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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'intrigue se situe à Brest durant les grèves d'avril 1950, et le drame qui a suivi (la mort de l'ouvrier syndicaliste Édouard Mazé) rend un vibrant hommage aux combats des ouvriers brestois pendant les grèves de 1950," afin d'obtenir une hausse des salaires.

Ce qui est passionnant avec "Un homme est mort" , c'est que c'est également l'histoire d'un film, tourné sous le manteau, au pouvoir aussi transcendant sur les grévistes qu'éphémère dans son existence.

René VAUTIER, cinéaste engagé ayant tourné en Afrique Coloniale, sera en charge de décrire, avec la justesse qui le caractérise, les évènements tragiques et leurs conséquences dans un Brest qui prend des airs d'apocalypse.

Affublé de P'tit ZEF et de Désiré, René Vautier sera le témoin privilégié d'une ville exsangue et d'une époque meurtrie.
On éprouve une réelle émotion esthétique en ressentant la sincérité et l'envie de Kris et Davodeau de servir cette belle histoire-là, rythmée par les mots bouleversants de Paul Éluard.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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1950 : à Brest, dans la France de l'immédiat après guerre, les ouvriers du bâtiment, chargés de la reconstruction de la ville, bientôt rejoints par les dockers et les cheminots, sont en grève. Ils dénoncent leurs salaires de misères et leurs conditions de vie précaires. Une manifestation est organisée mais elle dégénère et les forces de l'ordre font usage de leurs armes. Un militant CGT, Édouard Mazé, est tué d'une balle en pleine tête. La section locale du syndicat demande à René Vautier, un enfant du pays recherché pour subversion suite au tournage d'un documentaire sur l'Afrique coloniale française, de tourner un petit film sur ces tragiques évènements...

Basée sur une histoire vraie, cette bd de Kris et Etienne Davodeau restitue avec justesse le climat sociale de l'après guerre, dans un paysage politique encore fortement marqué par le PCF, avec en toile de fond la guerre d'Indochine et les débuts de la décolonisation. Les classes laborieuses sont mises à contribution pour reconstruire un pays exsangue et luttent pour leurs droits. On est touché par la solidarité des "camarades" et leur ingéniosité pour monter et diffuser un film réaliser avec trois bouts de ficelle. Ou comment la sincérité des sentiments vaut mieux que tous les artifices...Les personnages forts en gueule sont vraiment savoureux et l'ensemble est bien servi par un dessin sans esbroufes mais juste, à l'image du scénario...

A la fois pédagogique et divertissant, ce bel album, réalisé sur la base du témoignage de René Vautier, présente une dimension historique certaine sublimée par une émotion qui ne paraît jamais artificielle.
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17 avril 1950 . Nouveau jour de greve à Brest . Nouveau défilé réprimé, cette fois-ci , dans la violence et dans le sang . Les armes ont parlé coté policier . Les hommes sont tombés rue Kerabecam . L'un d'entre eux est mort . Edouard MAZE , jeune ouvrier du batiment et militant CGT , est abattu par les forces de l'ordre d'une balle en pleine tete .

C'est dans un Brest meurtri , au climat politique et social tres tendu , que l'histoire prend sa source . La grande guerre a littéralement défiguré cette grande ville naguere portuaire . Tout est à reconstruire . 1950 . Les ouvriers , sous-payés , entassés dans des baraquements inconfortables et insalubres , votent alors la greve générale . Viennent s'y greffer les dockers , pour des raisons similaires . Ces derniers refusant désormais d'affreter les navires en materiel de guerre afin d'aller alimenter un conflit qui fait rage en Indochine .

Un homme est mort , c'est également l'histoire d'un film , tourné sous le manteau , au pouvoir aussi transcendant sur les grévistes qu'ephemere dans son existence . René VAUTIER , cinéaste engagé ayant tourné en Afrique Coloniale, en Irlande , et alors recherché pour attitude subversive , sera en charge de décrire , avec la justesse qui le caractérise , les évenements tragiques et leurs conséquences dans un Brest d'apocalypse . C'est affublé de P'tit ZEF et de Désiré , sortes d'auguste et de clown blanc , qu'il s'en affranchira brillamment pour devenir le témoin priviligié d'une ville exsangue , d'une époque . Son arme : une vieille caméra au son récalcitrant .

