A la fois pessimiste et confiant.
Ayant entendu parler maintes fois de ce « petit » livre, je ne l'avais jamais lu. L'écoute du DVD du concert Corps de mots des Têtes raides m'en a donné définitivement l'envie et ce fut une lecture plus que bouleversante.
Avant de sombrer dans le mutisme et de se donner la mort en 1954, l'auteur a laissé cet opuscule dans lequel il développe sa vision à la fois idéaliste et tourmentée de la vie. La beauté du monde l'enchante, c'est une certitude, mais tout s'écroule devant le constat d'un monde injuste, cruel et hanté par la mort. Ainsi, il écrit :
« Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l'éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. »
Il oscille entre le constat d'une grande désolation empreinte d'une inexorable vanité et une aspiration éperdue au bonheur, une rage dévorante de vivre. Son incapacité de vivre et sa recherche de consolation sont malheureusement impossible à rassasier et « la dépression est une poupée russe et, dans la dernière poupée, se trouvent un couteau, une lame de rasoir, un poison, une eau profonde et un saut dans un grand trou. »
Stig Dagerman se suicidera, deux ans après avoir écrit cette longue lettre poétique, à l'âge de trente-et-un ans.
Ecouter le texte chanté par
Christian Olivier et mis en musique par Les Têtes raides...
Lien :
http://www.youtube.com/watch..