« Câlice d'ostie de place de cul! » Voilà comment commence « le Chien » de
Jean Marc Dalpé. Gagnante du prix du gouverneur général de 1987, cette pièce est reconnue comme étant un chef-d'oeuvre de la littérature franco-ontarienne.
Bien que le début du « Chien » fasse penser à « Ubu roi », cette pièce n'est pas une parodie. Elle se prend très au sérieux. Hélas, elle ne marche pas de tout. Dans le langage de Dalpé, c'est « un crisse d'écoeurantrie. »
« le Chien » ressemble beaucoup aux pièces que l'on avait montées vingt-ans auparavant au Québec. On y voit des points en communs avec les pièces de
Michel Tremblay («
Les Belles Soeurs », « Hosanna », « À toi pour toujours, ta
Marie-Lou », etc.), de
Michel Garneau (« Quatre à Quatre ») et bien d'autres. Les personnages sont des classes populaires, pauvres et souvent méchants. Les jurons canadiens et les mots de « Joual » tombent abondamment.
Le premier problème est que la dominance du « Joual » dans la langue parlée canadienne-française est un mythe. L'emploi des anglicismes est maintenant et a toujours été le plus grand défaut dans notre parler.
Le deuxième problème est le cliché que les francophones sont en majorité des couches défavorisées de la société. À l'époque où se situent les événements du « Chien », les grandes majorités des franco-Ontariens étaient très aisés. Ils travaillaient dans les secteurs syndiqués (les mines et le bois) et gagnaient bien leur vie. Ils buvaient avec modération, allaient régulièrement à la messe et ne battaient pas leurs femmes.
On ne peut pas dire qu'il n'existait pas de familles chez nous telles que présentées par Dalpé mais il présente une image de la société franco-ontarienne qui est absolument grotesque.
Le dernier problème avec « le Chien » est qu'elle est tout simplement mal écrit. le vocabulaire est pauvre. Les dialogues sont boiteux tandis que les monologues sont trop longs. Dalpé choque beaucoup mais il ne surprend jamais.