Un récit véridique superbement décrit et maitrisé de bout en bout . L'empathie gagne immanquablement pour une cause qui sonne juste . L'on suit , pas à pas , les pérégrinations de nos trois " héros " et leurs difficultés à tourner un film , le monter , le diffuser subrepticement , nuit apres nuit , aupres des grevistes faisant le piquet afin de les galvaniser et les conforter dans leur combat . Un récit tour à tour touchant , dur , poignant mais comportant de réelles envolées lyriques . Les images , auxquelles l'on a accolé le texte d'Eluard , se confondent en un veritable moment de grace . L'humour n'est pas exempt . P'tit ZEF , sorte de titi Breton , n'a pas son pareil pour nous faire passer de l'émotion au rire .
Mais une histoire , aussi puissante soit-elle , ne tiendrait pas la route sans un coup de crayon et un encrage raccords . Là encore , c'est tout bon . Des dessins qui , sans forcément etre léchés , possedent une puissance évocatrice incroyable ! Des mises en page audacieuses rendent ce récit fluide et nerveux tout en instaurant une trame dramatique de tous les instants . Les couleurs pastels assurent le petit coté rétro de la chose . Elles détiennent également le pouvoir de vous inoculer , sans avoir l'air d'y toucher , mélancolie et morosité...
Les révélations sont nombreuses et accréditent un réel travail de recherche de pres de 4 ans de la part de Davodeau ! L'on apprendra , ainsi , qu'un arrété municipal aurait été voté et antidaté afin d'interdire cette nouvelle manifestation . L'on découvrira l'ingéniosité de l'humain pour diffuser un film en s'adressant au plus grand nombre ...
A noter , pour la petite histoire , que suite à ces évenements , l'abbé Pierre démissionnera du MRP ( mouvement républicain populaire ) dont il était l'un des députés . Pour couronner le tout , les auteurs se sont également fendus du récit Historique et de la génese de ce bouquin en fin d'album . Complet de chez complet les gars !

Un homme est mort est une BD qui prouve , si besoin était , que l'on peut allier pédagogie et divertissement avec talent !
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On retrouve le grand Davodeau sensible et engagé avec cette BD qui nous raconte une semaine lors de la grève des ouvriers à Brest en 1950. Où il est question du photographe René Vautier et Edouard Mazé, assassiné lors des émeutes. Et bien sûr du poème de Paul Eluard revisité par un camarade syndicaliste, lors du film dans les usines. Poignant ! Kris nous offre plusieurs pages à la fin de l'album pour nous en retracer l'historique, ainsi que l'avant-projet et projet de cette merveille qui aura duré 4 ans. le film ayant été usé, cette BD en fait un beau témoignage.
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Un homme est mort ou comment concilier une part de l'histoire avec la bande dessinée.
Toujours séduite par les dessins de Davodeau, je me suis littéralement plongée dans cette ville de Brest de l'après-guerre, en pleine reconstruction.
Plongé au coeur des manifestations ouvrières en 1950, René Vautier est appelé pour filmer le combat de tous ces hommes et ces femmes qui réclament une meilleure justice, de meilleures conditions de travail et surtout des rations de nourriture. Épaulé par de nombreux ouvriers, il parviendra à tirer de ce pan de l'histoire un superbe film qui, malheureusement, sera "cassé" A partir de là, viendra à Kris et Etienne Davodeau de nous le raconter à travers ce superbe album.
Davodeau offre un très beau rendu des différentes ambiances grâce aux couleurs chaudes et vivantes, la présence du rouge des drapeaux et du sang et l'omniprésence du sépia, parfois terne et monotone.
Etienne Davodeau et Kris nous offrent ici encore une belle leçon d'histoire, avec des gens simples, familiers, authentiques et tellement humains.
Un très bel hommage rendu à cet homme mort ...
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Cette très belle bande dessinée retrace une histoire qui s'est passée à Brest en 1950. Au cours d'une manifestation, un homme, Edouard Mazé, se fait tuer par la police. Il en résulte une immense émotion. René Vautier,jeune cinéaste, est appelé pour essayer de témoigner grâce à sa caméra. Il le fera en filmant les lieux, les amis, les réactions des proches et des inconnus. Le film qu’il réussit avec beaucoup difficultés techniques à créer, il va le diffuser partout et à tous les Brestois. Problèmes de sons, d’électricité,… peu importe, ce film parle au cœur des gens et ils sont tous très émus de le voir.


