Il n'y a plus d'heures. Il n'y a plus de dates. Désormais, il n'existe que des prochainement, des plus tard. Plus de jours, plus de nuits non plus. Juste moi dans cette maison silencieuse et mon chagrin.
On n'a pas besoin d'un Dieu pour rétablir une part de sacré dans son existence.
La vie a repris malgré la douleur, malgré l'impression que plus rien ne sera jamais pareil, que le monde s'est arrêté. Pas pour moi... Moi je suis restée loin de tout, du bruit,
de l'agitation, de l'existence du commun des mortels. Je suis restée dans ma maison, à fixer des objectifs loufoques sur mon mur et des couleurs dans mon saule. Ce n'est pas la vie normale, c'est une autre vie que je m'efforce de bricoler, une vie sur mesure, qui
s'adaptera à mes pas hésitants et laissera de la place à mes deux absents.
Je ne me suis absentée qu'une journée, la première depuis que j'ai emménagé, et ma maison m'a manqué. Je m'endors d'une jolie humeur, ce soir-là. Ma première conversation avec Benjamin, ma rencontre avec Mae, ma maison et mon chat retrouvés. Un bonheur rafistolé mais un bonheur quand-même.
Si un grain de blé n'était pas impermanent, il ne pourrait se transformer en tige de blé, et si la tige de blé n'était pas impermanente, elle ne pourrait donner l'épi que nous mangeons.
La radio crache la voix de Jacques Brel . Il y a deux sortes de temps : il y a le temps qui attend et le temps qui espère .
Comment font les gens ? Comment peuvent-ils voir leur univers s'écrouler et reprendre leur vie à l'identique ? Retourner au travail au bout de quelques jours, continuer de vivre dans le même appartement, fréquenter le même quartier ... C'est au-dessus de mes forces. Ils ont quitté mon monde brutalement tous les deux, durant cette même nuit, et à partir de ce moment là ce monde là, celui dans lequel j'évoluais, je respirais, je me réveillais depuis vingt neuf ans, ce monde là a cessé d'exister.
Je crois qu’au fond, c’est à cela qu’on mesure l’amour que l’on porte à quelqu’un… à la foule de détails insignifiants qu’on collectionne précieusement sur lui.
Tout en douceur, avec une plume magnifique, fluide et très porteuse d’émotions, l’autrice nous emmène en pleine nature au milieu des fleurs et des arbres où il est question de » faire renaître la vie sur une terre stérile et depuis longtemps abandonnée « . Et c’était superbe.
La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste - Victor Hugo