Trois chevaux c'est l'histoire d'un quinquagénaire, d'abord exilé en Argentine, rentré en Italie prenant conscience que "la vie d'un homme dure autant que celle de
trois chevaux".
Ce livre est par bien des aspects comparable à un jardin zen.
D'un côté les cicatrices marquées, minérales, presque telluriques tant elles sont profondes, dessinant l'espace psychique des protagonistes du roman, Laila la dentiste devenue prostituée, compagne fidèle au quotidien du héros jardinier , Dvora l'ancienne femme aimée, tombée en Argentine sous les coups de la dictature militaire, et le héros bien sûr écorché vif ayant pris conscience par son retour au pays du caractère éphémère de l'existence.
De l'autre, ces galets ou roches arrondies, lisses, somptuaires, autant de refuges protecteurs, figures de l'harmonie et de la poésie de l'univers. Ces galets sont dans le roman, tous ces passages de pure beauté où
De Luca exalte la beauté de l'univers, de la vie, des hommes et des femmes, des choses simples, vraies, concrètes, vivantes.
Trois chevaux c'est tout cela : un roman dépouillé, une force poétique continue, un style lisse, lumineux, une ode pudique à la beauté de la vie, des femmes, à la simplicité de l'existence, à la nature (matérialisée par le jardin), à toutes ces choses que l'on ne voit plus...sauf si
Erri de Luca nous en fait offrande.
A ce propos, il y a aussi du symbolisme dans ce livre avec l'image quasi biblique des feuilles de sauge, de l'olive et du pain dans les mains de notre jardinier. Enfin l'omniprésence des livres, compagnons de route abandonnés une fois lus pour qu'ils servent au bonheur du passant qui les trouvera.
Par sa forme poétique et son message profondément humain, ce roman est une pure merveille et un formidable espoir en notre humanité.
Il FAUT le lire!