AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 32 notes
5
4 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Grâce à Masse Critique et aux éditions Equateurs/ Parallèles, que je remercie, j'ai lu cet ouvrage de Régis Debray sur Paul Valéry. La rencontre de ces deux noms a quelque chose d'improbable à première vue : d'un côté, un ancien activiste marxiste, faisant table rase du passé, un intellectuel respecté dans les milieux bien-pensants (France-Inter entre autres, où Debray a parlé de Valéry, est pratiquement la radio d'état). De l'autre, un esprit libre, héritier critique d'une tradition née avec Montaigne et Pascal, celle de la "pensée de derrière" et du conservatisme éclairé. Mais la lecture du livre permet de changer de jugement sur Régis Debray : ayant montré patte blanche dans les premières émissions, et proférant les sottises de gauche reproduites en quatrième de couverture, l'auteur ose enfin penser et lire Valéry sans trop se soucier des préjugés de ses commanditaires. Et Debray est brillant, en particulier dans sa partie, la "médiologie". Le tableau qu'il fait du Valéry de l'entre-deux-guerres, observateur de la mort de l'Europe, est intéressant. Quelques chapitres frappants évoquent aussi le Valéry prophète des temps modernes, celui qui voit venir l'Amérique. Mais Debray tire Valéry à lui : il en fait un intellectuel attentif au monde, ce qu'il fut comme lui, en laissant dans l'ombre le mathématicien, le poète, l'un des fondateurs des sciences du langage et de la poétique modernes, et l'auteur fasciné par le fonctionnement de l'esprit conscient et inconscient. De tous ces Valéry-là, c'est le poète que je regrette de n'avoir pas entendu clairement dans ce livre.

A la fin, Debray a ce mot très juste sur la postérité de Valéry : alors qu'on retient Rimbaud, Hugo, Camus, car ils sont à la fois une oeuvre et une histoire, sa discrétion sur sa vie privée, la variété de son oeuvre, ses multiples entrées et sorties, font que le public aura de la peine à se faire une idée simple, narrative, de lui. Debray signale laidement qu'il n'y a pas de "story-telling". Valéry n'est pas simple. Un été avec lui risque d'éloigner des plages, alors que le Cimetière Marin nous y renvoie.
Commenter  J’apprécie          328
Découvrir Paul Valéry raconté par Régis Debray est un régal.
La lecture est double.

Il y a d'abord le poète, l'écrivain, l'homme présenté sous diverses facettes.
L'ordre chronologique est choisi par l'auteur qui nous livre des éléments biographiques et une analyse certes courte mais percutante de l'homme et de l'oeuvre en regard de son époque.
Un homme pour qui la poésie doit se débarrasser de toute emphase, un homme qui évolue dans ses idées au gré de l'expérience et du vécu, un penseur visionnaire qui prévoit le mal être de l'Europe et annonce un futur avec ses modifications technologiques et les bouleversements chez l'homme que l'on constate depuis quelques décennies.
Un écrivain quelque peu oublié à qui le Général de Gaulle rendit hommage par des funérailles nationales et dont la lecture de certains écrits ne peut qu'alerter tout esprit en quête de compréhension.
Un homme qui dérangea par sa dualité (ex. le Mondain et le Sectaire), par ses jugements trop lucides, par certaines prises de position déconcertantes.

Il y a ensuite l'auteur de ce livre qui jongle avec les moments de l'Histoire et nous démontre la modernité des propos de Paul Valéry.
Il ne se gêne pas pour dénoncer les travers de notre société contemporaine, les dérives de nos systèmes de communication.
Il égratigne au passage l'importance donnée à la sous-culture dominante, sous-culture de profit qui anesthésie et favorise l'absence de pensée.

Le plaisir de cette lecture est donc double : découvrir Paul Valéry et goûter les éclairages donnés par Régis Debray.
Deux plaisirs qu'il ne faut pas bouder.
Commenter  J’apprécie          161
Voici un puissant petit essai de Régis Debray à mettre entre toutes les mains de ceux qui ont peur du grand méchant loup des lettres Paul Valéry.

