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Durant la période de confinement sanitaire, de mars à mai 2020, les Éditions Gallimard ont eu l'idée inspirante de publier des textes inédits pour la plupart écrits par des intellectuels de tous bords. Ces textes regroupés sous l'appellation Tracts de crise, sont des essais en prise directe avec leur temps, riches de la distance propre à leur singularité et portant un regard qui est un pas de côté sur cette période particulière qui nous assaille. Ces textes ont été proposés gratuitement en téléchargement aux lecteurs.
J'ai été attiré par le texte d'un écrivain que j'aime beaucoup, Erri de Luca, texte qui s'intitule le Samedi de la terre, texte très court comme les autres productions de cette série, cinq pages, mais dont l'intensité du message ressemble à un rayon de soleil fulgurant sur nos tâtonnements sombres. Je ne suis pas surpris de voir Erri de Luca apporter sa contribution aux questionnements universels qui se sont invités à l'occasion, de cette crise dont nous ne sommes pas encore sortis. Erri de Luca, apôtre de l'écologie, humaniste aussi, dit les maux de la Terre et notre responsabilité à ce sujet. Ce texte est plein de sens et nous renvoie justement au sens que nous voulons mettre dans le chemin de notre vie, pour peu que nous ayons une conscience de ne pas être seul, agir en se posant comme un maillon essentiel d'une communauté immense... Chacun de nous est responsable à la hauteur de son infime espace.
À juste titre je trouve, il fustige l'économie érigée jusqu'à maintenant en valeur suprême au détriment du service public, des solidarités, du vivre ensemble.
Le Samedi de la terre, pourquoi ce titre ? Il y a cette idée presque religieuse au départ, le Samedi appartient à la Terre, une manière de laisser respirer la planète. J'ai été émerveillé d'apprendre que durant deux mois, la faune et la flore avaient repris un peu de terrain, des oiseaux en période de nidation et de couvaison s'étaient appropriés de nouveaux territoires. Dans certains endroits où d'habitude les espaces verts sont tondus, de nouvelles fleurs sont apparues, des orchidées sauvages par exemple. Sur une plage de ma commune, nous avons pu admirer un dauphin s'approcher du rivage.
J'ai comme l'impression que nous avons exprimé de jolies idées lors de ette pause provisoire, mais que brusquement les impératifs de retour à l'économie jettent déjà dans les oubliettes ces belles intentions. J'ai peur...
Aimer la Terre c'est aussi aimer l'humanité dans sa complexité et ses contradictions, c'est vouloir aider les personnes démunies, Erri de Luca ne déroge pas au coeur qui l'anime depuis toujours et n'oublie pas que cette crise a été particulièrement douloureuse pour les plus fragiles, les personnes âgées, les laissés-pour-compte de la société, les réfugiés, les femmes et les enfants qui vivent au quotidien avec un prédateur...
Le texte d'Erri de Luca évoque aussi le sud, le soleil, comme un territoire où ce que nous avons vécu aura peut-être été moins douloureux à supporter. "Le sud, perçu comme plus sain, est
certainement un milieu ambiant plus cordial pour calmer
l'angoisse d'un état de siège." Mais il nous rappelle aussi l'envers du décor d'un sud qui est une porte ouverte sur l'Europe : "Le sud perçu comme terre de refuge, asile sanitaire, recommence à accueillir ses enfants."
Tout d'un coup j'ai envie de fredonner ces quelques paroles de Charles Aznavour, même si au fond je n'y crois qu'à moitié ou parfois pas du tout :
Il me semble que la misère ♫ ♪ ♪
Serait moins pénible au soleil ♫ ♪ ♫
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Malgré la tristesse de ce qui se passe en Italie et les commentaires d'Erri de Luca. Certaines parties de ce texte conviennent très bien à mon côté cigale.
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Chaque jour, durant cette période de crise que nous vivons avec le confinement lié au Covid-19 « Tracts » publie, sous forme numérique, des textes brefs et inédits d'auteurs déjà publiés dans la collection ou se sentant proches de celle-ci.
Celui d'Erri de Luca est très court, 5 pages en tout. Mais il est lourd de sens et d'analyse sur la situation que nous vivons. Alors que depuis longtemps l'économie est érigée en valeur suprême et qu'elle détruit la nature, elle est terrassée par la vie pure et simple, par le souci de la santé publique. Ce n'est peut-être qu'une parenthèse, mais qui sait ?...
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"Pour la première fois de ma vie, j'assiste à ce renversement : l'économie, l'obsession de sa croissance, a sauté
de son piédestal, elle n'est plus la mesure des rapports ni
l'autorité suprême. Brusquement, la santé publique, la
sécurité des citoyens, un droit égal pour tous, est l'unique
et impératif mot d'ordre"

Je me ferme aux bruits du monde, aux litanies de statistiques morbides, aux discours et aux injonctions anxiogènes qui se déversent sur nous.

Soudain un titre : le samedi de la Terre d'Erri de Luca traverse la barrière que je me suis construite. Urgence! il me le faut!

Gallimard offre le téléchargement gratuit dans sa collection Tracts. Plus qu'un essai, ce court texte(12 pages) est un tract que j'ai envie de diffuser autour de moi.

Enfin! dans les écrits et paroles "sur le confinement" vient une réflexion qui me donne comme une bouffée d'oxygène.



Et soudain une épidémie de pneumonies interrompt l'intensité de l'activité humaine. Les gouvernements instaurent des restrictions et des ralentissements. L'effet de pause produit des signes de réanimation du milieu ambiant, des cieux aux eaux. Un temps d'arrêt relativement bref montre qu'une pression productive moins forte redonne des couleurs à la face décolorée des éléments

Enfin! quelqu'un donne à lire une pensée cohérente, politique, poétique, belle, qui me traverse, me porte au lieu de me consterner.

Pourquoi ce titre? 

le Samedi qui littéralement n'est pas un jour de fête mais de cessation. La divinité a prescrit l'interruption de toute sorte de travail, écriture comprise. Et elle a imposé des limites aux distances qui pouvaient être parcourues à pied ce jour-là. le Samedi, est-il écrit, n'appartient pas à l'Adam : le Samedi appartient à la terre.

Je savais l'auteur grand lecteur de la Bible en hébreu, il a choisi Samedi plutôt que Shabbat pour que sa parole soit universelle. 


En conclusion : 

« Basta che ce sta ‘o sole, basta che ce sta ‘o mare… »

Il suffit qu'il y ait le soleil, il suffit qu'il y ait la mer.

Ce n'est pas une thérapie reconnue, mais c'est bon pour l'âme de se mettre au balcon et de se laisser baigner de lumière.

ERRI DE LUCA

Ne vous contentez pas de ces courts extraits!

LISEZ-LE !
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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C'est presque musicalement, dans le soleil du sud (à lire afin de comprendre), que je lis/entends ce texte. Très bref comme beaucoup de la collection, il a le mérite de ne pas être dépourvu d'exemples et d'interprêtations.
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La pause actuelle dans l'activité humaine rappelle l'injonction divine de respecter un repos le samedi. La Terre semble revivre provisoirement. L'obsession de l'économie et de la croissance ont sauté pour donner priorité à la vie
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