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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le noir se fait dans la salle.
Le silence est complet, total, sombre.
Des notes surgissent telle une vague venue ravager le rivage.
Elle enveloppe, submerge, sombre.
Le piano chavire, les oiseaux s'envolent, les pieuvres s'échouent, les sirènes coulent.
A son bord, Paul Wittgenstein.

Sombre écueil d'une vie de la bourgeoisie autrichienne,
Des guerres, des pertes, des malheurs,
Et une amputation.
Regarde ce moignon qui se déhanche autour du piano,
Phénomène de foire, les gens le regardent
Et n'entendent même plus cette musique.
Violence des sentiments
Brutalité du monde,
Etoile jaune qui scintille dans le ciel
Relents nauséabonds qui sortent des égouts du fascisme
Les instants sont toujours plus sombres
Dans cette putain de vie,
Vie d'un virtuose torturé.

Voyage au coeur de la psyche d'un pianiste
A qui il manquait un bras,
A qui un jour il commanda
une oeuvre à Ravel, le
Concerto pour la main gauche.

Roman graphique,
Biographie romancée,
Les dessins sont magnifiques,
Foisonnant de détails
D'une noirceur impénétrable
Mais d'une grandeur psychédélique.

Je m'enferme dans le silence
Dans le noir complet,
J'ouvre mon âme
Et sombre dans ce concerto pour la main gauche
Une nouvelle fois.

Ma version : Krystian Zimerman au piano, Pierre Boulez chef d'orchestre et le London Symphony Orchestra
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Au bout de trois pages, j'ai compris que je tenais là dans mes mains une énorme pépite.
J'ai souvent reproché au biographies d'artistes en bande dessinée de ne rester qu'à la superficie des évènements et de ne pas s'imprégner de l'art dont il est question. Et bien là, je suis totalement subjugué.
Cette bande dessinée est un délice pour les yeux. de ce graphisme en noir et blanc semble sortir du son, des harmonies, des arpèges, c'est un dessin fait de volutes, de subtilités, un dessin sonore et lumineux et ici, c'est de la musique que sortent les images et non les images qui représentent les sons. C'est une ambiance, un univers entier.

L'histoire est inspiré très librement de la vie de Paul Wittgenstein, pianiste autrichien qui perdit le bras droit pendant la première guerre mondiale, c'est pour lui que Maurice Ravel composa le fameux “Concerto pour la main gauche”, c'est aussi une page d'histoire, une époque où l'Europe se déchire, une époque où l'Europe est prisonnière de ses carcans, malade de sa société sclérosée et de ses traditions réactionnaires. Ce Paul Wittgenstein n'est pas un personnage très sympathique, mais pourtant c'est une histoire très touchante pour ne pas dire bouleversante, ce n'est pas tellement l'empathie pour ce pianiste qui nous remue, mais c'est quelque chose de plus universel : l'esprit de l'époque est retransmis par de petits élements, quelques simples coups de crayons qui nous raconte l'histoire, notre histoire, l'art, la musique, l'amour, la haine, la vie, la mort, la guerre, tout ça… Yann Damezin réussi par son graphisme chargé de symbolisme, d'éléments décoratifs, de détails métaphoriques à transcender son propos, c'est une fresque historique poétique, onirique mais sombre et grave, On sent l'influence de David B. On sent surtout qu'il a tout compris à l'oeuvre de David B. et à la création de bande dessinée au point que sa première oeuvre solo est un véritable coup de maître. Parfois un simple dessin dans une planche peut nous amener vers d'autres pensées, car il y a pleins de subtilités qui s'y cachent, on peut rester une heure devant une seule image et découvrir tout un monde, j'ai par exemple devant les yeux une image faisant un rapprochement entre Matisse et les camps de prisonniers. Aucune image n'est neutre, chacune d'entre elle porte une émotion intense, le moindre trait de crayon m'a ému.

Après ça, on ne peut plus écouter le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel de la même façon, ainsi que le quatrième concerto de Sergueï Prokofiev.
“Après tout, qu'importe… puisque le silence est aussi la musique”… puisque la page blanche est aussi du dessin…
J'ai refermé le livre et j'ai fermé les yeux… j'ai attendu un petit moment avant de les ouvrir.

Voilà une bande dessinée où il y a le temps avant de l'avoir lu et le temps après, où ce n'est plus tout à fait pareil et ça, c'est bon.
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Découverte grâce à Babelio et Masse critique, cette bande dessinée est un ouvrage magnifique.

Librement inspirée de la vie du pianiste Paul Wittgenstein, virtuose célèbre amputé d'un bras pendant la première guerre, elle réussit à mettre en relation le dessin et le thème de la musique.
Les dessins en noir et blanc, oscillant entre le surréalisme et le psychédélique, expriment les relations passionnées que le héros entretient avec son instrument et la musique.

