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Si la mort n'oublie personne, l'humanité a appris progressivement qu'une société sans oubli est tyrannique et c'est pourquoi la prescription grave dans la loi les conditions dans lesquelles il n'est plus possible de juger un délit. Cette loi de l'oubli est, au même titre que l'interdiction de l'auto justice, un marqueur intangible du niveau de civilisation atteint.

Didier Daeninckx illustre avec l'histoire de Jean Ricouart, la tragédie d'un patriote pris dans l'engrenage de l'occupation en pays minier qui rejoint un groupe de résistants au printemps 1944, participe à deux actions clandestines, est arrêté par la milice, incarcéré, déporté en Allemagne, libéré par l'armée rouge, rentre en 1946 pour épouser Marie … et se retrouve inculpé en 1948 et condamné pour vol et complicité d'homicide.

En 1963, Lucien, leur fils, se noie pour fuir l'opprobre des collégiens pour qui il reste « le fils d'un assassin » … la population n'a rien oublié, rien appris des années noires et le poison de la rumeur assassine lentement et surement.

Vingt cinq ans plus tard, Marc Blingel, compagnon de jeu de Lucien Ricouart, prend le risque de rouvrir l'enquête sur les événements de 1944 et constate que Jean a été manipulé et exploité dans un règlement de comptes familial qui n'avait rien à voir avec l'occupation ou la résistance. Funeste révélation qui provoque un nouveau drame …

En 1963, comme en 1988, la mort emporte des victimes d'un passé qui n'a pas été oublié et, en fermant ce livre, le lecteur ne peut que s'interroger sur la culpabilité de Marc Blingel qui, en ne respectant pas le droit à l'oubli, provoque un séisme mortel.

Un fois encore, par une enquête policière, Didier Daeninckx, analyse finement une atmosphère, une époque, un milieu, une région, et pose une question juridique et philosophique d'une brulante actualité en nous rappelant que si la mort n'oublie personne, la justice doit oublier des coupables pour préserver la paix … vaste débat convenons en !
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Une relecture que je ne regrette pas. Une de ces histoires courtes dont Didier Daeninckx à le secret. l'histoire de gens sans histoire ou presque, pleine d'humanité. l'amour des laissés pour compte, des héros de l'ombre qui vivent le silence. La vie est cruelle pour ceux qui n'ont rien à se reprocher. à lire.
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Un roman cruel, pessimiste mais ô combien crédible. de la Résistance à la déportation, du quotidien des cités ouvrières à celui des internats, Didier Daeninckx dresse les portraits de personnages qui supportent les charges de leur enfermement social ou de sinistres manipulateurs bien heureux de leur supériorité.
Écrit en 1989, le déroulement de l'histoire est d'une modernité qui n'a rien à rougir des auteurs étrangers à la mode (Scandinaves, anglo-saxons) : un court chapitre largement postérieur aux événements relatés (pendant la Seconde Guerre Mondiale) introduit le roman et fait planer le doute jusqu'aux dernières pages. D'une vision centrée sur le récit de quelques années du personnage principal, notre regard s'élargit au poids de la Grande Histoire sur l'individu, et questionne la notion subjective de "fatalité" à laquelle il est facile de s'abandonner.
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Recueilli au magnétophone le témoignage d'un ancien résistant du Nord nous fait toucher l'histoire à hauteur d'homme. Jeannot Ricouart prend la parole à contre-coeur. C'est douloureux. Il préfèrerait tourner la page définitivement. Pas de tentative de la part de l'auteur de restituer la parole imparfaite ou maladroite de l'ancien ouvrier d'Usimeca. Malgré ses hésitations et ses réticences Ricouart relate son expérience avec précision et concision. Quelques faits de résistance, essentiellement l' élimination de collaborateurs, des faits somme toute assez communs, constituent les faits de gloire de Ricouart. Progressivement ils vont prendre une ampleur dramatique. Avec l'arrestation, la déportation et surtout le jugement de Ricouart en 1948 la montée en puissance du récit va s'accélérer jusqu'à la fin.
Au-delà de l'histoire émouvante, Daeninckx soulève des questions restées en suspens.
En 1948 les procès d'après-guerre peuvent avoir lieu. Mais qui sont les fonctionnaires en place? Quelle a été leur attitude pendant l'Occupation? Comment faire confiance à une France où peu de temps avant ils avaient dû servir l'État français de Pétain, une France avec "tous ceux qui ont trafiqué avec les nazis, qui ont dénoncé leurs voisins juifs, qui ont envoyé une lettre à la Kommandantur... la moitié du pays", une France de résistants , ici des FTP, où là aussi tout n' était pas si limpide.
Une réflexion sur la difficulté du pardon , de l'oubli.
Un roman nécessaire basé sur des faits réels. Une fois encore Daeninckx démontre sa connaissance et sa passion du terrain, de l'atmosphère si particulière du Nord aux eaux glauques de l'époque.






