Je vous annonce, Monsieur, des choses toutes merveilleuses sur l'origine, l'ancienneté, et la multiplication des rats. Noé, si vous voulez en croire des docteurs arabes, fut le réparateur de l'espèce des rats, comme Deucalion, selon les poètes, l'a été du genre humain, et d'une façon aussi simple : Noé donna un soufflet au cochon, qui éternua sur le champ un rat, ce rat était femelle apparemment, et de plus femelle féconde par elle-même : car dans peu l'Arche fut remplie de semblables animaux qui allaient rongeant jour et nuit, et menaient grand train les provisions du patriarche et de ses enfants. Il se repentit bientôt d'avoir augmenté sa ménagerie d'une bête si incommode, et résolut de réparer sa faute. Pour cela il n'eut besoin que de soufflets miraculeux : le lion souffleté éternua, et lui donna un chat armé de pied en cap. Aussitôt ce nouvel animal courut à sa destination, et commença contre les rats cette horrible guerre que sa postérité a toujours poussée avec tant de chaleur.
Vous saurez encore, Monsieur, que le cochon avait été éternué par l'éléphant, pour débarrasser l'Arche de toutes les choses inutiles et désagréables à l'odorat.
LETTRE SUR LES RATS - Bourdon de Sigrais (incipit)
DESCRIPTION DU RAT
Le rat est plus petit que l'écureuil : il a la tête allongée, le museau pointu, la mâchoire de dessous très courte, et beaucoup moins avancée que celle du dessus, les yeux gros, les oreilles grandes, larges et nues ; mais il paraît court dans l'attitude ordinaire, parce que le dos est alors voûté ; la queue est longue, presque entièrement nue, et couverte de petites écailles disposées sur les lignes circulaires, qui l'entourent en forme de bandes ou d'anneaux ; il y a quelques poils courts placés entre ces bandes écailleuses : j'en ai compté jusqu'à deux cent cinquante sur une queue de rat qui avait six pouces de longueur ; mais il y aurait beaucoup de variété dans ce nombre si on l'observait sur plusieurs individus, car tous les anneaux ne font pas le cercle entier, et ceux de l'extrémité de la queue n'ont que très peu de largeur.
L'HISTOIRE NATURELLE, Georges de Buffon
Longtemps j'avais compté dans le nombre de mes maux physiques le tourment d'être inquiété sans cesse par une foule de rats qui venaient chercher un asile et de la pâture sur ma paille.
Quelquefois, lorsque je dormais, ils couraient sur mon visage et, plusieurs fois, ils me causèrent, en me mordant, les douleurs les plus aiguës. Hors d'état de vivre avec eux, je conçus le projet de m'en faire des amis. Bientôt, ils daignèrent m'admettre parmi eux et je leur ai dû quelques heureux moments pendant les longues années de mon infortune.
LE RAT ET LE PRISONNIER - Masers de Latude (incipit)
Interview de Michel Dansel, Directeur Littéraire et Professeur de la Syntaxe à l'Académie Balzac