Je ne connaissais (d'intimidante réputation) que le poète hermétique, élève de Mallarmé son contemporain. Et il existe. Mais existent aussi des oeuvres plus brèves, plus accessibles, percutantes, et ce sont celles qu'on aime aujourd'hui.

Il ne faut pas oublier aussi Paul Valéry le penseur politique et social plutôt visionnaire mis non sans raison au programme de l'ENA : il prévit la simultanéité des images à la commande (télévision, internet) et la façon dont elle transformerait notre intellect et nos moeurs ; l'avenir de l'entente entre les nations jusqu'à ce que se réalisent aujourd'hui encore ses étonnantes prédictions ; parcourut l'Europe de conférence en conférence ; écrivit maintes chroniques journalistiques ; fut à l'initiative de la Société des Nations et de maintes autres organisations intellectuelles et scientifiques.

Il promouvait avec ardeur une société européenne, fondée non sur la marchandise mais sur la mise en commun des idées. On se souvient du fameux dialogue de Freud et d'Albert Einstein sur la guerre.

La montée du nazisme le désenchanta grandement.

Il mourut en 1945 et de Gaule lui organisa des obsèques nationales. Mais se souvient-on que Jean Moulin avait réfléchi à l'idée d'en faire un président de la République ?

Debray a une plume alerte, pleine d'humour, très légèrement coquine (au sens noble du terme), il nous rend l'homme sympathique. Son livre est un petit bijou qui, (peut-être), ouvrira une porte.

Paul Valéry est une montagne qu'on peut aborder par plusieurs côtés.
Commenter  J’apprécie          140
J'aime bien le format et le contenu de ce petit livre. Une série d'émissions radiophoniques est à l'origine de l'ouvrage . Par petites touches Régis Debray nous permet de mieux connaître le brillant poète et le brillant analyste de notre société qu'était Paul Valéry. Un petit livre a mettre dans son sac et à butiner.
Commenter  J’apprécie          60
Paul Valéry est né à Sète. Un musée, une rue et un lycée portent son nom, tandis que chaque mois de septembre, des Journées font de son souvenir, une mémoire vivante. Mais le parcours initiatique à l'univers et à la pensée de Paul Valéry, c'est grâce à ce petit livre éditant les chroniques radiodiffusées sur France Inter au cours de l'été 2018, que vous le ferez. Paul Valéry est à la fois un personnage et une personne ; le personnage est homme d'institution, bienséant, peut-être guindé, la personne est « irréconciliée », frondeuse, et Régis Debray, de poursuivre en le décrivant : sacripant, anar, salace, coureur, farceur… Ces deux Paul Valéry, depuis sa naissance à Sète en 1871 à sa mort le 20 juillet 1945, l'auteur nous les fait découvrir avec conviction, minutie et force documents, références, citations. Poète, Paul Valéry le fut, comme il fut géopoliticien avisé autant qu'éclairé, intellectuel et homme d'état pressenti (Jean Moulin le destinait à la fonction présidentielle), fonctionnaire, journaliste, membre de la Résistance, académicien... Paul Valéry, c'est tout cela et tellement plus encore, à commencer par le poète et le penseur injustement oubliés. Ce cimetière marin où il repose, est lui, bien vivant, parcouru chaque jour de familles qui, au soleil et face à la mer, viennent fleurir des tombes blanches ou dorées, sous les pins et dans le roucoulement des colombes.
Commenter  J’apprécie          30
Quand un intellectuel nous parle d'un autre intellectuel... cela nous offre un brillant petit essai, plein (trop plein ?) de références érudites. L'ouvrage est découpé en une trentaine de chapitres qui sont autant de courtes dissertations. Si vous les lisez à voix haute, chacune d'elles vous prendra cinq minutes environ. Cinq minutes denses, mais agréables.

On connaît ou on croit connaître les aphorismes de Paul Valéry et la place qu'il a occupé dans le royaume des lettres de France. le mérite de ce petit livre est de nous rappeler quelques unes de ses réflexions. Par exemple : " Je n'aime pas trop les musées. Il y en a beaucoup d'admirables, il n'en est point de délicieux. " Ou encore : " La politique fut d'abord l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. À une époque suivante, on y adjoignit l'art de contraindre les gens à décider sur ce qu'ils n'entendent pas. " Et aussi : " Les grands hommes sont ceux dont les fautes ne comptent pas. " Etc. Je relève encore : " Il est remarquable que la dictature soit à présent contagieuse, comme le fut jadis la liberté. " et je clos cette série par : " La faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force."