Le personnage lui-même n'est guère sympathique.
Né dans une famille bourgeoise et névrosé, lui-même sera toute sa vie égoïste et lâche.
Pourtant le courage qu'il met à reprendre le piano avec une seule main force l'admiration et en fera un pianiste hors du commun.
C'est pour lui que Ravel créera le « Concerto pour la main gauche ».

Mais la force vient vraiment du dessin, de la violence et de la force qu'il donne à cette histoire.
D'autres lecteurs de Babelio ont fait le rapprochement avec David B. En effet, pour avoir lu et été bouleversée par « L'Ascension du haut-mal », je confirme que ces dessins plein de volutes, parfois comme des notes, parfois comme des monstres, expriment le chaos et la violence du tempérament de Wittgenstein.
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Quelle belle découverte!
En voyant la couverture, tellement proche d'un travail de David B., je savais que j'allais de toute façon aimer au moins le graphisme.
L'histoire est celle de Paul Wittgenstein, pianiste à la généalogie dépressive qui a le malheur de perdre un bras lors de la Grande Guerre. Tiré par sa relation complexe avec son piano, il arrive à surmonter son handicap et refait carrière.
Loin du pathos et de l'hagiographie, nous découvrons un homme peu sympathique, d'une intégrité parfois douteuse et aux convictions peu solidaires. La biographie est franche et très humaine et si le personnage attire peu la sympathie, nous suivons avec un intérêt sans relâche l'analyse qu'il a de sa vie et les interrogations qu'il a de son histoire.
Une vraie réussite.
Côté dessin, comme je l'ai dit plus haut, on est très proche de ce que ferait David B., le thème même de la BD est d'un sujet qui aurait pu être exploité par l'auteur de l'Ascension du Haut Mal.
Le trait est toutefois un peu moins fin, le mouvement un peu moins fluide mais reste très riche et l'exploitation symbolique est parfaitement à propos et admirablement exploitée.
Un chef-d'oeuvre.
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Quel coup de coeur ! Quelles découvertes !
Découverte d'un Jeune auteur de Bd , Yann Damezin qui est aussi scénariste.
Découverte d'un personnage , Paul Wittgenstein , pianiste autrichien ayant vécu au début du 20ème siécle et qui a eu le bras droit amputé pendant la première guerre.
Découverte d'un dessin mais le mot est trop faible . Découverte d'une graphie ,d'un art, le tout en noir et blanc.
La premièrepage de se roman graphique donne le ton.
6 cases pour montrer de profil une femme enceinte et ces 6 mêmes cases pour mettre en dessin, en graphie un son , une émotion, un ressenti.
Toute la vie de Paul Wittgenstein librement inspiré par Yann Damezin poursuivra ce postulat. Un dessin pour la biographie et une création graphique pour ressentir; s'émouvoir.
C'est jubilatoire, c'est créatif, sonore, poétique.
A chaque page nous restons béat devant ces sons transformés en feuilles , ces émotions transformées en Gorgone, en animaux fantastiques ou encore en corps déstructurés.
Quand on referme ce roman graphique on est étourdi d'une telle vie car cela est bien la vie de Paul Wiitgenstein, et longtemps la représentation graphique de Yann Damezin nous accompagne et nous donne à entendre différemment le Concerto pour main gauche de Ravel.
Et c'est avec délectation que l'on ouvre à nouveau ce roman graphique pour découvrir les subtilités des dessins
et se laisser emporter par une certaine poésie.



Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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Une oeuvre magnifique ! Je découvre un artiste éblouissant ! Un graphisme symphonique ! Onirisme, surréalisme...poésie sur toutes les pages.
Au delà de la narration de la vie de Paul Wittgenstein, c'est bien l'appropriation, ou plus exactement la proposition de l'univers du pianiste que nous livre Yann Damezin qui nous saisit et nous emporte.
Yann Damezin ! Retenez bien son nom ! C'est un grand !

Astrid Shriqui Garain
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Cette BD, très belle et sensible, nous raconte la vie de Paul Wittgenstein, pianiste autrichien amputé du bras droit pendant la Première Guerre Mondiale, donc de son instrument de travail, de sa raison de vivre. L'auteur nous ballade dans cette biographie hors normes où les sensations l'emportent sur les dialogues, où le ressenti traverse les images pour nous toucher au-delà de nos yeux. Paul Wittgenstein n'est pas un personnage sympathique, pourtant on ne peut s'empêcher d'être fasciné par cette histoire, le trait et la mise en page de Dumezin y étant sans doute pour beaucoup. Original, inspiré et passionnant, une très belle découverte pour ma part.
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Transcrire en dessins la vie d'un musicien n'est pas chose aisée, c'est pourtant ce que réalise avec brio Yann Damezin dans ce sublime roman graphique.
Dès la première page il réussi la prouesse de nous donner à voir les sons.
Les dessins sont certes magnifiques, ultra travaillés dans une sensation de foisonnement malgré le noir et blanc à priori austère. Ils réussissent surtout à donner l'impression d'un déferlement de notes, comme les pianistes en sont friands, et surtout du déluge d'émotions fortes qui les accompagnent.