On trouve dans cette bande dessinée à la fois beaucoup de réalisme car Davodeau a fait un gros travail documentaire pour que les événements racontés soient le plus juste possible. Mais aussi de l’humour avec des portraits savoureux. Mais surtout beaucoup d’émotion grâce à cet élan autour de cette mort et autour de René Vautier. Davodeau a su jouer avec les dessins et les couleurs (du noir et blanc, des couleur sépia, des mises en page variées) pour faire un ouvrage pédagogique mais aussi poétique qui restera longtemps dans ma mémoire.


A noter le film (disponible en DVD) qui a été fait sur la genèse de cette BD :

"Avril 50" de Bénédicte Pagnot
2007 / France / 32’ / Vivement lundi !
En suivant le travail du scénariste Kris et du dessinateur Etienne Davodeau, "Avril 50" retrace les principales phases de la création de la bande dessinée "Un homme est mort". Il interroge les motivations des deux auteurs, leur rapport à l’histoire du mouvement ouvrier et leurs regards sur les événements brestois d’avril 1950.
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Un homme est mort, Brest, 1950.

L'heure est à la reconstruction, la ville ayant été détruite par les bombardements de la 2nde guerre mondiale.
Une reconstruction qui se réalise dans la douleur et la difficulté.
Ouvriers du bâtiment, dockers ou encore cheminots, ces hommes se mobilisent et un mouvement de grève prend forme afin de dénoncer leurs conditions de travail et les bas salaires.
Lors d'une manifestation, l'intervention des forces de l'ordre provoque la mort d'un militant syndicaliste de la CGT, Edouard Mazé.
Il meurt d'une balle dans la tête. C'est la stupéfaction et la colère au sein des manifestants.

Pour témoigner de ces événements, René Vautier est derrière sa caméra de fortune.
A l'aide de compères, il réalise un film qu'ils vont diffuser au sein des différents groupes d'ouvriers.
Un film composé des images de la grève, avec pour trame de fond audio, le poème de Paul Eluard, Un homme est mort.
Le résultat est poignant et saisissant.

Jusqu'au jour où c'est P'tit Zef, un ouvrier, qui remplace René Vautier sur la voix off.
Il ne récite pas fidèlement le poème de Paul Eluard mais clame d'abord sa colère puis sa peine d'avoir vu un homme mourir simplement pour avoir voulu améliorer ses conditions de vie et celle de ses collègues.
Il parle avec son coeur et s'approprie le poème avec une intonation et des paroles bouleversantes.

Désormais, le film est diffusé avec l'enregistrement de P'tit Zef pour voix off.
Un succès. A tel point, qu'un journaliste souhaite le diffuser à Paul Eluard en personne.

Mais la bobine, fabriquée maison, n'a pas résisté aux multiples projections. Elle s'est détruite et s'est ainsi envolée à jamais.

