— C’est déjà bien passé, fis-je remarquer. Mes yeux ne sont plus injectés de sang.
Clématite me jeta un regard mortifié.
— Quoi ? m’insurgeai-je.
— Oui, mademoiselle, vous avez raison.
— Au fait, repris-je, je suis désolée, Lazare, il y a un cadavre dans votre chambre. Et la tête doit se cacher quelque part sous votre banquette. Je n’ai pas eu le cœur de demander à quiconque d’aller l’enlever.
— Un cadavre ? répéta Lazare en cessant d’évaluer les dégâts autour de lui, abasourdi. Le cadavre de qui ?
— Otto Draconis. Et si vous cherchez Walder, il est dans l’estomac d’Ignace, sous une malle.
Les éclats de rire d’Élias couvraient toute l’activité du rez-de-chaussée. Je me renfrognai. Il avait un problème, le nain ?
Ne pas savoir est excusable, cita Sophie en levant un doigt. Savoir et ne rien faire est intolérable.
- Et vous êtes ? tentais-je.
- Framboise.
Framboise. Charlotte et Framboise. il ne faudrait jamais raconter ça à personnes.
[...]
- Je suis heureuse d'avoir pu vous porter secours, princesse, mais j'espérais vous rencontrer pour une toute autre raison.
- Laquelle ?
- Je suis à la poursuite de l'assassin d'Abricot.
L'assassin d'Abricot. Je clignais des yeux. Je n'avais assassiné aucun abricot, je le promettais. Et Adam non plus, à ma connaissance.
- Oui. Telle que je te connais, tu vas paniquer tout le temps, au décollage et à l’atterrissage du jet par exemple, et je ne saurais pas à quel moment tu as vraiment besoin de moi.
- Hein ? m'insurgeai-je.
- Donc il faut convenir d'un signal.
[...]
- L'idéal, reprit-il sans paraitre remarquer mon attitude, ça serait que tu fasses battre ton cœur en morse et que tu m'envoies un SOS quand tu veux que je vienne.
L'effarement m’empêcha de trouver une repartie intelligente. Faire battre mon cœur en morse?
L'Italie rimait pour moi avec soleil, glaces en terrasse et beaux garçons bronzés à la chemise ouverte. Evidemment, en cette fin octobre, l'homme qui accourut sur le tarmac pour nous réceptionner en bas des marches du jet portait un blouson fermé jusqu'en haut.
"-Tu as envoyé un chauffeur à Sophie, fis-je remarquer.
-Et alors ?
-Les humains normaux n'ont pas de chauffeur.
-Mais si. Presque tous ceux que je tue en ont un. Tu veux que je demande aux mecs en face de moi ? Il y en a encore un qui peut parler.
-Non, ça ira, merci."