, elle a été balancée dans l’une des décharges de la ville.
Peter n’entend pas la dernière remarque, déjà emporté par ses cogitations. La CIA et Longhouse seraient donc organiquement très proches, consanguines sur le plan financier et leurs liens renforcés par l’existence, parmi leurs dirigeants, d’un réseau d’anciens allègrement passés du public au privé sans déceler dans ces changements de casquette intempestifs le moindre conflit d’intérêts. Ou en ne le voyant que trop bien, mais pourquoi s’emmerder. Vieille histoire. L’aveuglement sur son propre modus operandi d’un système désormais en roue libre, la disparition de toute forme d’honorabilité en faveur du fric roi et le traumatisme d’un 11-Septembre autorisant les réactions expéditives sont autant de conditions ayant permis, en Amérique, l’élan de privatisation de la chose militaire sans précédent constaté à l’occasion des invasions de l’Afghanistan et de l’Irak. Pour les hérauts du capitalisme, l’enjeu commercial premier de ces deux guerres n’a jamais été la captation des richesses des pays en question mais la guerre elle-même, source d’immenses profits.
La guerre est mère de toutes les commémorations mais c'est une mauvaise mère, elle ne respecte rien, ni les grandes idées, ni les hommes, elle les dévore et leur survit. Toujours.
Le temps est une rivière qui coule et use. Et le passé ne revient pas.