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Danièle Valin (Traducteur)
EAN : 9782072879074
320 pages
Gallimard (25/02/2021)
4.14/5   14 notes
Résumé :
Parions que les lecteurs assidus d’Erri De Luca ne s’étonneront pas de son entrée dans la collection Poésie/Gallimard tant sa prose déjà signale constamment en lui le poète. Le présent volume qui reprend les poèmes d’Aller simple (Du monde entier) auxquels nous avons adjoint L’hôte impénitent dans son intégralité, donnera en outre à lire des poèmes inédits spécialement choisis par l’écrivain pour cette édition. Si Aller simple évoque d’abord l’épopée tragique des mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Aller simple et l'Hôte Impénitent sont deux poèmes ou recueil de poèmes déjà parus à la NRF. Ils sont ici présentés dans une édition épurée, bilingue et accompagnés de quelques inédits.
Je ne connaissais que le Erri de Luca romancier, séduit par ses Trois Chevaux, Montedidio et autres récits magnifiques.
Je découvre ici mon maçon italien, mon alpiniste dolomitique sous un jour différent, mais semblable.
Il s'attache à décrire avec ses mots nus la vie des hommes qui traversent la Méditerranée pour arriver dans le sud de l'Italie. La guerre, le désert, la caravane, les passeurs/tueurs, l'asile, le camp.
La forme est poétique mais c'est presque de la prose, en italien les mots sonnent mieux, la traduction a un peu usé leur sonorité, leur mélodie.
On touche aux thèmes chers à De Luca, à l'humanité, la pauvreté, la vie et la mort, l'amour, la violence qui sont présent dans tous ses récits, aux langues étrangères aussi.
Ainsi en est-il des autres poèmes de ce livre, ceux qui s'attachent aux personnages qui l'ont marqué, à des moments, des lieux.
C'est beau, puisse-t-il encore écrire longtemps.
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La poésie de Erri de Luca, poète italien, est engagée. Aller simple décrit les tourments des migrants traversant la mer au péril de leur vie et au prix de mille souffrances. Dans l'hôte impénitent, la poésie commence quand la divinité se tait. La poésie n'est pas enfermée par l'écrit. Elle reste libre. le poète est habité par les pays qu'il traverse, les langues qu'il étudie (hébreu), les paysages qu'il traverse, les hommes qu'il rencontre. Poétiser sa vie au quotidien, regarder autour de soi le spectacle, être soi-même le spectacle. Erri de Luca parle de lui et aussi de nous.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
À partir d’un vers de Marina T.
  
  
  
  
Il existe dans la nature une autre attraction que celle terrestre,
Marina l’a découverte et l’a dit céleste.
Dans la légende Newton découvrit la gravité
saisi par la précision d’une pomme
et il ne pensa pas à la force de la beauté
qui avait poussé le fruit sur l’arbre,
sauts de lymphe, chlorophylle, lumière.
Il fallait Marina pour la nommer.
L’attraction céleste projette les chaînes de montagnes, déclenche
                                                  les marées,
pousse l’arbre vers le haut, le feu à s’élever,
un courant d’air à remonter un mur au soleil.
Elle est dans l’alpiniste et dans les dessins de Léonard,
dans les prières, dans les sérénades, dans l’astronome,
dans le moribond, dans le levain, dans le moût,
dans la gueule du loup, dans les os du pied,
dans l’éruption, dans le gaz des ballons,
dans un cri de douleur, dans le lancer d’un chapeau.
L’attraction céleste est un coup hors la loi
qui soulève la robe blanche de Marilyn
et la fait rire et donne l’eau
à la bouche de l’homme qui la regarde.


/ Traduction de Danièle Valin
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La poésie que je ne peux atteindre est un éventail fermé, je l'agite quand même.
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PIERO DELLA FRANCESCA



Piero della Francesca mourut l’année hendécasyllabe du
                                                                                      débarquement
mille quatre cent-quatre-vingt-douze
de Colomb à l’occident, un orient raté.
Isabelle envoyait au diable les Juifs d’Espagne.
Piero mourut à l’abri des dernières nouvelles.
Il avait peint sur un enduit frais les croix et l’insomnie chrétienne
de posséder la ville des sangs et des messies
Jérusalem.
Que pouvait lui importer la découverte d’une Amérique indienne ?
Il laissa sur une douce épaule d’Arezzo,
dans l’air circulaire d’une église,
son voyage en orient, qui est origine, source.

/Traduction de l’italien par Danièle Valin.
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Extrait de « Quartier des pas reclus »



TZIGANES UN ÉTÉ

Des baraquements du camp des Tziganes nous voyions les Juifs
colonnes en marche devenir colonnes verticales
de fumée droite vers le ciel, elles étaient légères
elles allaient gonfler les yeux et le nez
de leur Dieu qui regardait.

Nous ne fûmes pas légers.
La cendre des corps des Tziganes
n'arrivait pas à se dresser dans le ciel de haute Silésie.
En plein été nous devînmes de la brume coralline.
La musique jouée et tant chantée nous retenait en bas
autour des feux des campements,
haie d'accordéons et de danses,
la musique inventée tous les soirs du monde
ne nous laissait pas partir.

Nous qui jouions sans partition, nous fûmes enfermés
derrière les lignes de la portée en fil barbelé.
Nous Tziganes d'Europe, de cendre lourde
sans destination d'outre vie
par aucun Dieu appelés à témoigner
étrangers par instinct au sacrifice
nous brûlâmes sans l'odeur de la sainteté
sans résidus organiques d'une pitié suivante,
nous brûlâmes tout entiers, guitares aux cordes de boyau.

/Traduction de Danièle Valin.
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STATUE DE CAÏN



J’ai acheté un Caïn en bronze. Il est déjà sans arme,
tourné à demi, il se détache du piège
tendu à son frère et à sa génération.
Il est plus petit que moi, la main large, ouverte,
je la heurte en passant ou je l’attrape exprès
pour l’arrêter. J’ignore s’il est gaucher,
si je serre aussi un Abel, allongé sur le côté,
un bras sur le visage qui ne protégeait rien. Je ne l’ai pas
pris,
son corps réclamait un espace que je n’ai pas chez moi.
Caïn est de passage, prompt à décamper, Abel, non, il est
par terre
pour voir la vie suivre l’assassin comme un chien.
Abel ne peut pas rester enfermé dans une pièce,
Caïn oui, dans l’humidité de l’ombre, près des livres
il demande un abri qui n’est pas un pardon.

/Traduction de l’italien par Danièle Valin.
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Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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