Vous trouverez dans ce livre des réflexions sur la surabondance de biens culturels dans notre société, des indications sur deux facettes de Paul Valéry : l'intellectuel, "poète d'État, avec raie au milieu et noeud papillon" et le "sacripant drolatique, l'anar espiègle", des précisions sur ses fréquentations (Mallarmé, Louÿs, Gide, Claudel, Debussy, Degas...) et une belle apologie de la société du spectacle.

J'ignorais, pour ma part, que l'on avait songé à Paul Valéry pour la Présidence de la IVe République, mais j'ai eu plaisir de reprendre contact avec l'impressionnante et magique diversité de son oeuvre.

Monsieur Teste peut être avantageusement revisité.
Commenter  J’apprécie          30
Un été avec Paul Valéry : faut-il en dire davantage pour comprendre qu'il n'y a pas de meilleure lecture en ces jours de canicule ? S'il ne fallait en dire qu'une seule chose, je citerais simplement l'auteur, Régis Debray : « l'été sied à Paul Valéry, ce solaire impénitent qui nous enjoint de plonger dans la mer pour mieux renaître ». Si la critique prenait fin à ce stade, je ne m'attirais nul esclandre. En effet, l'ouvrage recèle précisément ce qu'il annonce, une brève description de ce qu'était Paul Valéry et son oeuvre.
Néanmoins, il serait injuste de pas ajouter qu'il s'agit là d'un travail de qualité : sans fioriture, Régis Debray commencer à nous emmener à travers la jeunesse de l'auteur. Au hasard des rencontres, il accumule les informations et, sans palabre, il explore la vision sociétale de cet auteur pas si lointain. La plupart des chapitres sont biographiques, comme « le trio à plumes », dans lequel nous en apprenons davantage sur l'influence qu'a pu avoir ses amis sur la vie de l'auteur pour qui l'amour rendait la pensée frivole alors que l'amitié l'enrichissait. D'autres, moins nombreux mais quand bien même intéressants, aborde la clairvoyance de la vision de la politique européenne de Paul Valéry.
Cet ouvrage recèle en lui trois qualités irréfutables : la première est de nous informer sur un auteur qui, aujourd'hui encore, demeure incontournable, et ce de manière légère (quoique sérieuse tout de même) ; la deuxième est de nous faire réfléchir sur la société de l'époque (l'entre-deux guerre notamment) et, par mimétisme, sur la nôtre ; la troisième est de nous pousser à en apprendre davantage sur Paul Valéry et de redécouvrir son oeuvre. C'est les raisons pour lesquels je vous conseille de vous plonger dans « Un été avec Paul Valéry ». Quant à moi, j'explorai le reste de la collection avec notamment « Un été avec Baudelaire ».
Commenter  J’apprécie          20
Tout d'abord merci aux éditions des equateurs ainsi qu'à babelio (et masse critique) pour m'avoir fait découvrir ce livre de Régis Debray.
Emporté par de petits chapitres chronologiques, j'ai découvert un Paul Valéry ambivalent, parfois mystérieux mais toujours émouvant. "C'est une montagne qu'on peut gravir par plusieurs faces" nous suggèrera l'auteur.
Ainsi la vie de P Valéry est retracée, ses rencontres, ses pensées, ses envies.
On y apprend donc des éléments de vie, rythmés ça et là par des vers soigneusement choisis.
Malgré cela j'ai trouvé la lecture assez plate, peut être trop linéaire. En réalité je ne savais pas trop à quoi m'attendre et mon impression générale est assez neutre. le livre se lit très bien et l'écriture très agréable mais j'avoue me sentir coupable de ne pas avoir vibré comme je l'aurais souhaité.
En revanche je suis maintenant intrigué par les autres "un été avec... " dont je continuerai certainement les lectures !
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (73) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1722 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}