Elle avait un petit talent de société. Elle son vice, c'était la brouette chinoise.
On avait pris ma guinde, because le tréteau du vieux était tellement large qu'on aurait eu meilleur compte de faire circuler le porte-avion "entreprise" sur ces routes en lacet.
Je la laisse, plantée dans l'encadrement de la porte sur ses guibolles desséchées, pareille à ces personnages de cauchemar qui sont tombés d'un rayon de lune sans se casser la gueule.
Si vous aviez été là, bande de gnoufs, vous auriez pu constater qu'entre moi et la statue de l'ahurissement, il n'y avait pas plus de différence qu'entre un dictateur de droite et un dictateur de gauche.
Le gars avait cinquante ans de plus qu'elle, une gueule qui pendait comme les branches d'un sapin, un râtelier à changement de vitesse et un bandage herniaire.
Je lui montre ma carte.
Il la regarde comme un quidam regarde une toile de Picasso, avec l'air de se demander si elle est bien exposée du bon côté.
Il balbutie :
— Pô... po...
"Le règlement est formel, et pourtant, le règlement je m'assois dessus, vous voyez."
Ma jeep tangue dans les profondes ornières. Rappelez-vous qu’il ne faudrait pas organiser un rallye dans cette contrée.
J’arrive aux saules pleureurs. Je ne pleure pas, mais je tourne à droite.
Je dépasse les deux maisons. J’aperçois le sentier en face de la troisième ferme…
Alors je range mon bolide sous les yeux ravis d’une vache et je m’engage dans le sentier.
Je bois une demi-douzaine de Cinzano et je rejoins ma tire. Il fait une belle fin d'après-midi. Y a des nuages mauves en balade dans le ciel et les coqs, viennent enfourailler les poules jusqu'au milieu de la route...
Mes guiboles sont en caramel et c'est du sirop d'orgeat qui coule dans mes veines.