"L'homme est à la fois le labyrinthe et le promeneur qui s'y perd", écrivait
Grégoire Lacroix dans le recueil de nouvelles "Si la vie est un cadeau".
Dans ce dédale des hommes multiples,
Roger Dadoun délaisse l'homo sapiens, l'homo faber ou l'homo politicus pour pointer d'un doigt interrogateur notre masse d'homo patibulus : "Foule, ton nom est violence ?"
Car la violence est (h)omniprésente dans cette existence, et l'auteur la débusque à chaque étape de notre parcours, dès la Genèse, dès le petit théâtre sanglant de la naissance, -à l'origine du mythe du paradis perdu ?-, et jusqu'après la mort dont les revenants effraient les vivants.
"En nous tous, toujours, au coeur, aux creux, au plus intime de notre être, un enfant est battu".
La violence est universelle et égalitaire, et nous sommes ses fils préférés, nous, loyaux sujets de Sa Majesté des Mouches.
Le tour de Dadoun englobe le terrorisme, sorte de ménage à trois aux mécanismes complexes, les génocides ou encore les rapports entre le pouvoir et la violence. L'actualité se fait complice de l'essayiste : ses arguments de 1994, n'ont pas pris une ride. Ses définitions sont toujours correctes, ses réflexions sont d'une const(ern)ante actualité.
Au final un bon essai bien écrit, facile à lire, un peu court, mais surtout un "effrayant bilan de nature à entretenir en nos âmes une infinie désespérance", avec pour tout remède "des prothèses culturelles qui sautent à la première occasion."
Un opuscule à ranger à côté de la Tentation de l'Innocence, La Profanation des Vagins, des livres de
Michaël Prazan et de votre boite de Prozac.
Oh la la la vie en rose...