Au-delà d'évoquer les mouvements de grèvee de l'époque, Etienne Davodeau a fait renaître ce film à sa manière et c'est une belle réussite.
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Le célèbre poème d'Eluard, « Un homme est mort », sert de bande sonore au documentaire réalisé par René Vautier sur les luttes ouvrières de la reconstruction de Brest au printemps 1950. Avec la complicité de syndicalistes, il filme en toute clandestinité les manifestations, la répression policière et les balles perdues. En dépit des interdictions de projection et d'énormes difficultés techniques, René Vautier arrivera néanmoins à diffuser son film afin que le combat collectif et la mort d'Edouard Mazé ne finissent pas dans les limbes de l'histoire.
Humanistes dans l'âme, Etienne Davodeau et Kriss en prolongent ici l'oeuvre de mémoire et de transmission. Leurs propos, forcément de parti pris, restent terriblement touchants et émouvants, toujours à hauteur d'homme. Un passionnant dossier documentaire, composé de photographies d'archives, d'analyses d'historiens et d'une biographie de Vautier, met en perspective les évènements. Il retrace également les grandes étapes d'un cinéma militant des années 1970 et nous raconte la genèse de cette bande dessinée.
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Très bel album qui raconte une sombre page de l'histoire sociale et politique dans la France de l'après-guerre. A Brest, dans la ville en pleine reconstruction, les ouvriers du bâtiment sont en grève, réclamant une amélioration de leurs salaires. Les manifestations, systématiquement interdites par la municipalité de Brest, sont brutalement réprimées. Au cours de l'une d'elle, le dimanche 16 avril 1950, la police tire sur la tête du cortège. Edouard Mazé est tué. L'album nous raconte cet évènement au travers du regard de René Vautier, cinéaste engagé, a qui ses amis syndicalistes locaux demandent de faire un film sur cette lutte afin de servir en interne au syndicat d'outil de formation et de propagande.
Grâce à cet album, j'ai découvert un aspect de notre histoire que je connaissais très mal. Cette période de fin de la quatrième république lorsque l'espoir est revenue, la reconstruction du pays a débuté mais les conditions matérielles demeurent très pénibles, le rationnement est toujours en place, les problèmes de logement sont énormes. Cette période de lutte ouverte entre les forces politiques sorties vainqueur à la fin de la seconde guerre mondiale et tout particulièrement entre la droite et le parti communiste et la CGT.
Au travers de la tragédie d'Edouard Mazé et des luttes sociales à Brest dans les années d'après-guerre, les auteurs nous invitent à un rappel de l'histoire de France. Ils relatent en même temps l'histoire de René Vautier, cinéaste très engagé, auteur du fameux "Avoir 20 ans dans les Aurès".
J'ai beaucoup apprécié cet album dont le dessin et le graphisme sont remarquables. Des camaïeux de brun, rouge et gris qui donnent une ambiance sombre et chaleureuse à la fois et qui collent parfaitement à l'histoire. Une mention spéciale pour la manière dont Etienne Davodeau réussit une galerie de portrait d'homme et de femme. Les auteurs nous donnent à voir et entendre des gens simples, militants, grandes gueules mais avec un coeur énorme.
A souligner les pages complémentaires à l'album décrivant le contexte politique et social de l'époque, le parcours et l'histoire de René Vautier, l'origine et la réalisation de cet album.
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J'avais moins apprécié globalement cette BD « documentaire » de Davodeau que Les Mauvaises gens. Cependant, j'ai tout à fait conscience que la démarche n'était pas sensiblement la même.

La fin me semble répétitive et inutile dans la répétition. Néanmoins, je ne dénie pas le talent de l'auteur de nous faire plonger dans la ville de Brest à l'époque de sa reconstruction suite à la Seconde Guerre Mondiale. J'apprécie bien en règle générale les oeuvres militantes car l'auteur dévoile en toute franchise son opinion pouvant laisser place à un débat d'idées. Je n'aime pas les oeuvres trop « lisses » où les auteurs ne se mouillent pas.

Le mérite de cette BD est de nous faire découvrir un pan oublié de notre histoire. Des hommes ont payé de leur vie les avancées sociales de notre beau pays. Il est bon quelquefois de se rappeler les faits aussi dramatiques soit ‘il.

Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5
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