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Citations sur Naissance des fantômes (23)

J'ai ôté mes sandales. Le sable glissait de minces serpentins de glace entre mes orteils, une mer sans printemps ni automne. Mes pieds s'enfonçaient, chaque vague voulait ma peau, à chaque nouvel échec la vague exaspérée laissait un peu de sable à mes chevilles pour mieux m'empoigner au retour. Quelque chose de très doux est venu buter contre mes jambes et l'haleine de la mer a soufflé dans mes yeux.
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"[...] quelqu'un était forcément responsable, rien ne se produit sans raison."
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Difficlie à finir. Le mari est-il revenu ?
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Je ne voulais pas d'un mari que je n'aurais pas pu serrer dans mes bras.
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Assise, les fesses calées dans le sable, les sandales pleines, se concentrer, comme quand j'étais petite, sur la souffrance infime procurée par le sable qui se tasse entre les orteils, et qui ponce vos ongles en silence, dessus et dessous, en enfonçant de petites billes dans votre plante de pied nu.
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Il aurait fallu que quelqu'un vienne, me prenne par la main, me parle, me dise de rentrer.
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D'habitude, la nuit, la respiration de mon mari chassait tous les autres bruits. Je m'endormais dans sa respiration.
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Les jours avaient passé, mais l’idée restait neuve ; une douleur sans cesse reprise, intacte, et qui occupait toute la place : toujours aussi parfaitement de la même façon, en lieu et place du souvenir, je souffrais.
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Je ne me suis pas adressée tout de suite aux enquêteurs. Cela m'a d'abord pris un certain temps, avant de me rendre compte que mon mari avait disparu. Je profitais souvent du fait qu'il parte acheter la baguette pour appeler ma mère. Je raccrochais quand j'entendais ses pas au quatrième. Ma mère et moi, ce jour-là, sommes bien restées occupées un quart d'heure, elle à bavarder, moi à l'interrompre régulièrement en lui rappelant que je devais bientôt la laisser. J'ai eu la sensation, d'abord diffuse, que son récit se prolongeait plus avant que d'ordinaire. J'ai regardé dans la rue, pour voir si mon mari ne traversait pas ; j'ai tendu l'oreille, pour chercher à l'entendre dans l'escalier ; et c'est ma mère qui a raccroché la première, en m'accusant, comme d'habitude, de ne lui prêter aucune attention, alors que j'étais simplement penchée à la fenêtre en ayant désormais envie de me livrer à cette seule occupation : guetter au calme l'apparition de mon mari.
Le soleil commençait à se coucher et je respirais dans l'air doux. Il était assez rare, à cette heure de la journée, que je reste ainsi oisive à ma fenêtre ; en général, vers les sept heures et quart, je m'apercevais que rien n'était prêt, et je descendais en courant acheter de quoi manger ( en oubliant la baguette : l'épicerie ne fait pas dépôt de pain, et la première boulangerie est de l'autre côté du boulevard, il, faut un temps fou pour traverser). Les toits rougissaient, et tout ce désordre de la banlieue où l'on ignore ce qui domine, l'ardoise ou la tuile, la brique ou la meulière, s'unifiait et devenait presque joli dans le couchant. C'est aussi ce soir-là, dont je ne savais pas encore quel soir crucial il allait devenir pour moi, que j'ai pris conscience de la présence des martinets par dessus mes impatiens, ils mettaient des virgules dans le ciel trop grand de l'hiver. Tout paraissait plus petit, vivable, à ma mesure, faussement plus petit et vivable et à ma mesure parce que je pouvais suivre le vol des martinets zigzaguant d'un bord à l'autre du ciel. La brume de la journée fondait sur l'horizon, on distinguait de mieux en mieux en face des immeubles des banlieues, au nord les monuments de la capitale qui inscrivaient plus nette leur signature au bas du ciel, et du côté de la mer les longs terrains vide de la frontière. Les ombres gagnaient, la poussière retombait sous les semelles des piétons, tout se tassait au sol et le ciel prenait toute la place. Je me disais que j'étais plutôt bien, là, à attendre mon mari dans l'air du soir, que je ferais bien à l'avenir de prendre ainsi mon temps, et que la boulangerie devait être fermée, que mon mari avait dû en chercher une autre plus loin, et qu'il s'était arrêté, lui aussi, pour respirer.
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Il y a des aubes où l'on vérifie que l'on ne garde pas au cou la trace du vampire, les deux petits points rouges, et la pupille contractée encore de haine, les muscles endoloris par le combat. J'ai aspergé mon visage d'eau froide, rincé mon cou et mes épaules ; je laissais l'eau couler sur mes poignets, sa fraîcheur remontait dans mes veines, l'endroit où l'on cisaille est aussi celui qui diffuse le mieux ( avec les tempes que l'on troue ) le froid ou la chaleur désirés. Il me semblait voir s'écouler dans le lavabo les attaques de la nuit, voir fondre et se défaire les traits de mon visage, mais je pouvais, d'une main ruisselante, redonner forme à peu près à ma dissipation. Le jour pointait une langue blanche à la lèvre des toits, il faudrait désormais, comme les prisonniers, que je tienne sur les murs le compte exact de mon attente. Déjà je me tendais vers la cage d'escalier, n'était-ce pas le pas de mon mari qui montait, la serrure allait cliqueter, la moquette allait chuinter (' allais-je, moi, passer encore la journée à dresser l'oreille à chaque frissonnement du bois, de l'acier et du feutre ?). L'aube était une insulte au manque de sommeil, mes yeux cillaient dans la blancheur pénible. À chaque angle de rue battait la cape d'un vampire, les ombres épouvantées se glissaient sous les porches, se coulaient de plus en plus minces et noires dans les murs, et il me semblait entendre, par toute la ville, des froissements, des envolées de linge, des glissements aux marches des églises, des portes rabattues sur des caves. Le téléphone a sonné. J'ai scruté le ciel plus fort, des clous s'enfonçaient dans mes pupilles et m'agrafaient aux quatre coins. Une voix féminine en larmes demandait à parler à mon mari, ça hoquetait en grosses bulles de détresse. J'ai pensé : salaud.
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