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Roman noir dont certains des éléments sont tirés de faits réels.

Un journaliste tente de reconstituer des faits qui se sont déroulés d'une part lors de la seconde guerre mondiale et de l'autre sur le décès d'un ami de collège, les deux protagonistes de l'histoire étant un père et son fils.

Pas de Calais , les années de guerre, un jeune homme entre dans la résistance pour défendre ses idéaux et sont pays.
Deux attentats plus loin, il est fait prisonnier par la milice , déporté et à son retour de camp de nouveau interpelé mais cette fois-ci par la justice qui le juge comme terroriste et assassins; ainsi s'enchaînent les évènements qui conduiront à restaurer une part de vérité.

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La classification des éditeurs est parfois mystérieuse: pourquoi dans une collection "policiers"?
Ne vous laissez pas éloigner par cette étiquette incongrue. Il s'agit d'un récit formidable sur la Résistance, pas celle des héros célébrés lors des commémorations, mais celle des sans-grades, des gamins, des ouvriers , des facteurs. Il est question aussi, ou surtout, de la douleur , des trahisons, des corruptions, et puis du Nord, des terrils, des mines, des quartiers rebâtis à la hâte, affublés de noms porteurs d'avenir dans des villes que l'avenir a désertées quand la mine a fermé.
Un livre qui me donne envie de découvrir l'oeuvre de D.Daeninckx.
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La mort n'oublie personne, « Ce cri contre l'injustice », comme nous l'a dédicacé Didier Daeninckx, lors de Sang d'encre, à Vienne, débute à Blavaincourt, le 8 mars 1963, dans une école professionnelle des Charbonnages de France. le jeune Lucien Ricouart n'en peut plus d'être toujours traité de « fils d'assassin » et il prend la fuite pendant que la troupe charge une manifestation de mineurs…
Le jeune Lucien est retrouvé noyé après avoir écrit, sur la terre : « Mon père n'est pas un assassin. » le récit revient alors en arrière, le 20 juin 1944, à Cauchel, et c'est Jean Ricouart, père de Lucien, retraité, qui raconte. Il avait 17 ans et résistait contre l'occupant. Ayant suivi Moktar pour tuer un soldat allemand, le coup tourne mal et Moktar est abattu alors qu'il protégeait la fuite de son jeune camarade. Ce dernier est obligé de se cacher, trouve l'amour avec Marie et, chez le facteur Lenglart qui l'héberge, il découvre les lettres de dénonciation envoyées par « les bons Français » à l'occupant nazi…
Justement, une nouvelle mission, avec le Capitaine Camblain, l'emmène dans une ferme où le père est un dénonciateur et le fils, délégué cantonal de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme. Auparavant, une autre mission, chez un imprimeur, ne s'était pas bien passée… le 5 juillet 1944, Jean Ricouart est arrêté par les Miliciens, battu et torturé. Il se retrouve dans la prison de Loos-lès-Lille où un co-détenu, instituteur, s'occupe de lui : « Il me fit connaître Rimbaud et Trenet, Fréhel et Apollinaire. »
« On nous transféra la veille du 14 Juillet, au petit matin. Les matons, des Français pour la plupart, nous éjectèrent de nos cellules à coups de matraques et nous remirent aux Allemands… » C'est ainsi que commence ce voyage vers l'enfer partagé avec tant d'autres et dont témoigne un numéro tatoué en bleu sur son bras. Après cinq jours d'horreur, c'est le camp de Shorfheide-Neumark puis les marches de la mort car les SS ne veulent pas laisser de traces de leurs crimes contre l'humanité.
