Citations sur Au pied du sapin : Contes de Noël de Pirandello, Anders.. (23)
Que toute dureté et toute méchanceté soient chassés des temples de nos dieux domestiques, mais que nos souvenirs soient tendrement accueillis et encouragés ! Ils font partie de cette saison et de tout ce qu'elle a de réconfortant et paisiblement rassurant ; ils font partie de l'événement historique qui a rassemblé jusque sur la terre les vivants et les morts ; ils font partie de l'ample bienfaisance, de la bonté que trop d'hommes se sont efforcés de déchirer en étroits lambeaux.
Notre vie ici-bas est-elle, en mettant les choses au mieux, constituée de telle sorte que, quand nous nous arrêtons en chemin devant le remarquable jalon qu'est ce grand anniversaire, nous contemplions ce qui n'a jamais été de manière aussi naturelle et tout aussi solennelle que ce qui a été et n'est plus, ou ce qui a été et est encore ? S'il en est ainsi, et il semble bien qu'il en soit ainsi, faut-il conclure que la vie n'est guère plus qu'un rêve et n'est guère digne des affections et des efforts que nous y entassons ? Non ! Loin de nous, cher lecteur, cette prétendue philosophie le jour de Noël ! Laissons-nous plutôt pénétrer le cœur par l'esprit de Noël, qui est l'esprit de l'activité utile, de la persévérance, des l'accomplissement joyeux du devoir, de la bonté et de la tolérance ! C'est en particulier dans l'exercice de ces dernières vertus que nous sommes ou que nous devrions être fortifié par les visions non réalisées de notre jeunesse ; qui en effet ira prétendre que ces visions ne nous enseignent pas à traiter avec douceur les petits riens les plus impalpables de la vie terrestre !
Le colonel se souvient qu'on était au 24 décembre, le soir du Réveillon. Il lui sembla que son cœur s'alourdissait. La joue des autres et cet air de fête qui embellit les plus humbles visages lui rendaient tout à coup plus cruelles et comme neuves sa misère, sa tristesse, sa solitude...