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Citations sur Aller simple - L'hôte impénitent (8)

La poésie que je ne peux atteindre est un éventail fermé, je l'agite quand même.
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À partir d’un vers de Marina T.
  
  
  
  
Il existe dans la nature une autre attraction que celle terrestre,
Marina l’a découverte et l’a dit céleste.
Dans la légende Newton découvrit la gravité
saisi par la précision d’une pomme
et il ne pensa pas à la force de la beauté
qui avait poussé le fruit sur l’arbre,
sauts de lymphe, chlorophylle, lumière.
Il fallait Marina pour la nommer.
L’attraction céleste projette les chaînes de montagnes, déclenche
                                                  les marées,
pousse l’arbre vers le haut, le feu à s’élever,
un courant d’air à remonter un mur au soleil.
Elle est dans l’alpiniste et dans les dessins de Léonard,
dans les prières, dans les sérénades, dans l’astronome,
dans le moribond, dans le levain, dans le moût,
dans la gueule du loup, dans les os du pied,
dans l’éruption, dans le gaz des ballons,
dans un cri de douleur, dans le lancer d’un chapeau.
L’attraction céleste est un coup hors la loi
qui soulève la robe blanche de Marilyn
et la fait rire et donne l’eau
à la bouche de l’homme qui la regarde.


/ Traduction de Danièle Valin
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Le prisonnier enferme une graine dans son poing
il attend qu'elle germe en brisant son étreinte

Liberté
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ALLER SIMPLE
Des lignes qui vont trop souvent à la ligne
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Extrait de « Quartier des pas reclus »



TZIGANES UN ÉTÉ

Des baraquements du camp des Tziganes nous voyions les Juifs
colonnes en marche devenir colonnes verticales
de fumée droite vers le ciel, elles étaient légères
elles allaient gonfler les yeux et le nez
de leur Dieu qui regardait.

Nous ne fûmes pas légers.
La cendre des corps des Tziganes
n'arrivait pas à se dresser dans le ciel de haute Silésie.
En plein été nous devînmes de la brume coralline.
La musique jouée et tant chantée nous retenait en bas
autour des feux des campements,
haie d'accordéons et de danses,
la musique inventée tous les soirs du monde
ne nous laissait pas partir.

Nous qui jouions sans partition, nous fûmes enfermés
derrière les lignes de la portée en fil barbelé.
Nous Tziganes d'Europe, de cendre lourde
sans destination d'outre vie
par aucun Dieu appelés à témoigner
étrangers par instinct au sacrifice
nous brûlâmes sans l'odeur de la sainteté
sans résidus organiques d'une pitié suivante,
nous brûlâmes tout entiers, guitares aux cordes de boyau.

/Traduction de Danièle Valin.
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Extrait de « Aller simple »



Ils se contentent même de rien…

Ils se contentent même de rien
ils dorment dans les tempêtes le pouce à la bouche pour dîner.

Ils brillent de sueur plus acharnés que nous,
ce sont des buissons d'épines, la mon ne s'approche pas.

Au plus profond du sommeil qui les terrasse dans nos bras
cogne à grand bruit leur cœur d'antilope en fuite.

Puis ils rouvrent les yeux désaltérés, repus,
repartent explorer dans l'enclos les passages pour sortir.

Ils se glissent entre les pieds des gardiens,
se mêlent à la boue de la cour.

Ils reviennent avec un cadeau pour leurs mères
avec le trésor d'un bonbon.

Ce sont eux qui nous défendent,
c'est le fruit qui protège l'arbre.

/Traduction de Danièle Valin.
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PIERO DELLA FRANCESCA



Piero della Francesca mourut l’année hendécasyllabe du
                                                                                      débarquement
mille quatre cent-quatre-vingt-douze
de Colomb à l’occident, un orient raté.
Isabelle envoyait au diable les Juifs d’Espagne.
Piero mourut à l’abri des dernières nouvelles.
Il avait peint sur un enduit frais les croix et l’insomnie chrétienne
de posséder la ville des sangs et des messies
Jérusalem.
Que pouvait lui importer la découverte d’une Amérique indienne ?
Il laissa sur une douce épaule d’Arezzo,
dans l’air circulaire d’une église,
son voyage en orient, qui est origine, source.

/Traduction de l’italien par Danièle Valin.
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STATUE DE CAÏN



J’ai acheté un Caïn en bronze. Il est déjà sans arme,
tourné à demi, il se détache du piège
tendu à son frère et à sa génération.
Il est plus petit que moi, la main large, ouverte,
je la heurte en passant ou je l’attrape exprès
pour l’arrêter. J’ignore s’il est gaucher,
si je serre aussi un Abel, allongé sur le côté,
un bras sur le visage qui ne protégeait rien. Je ne l’ai pas
pris,
son corps réclamait un espace que je n’ai pas chez moi.
Caïn est de passage, prompt à décamper, Abel, non, il est
par terre
pour voir la vie suivre l’assassin comme un chien.
Abel ne peut pas rester enfermé dans une pièce,
Caïn oui, dans l’humidité de l’ombre, près des livres
il demande un abri qui n’est pas un pardon.

/Traduction de l’italien par Danièle Valin.
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