Car Paul Wittgenstein, dont c'est ici la biographie, était pianiste. Né en Autriche dans une riche famille à la fin du 19ème siècle, il perd son bras droit lors de la première guerre mondiale. Drame pour le commun des hommes, véritable tragédie pour ce musicien. Il ne laisse pourtant pas abattre et commande des oeuvres pour seule main gauche à des compositeurs en vogue, la plus célèbre étant le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel, écrit juste après le succès retentissant de son Boléro. Paul Wittgenstein prend pourtant la liberté de le remanier, provoquant la fureur du compositeur français et donnant lieu à un célèbre échange entre les deux hommes sur le rôle de l'interprétation :
- les interprètes ne sont tout de même pas les esclaves des compositeurs...
- les interprètes sont des esclaves.

Ainsi, à l'instar de cette anecdote, Paul Wittgenstein, omniprésent à l'image, n'est pas montré sous un jour complaisant. Son histoire est pourtant poignante. Juif de naissance il migre aux États-Unis après l'Anschluss. Peu de membres de sa famille auront cette chance.

Un splendide objet qui m'accompagnera longtemps.
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Tout d'abord un grand merci à Babelio pour son opération masse critique, à la Boite à Bulles pour son envoi et aux éditions Les Humanoïdes Associés pour la découverte de cette BD.

Comme j'ai pu le mettre dans un certain nombre de mes avis depuis 4 mois, la BD n'était pas un genre littéraire qui m'attirait. Mais je dois dire que mes nombreuses lectures depuis le début d'année tendent à me convaincre de l'erreur... et je préfère le dire immédiatement, ce n'est pas cet album CONCERTO pour Main gauche de Yann Damezin qui va changer les choses.

Certes il est surprenant et très marqué sur le plan du graphisme et du texte. Mais pour commencer un rapide résumé :
L'histoire est inspirée librement de celle de Paul Wittgenstein, pianiste autrichien amputé du bras droit durant la guerre et pour lequel Ravel écrira le fameux "Concerto pour main gauche".
Nous découvrons ce personnage dès son enfance et allons le suivre jusqu'au bout de sa vie. Loin d'être attachant, car égoïste, colérique, lâche, nous découvrons sa relation très particulière avec son piano, son enfance au sein d'une famille de névrosés, le monde de la bourgeoisie et plus largement la société durant la première partie du XXème siècle.

Il est impossible de parler de cette BD sans s'arrêter sur le dessin d'une force inouïe, très souvent plus fort et riche que l'histoire elle même. le noir et blanc nous plonge immédiatement dans l'univers de la musique et du piano avec des noires et des blanches. Les symboles présents dans chaque planche nous transportent dans le monde du surréalisme notamment de Matisse et Picasso. Nous retrouvons toute la violence de la guerre, de la société, de l'homme... comme dans Guernica. Chaque dessin pourrait à lui seul nous retenir pendant un temps certain afin d'en découvrir toute sa richesse!!

Enfin concernant le texte, là encore magnifique et totalement à la hauteur du reste. Les mots sont souvent durs, les expressions percutantes (voir les citations), le tout accentuant la noirceur du dessin. Ils reproduisent aussi la musique du piano, mélancolique et emplie de colère.

En conclusion, oui je recommande!!! Pour les amoureux de musique mais pas seulement. Pour les amateurs du surréalisme, mais pas uniquement. Pour toutes celles et ceux voulant non pas découvrir la BD, car très pointue, mais voulant lire un roman illustré très percutant dans ses descriptions de l'avant seconde guerre mondiale.
Un conseil peut être de lecture : lire d'abord les textes, puis reprendre l'album pour ses dessins et enfin le relire pour son tout.
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Perplexe et perturbée face à cette couverture, je me suis laissée tout de même emportée par tout cet engouement et ces critiques incroyables sur Babelio. La bande dessinée est un bijou graphique où la vie de ce pianiste est un mélange de rêves, de poésies et de détails pointilleux que l'auteur veut nous transmettre. C'est à la fois magnifique et fou. Combien de temps l'auteur a-t-il mis pour réaliser chaque page fourmillant de dessins, de fleurs, de symboles? Cette BD biographique est très belle et m'a fait découvrir ce pianiste qui a bien plus de choses à nous raconter que seulement d'être manchot.

"Si les océans sont si vastes, c'est sans doute que tant d'exilés les ont abreuvés de leurs larmes".
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