Citations sur James et la grosse pêche (14)
... chaque grain de cette terre où tu marches, chaque petit grumeau de terre que tu vois est passé par le corps d'un ver de terre !
Car, un matin, il lui arriva quelque chose de plutôt insolite. Et cet événement qui n'était que PLUTÔT insolite allait bientôt donner lieu à un autre qui, lui, était FRANCHEMENT insolite. Et celui-ci, à son tour, allait déclencher un autre événement que je n'hésite pas à qualifier de FANTASTIQUEMENT insolite.
-N’ayez pas peur !cria James. Nous sommes heureux d’être ici !
-Et tes amis ?demanda le chef de police.Ne sont ils pas dangereux ?
- Pas le moins du monde !répondit James .Ils sont plus gentils les uns que les autres !Permettez-moi de faire les présentations .Puis vous serez tout à fait rassurés !
- Elle POUSSE !" cria tante Piquette. elle devient de plus en plus grosse !
- Qui ça ?
- La pêche, voyons !
Et, sans attendre la réponse, elle produisit aussitôt un long fil de soie et en attacha le bout à la tige.
Tante Eponge :
"Ma pauvre vieille haridelle,
Vous n'avez que la peau sur les os !
Tandis que moi, c'est certain,
Je n'ai qu'une seule ambition :
Etre vedette de cinéma
Voilà ma vraie vocation.
Là, ma beauté, avec ou sans voiles,
Fera pâlir toutes les étoiles !"
Tante Piquette :
"Vous ferez, chère sœur, c'est certain
Un admirable Frankenstein."
James Henry Trotter et ses amis demeurèrent donc accroupis en haut de la pêche tandis que la nuit s'épaississait autour d'eux. Des nuages gros comme des montagnes accoururent de toutes parts, mystérieux, menaçants, impérieux. Enfin une lune blanche, presque pleine, apparut au-dessus des nuages pour éclairer l'étrange paysage de sa lumière blafarde. La pêche géante se balançait doucement au bout de ses fils multiples qui brillaient au clair de lune d'un bel éclat argenté. Les mouettes, elles aussi, étaient comme inondées d'argent.
Et James Henry Trotter, qui, autrefois, avait été le plus triste et le plus solitaire des petits garçons, avait maintenant pour amis les enfants de la Terre entière. Mais comme ils le suppliaient sans cesse de leur raconter la fabuleuse aventure que fut son voyage à bord de la pêche géante, il commença à se demander ce que serait s'il écrivait son histoire pour en faire un livre.
C'est ce qu'il fit.
Et ce livre, vous venez de le lire.
Il a le goût du désastre. Il a horreur d'être heureux. Il n'est heureux que quand il est malheureux. N'est-ce pas bizarre ? Mais je suppose que le seul fait d'être un ver de terre peut assombrir toute une existence, qu'en penses-tu ?
— Et vous, mademoiselle l’araignée ? demanda James. Vous aime-t-on aussi dans le monde ?
— Non, hélas, répondit mademoiselle l’araignée dans un long et bruyant soupir. On ne m’aime pas du tout. Et pourtant je ne fais que le bien ? J’attrape des mouches et des moustiques à longueur de journées. Je suis quelqu’un de très convenable.
— Je n’en doute pas, dit James.
— On est très injuste pour les araignées, poursuivit l’araignée. Il y a huit jours à peine, ta tante Éponge a chassé mon pauvre père par le trou de vidage de la baignoire.
— Quelle horreur ! s’écria James.
— J’ai tout observé d’un coin du plafond, murmura l’araignée. C’était épouvantable. Nous ne l’avons plus revu.
Une grosse larme roula le long de sa joue pour s’écraser bruyamment sur le sol.
— Mais est-ce que ça ne porte pas malheur de tuer une araignée ? demanda James.
— Bien sûr que ça porte malheur ! cria le mille-pattes. C’est très dangereux ! Il suffit de penser à ce qui est arrivé à Tante Éponge quelques jours après ce crime ! Elle a été écrabouillée par la pêche ! Nous l’avons bien senti en passant dessus. Quelle satisfaction pour vous, mademoiselle l’araignée !
— C’était en effet très satisfaisant, répondit mademoiselle l’araignée.