On ne peut pas tricher avec la musique.
Une heure de danse valait plus pour moi qu'une potée avec un morceau de saucisse. Qui comprenait ça, dans ce pays où on passait plus de temps à faire la queue pour acheter de la nourriture qu'à vivre? Le bonheur ne pouvait pas exister en Union soviétique. Il s'appelait soupe au chou.
On tolère les caprices des enfants mais pas ceux des jeunes gens.
J'ai pensé que ma dernière était venue, mais comme c'était pas la première fois, j'ai tendu la joue pour recevoir les claques de mon père.
J'ai découvert que certains artistes avaient pu imaginer ce qu'ils voulaient et peindre ce qu'ils avaient dans la tête. Tout simplement. Parce qu'à regarder autour de nous, on peut parfois en douter. Les sculpteurs par exemple, ici, ils n'ont aucune imagination. Plus c'est gros, plus ça passe. Ils nous font des statues d'ouvriers aux cuisses énormes comme des canons et les filles ont l'air de vouloir soulever des haltères. Ils ont toujours le bras levé et les pieds bien ancrés dans le sol. C'est l'art soviétique. Le jour où ils pourront voler comme les animaux de Chagall n'est pas encore arrivé!
La danse est un art trop sérieux pour que je perde mon temps avec de petits prétentieux dans ton genre.
Le lièvre a fini en civet, et moi, j'ai terminé dépité.
L'Union soviétique a besoin de gens qui pensent, pas de gens qui dansent.
Mon énergie est plus forte que le froid qui nous entoure.
Moi, par exemple, si j'avais des ailes, je ne réfléchirais même pas, j"irais directement à Moscou. Peut-être même que je pousserais un peu plus loin, ni vu ni connu, avec mes petites ailes, pour voir si, en dehors de l'Union des républiques socialistes soviétiques, c'est vraiment comme les gens le disent: des pays impérialistes sans règles, sans justice pour le peuple.