Lorsqu'il revient enfin, il pèse à peine 34 kg et il est un ancien déporté de… 19 ans. Il retrouve enfin Marie et l'épouse en août 1947 mais voilà qu'il est convoqué par un juge d'instruction, accusé de complicité de meurtre et jeté en prison ! Il sont six anciens résistants devant un jury composé de riches paysans, de commerçants et de notables, « le Peuple français jugeait en toute sérénité des inconnus venus du pays des gueules noires, les assassins d'un fermier et d'un notable… Les jurés qui avaient dormi sur leurs deux oreilles entre 1940 et 1944 après avoir compté l'argent du marché noir… »
L'avocat général et les juges étant d'accord entre eux, ils sont tous condamnés mais des années après, la bêtise et la méchanceté ont tué un jeune homme qui ne supportait pas la calomnie. Après d'inattendues révélations, l'épilogue arrive enfin. Il faut lire "La mort n'oublie personne" car ce que décrit Didier Daeninckx est toujours d'actualité, hélas.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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La lecture de la mort n'oublie personne constitue pour moi une découverte de l'oeuvre de Didier Daninckx. Autant dire d'emblée que la rencontre est réussie. Je ne reviendrai pas ici sur la trame du récit, résumé ci-dessus. On suit le parcours d'un résistant, embrigadé en quelque sorte «par hasard» par un groupe de résistants d'extrême gauche, et qui participe, en définitive, à un nombre très restreint d'expéditions punitives. le roman interpelle de manière simple, mais décisive sur les motivations de la résistance, sur la manière dont la population et la justice s'étaient, sous Vichy, accommodées du pouvoir de l'occupant. Résister, c'est avant tout faire oeuvre de justice, semble vouloir nous dire Daeninckx. Résister, c'est résister à l'occupant, résister à la tentation de lui donner trop d'importance, de se complaire dans le confort de sa présence. Résister n'est pas faire oeuvre de vengeance, mais de justice, même si le prix à payer est immense, en définitive.
Un roman qui ne se résume pas à la simple narration d'une histoire fictive – mais une histoire tellement crédible. Un livre qui, nourri d'une connaissance de l'histoire, propose une lecture des faits au lecteur et l'invite à la réflexion et à prendre position. Un polar où l'on n'est certes pas pris dans une atmosphère «psychologique», ou de tension permanente. Mais un roman tel que j'aimerais en lire au quotidien!
Lien : http://les-lectures-de-thibe..
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Á vous dégouter de lutter contre la bêtise et la méchanceté.

Un historien enquête, 40 ans après les faits, sur les quelques semaines d'engagement qui ont changé de manière irréversible la vie d'un modeste résistant du Nord.
Et l'on commence par la mort de son fils, désespéré d'avoir été de son vivant conspué comme "fils d'assassin"...

Tragique et émouvant, un formidable roman de Didier Daeninckx. La structure du livre est admirable, avec un dizaine de chapitres, qui pas à pas mènent Jean Ricouart vers une descente aux enfers, dont on se surprend à découvrir que la situation qu'il vit peut devenir encore pire.

Jusqu'au dénouement, où les conclusions des investigations de notre historien de narrateur nous clouent sur place.
Mettant en lumière des liens insoupçonnés entre certains protagonistes, mais aussi la raison pour laquelle il s'est intéressé à ces événements.

Je ne peux rien dévoiler, tout est à découvrir par vous même, un très, très intense roman, doublé d'un excellent moment de lecture.
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Beaucoup plus qu'un roman policier, c'est avant tout le récit des années de guerre d'un jeune homme. Son entrée dans le monde du travail, à l'usine et puis, son passage quasiment naturel dans la Résistance.

L'époque est propice à bâtir des histoires plus ou moins vraisemblables, plus ou moins captivantes. Celle-ci est à la fois passionnante et crédible.

Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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