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Porteuse d'une radicalité certaine, Constance Debré quitte la sphère intime et l'autofiction pour s'attaquer aux injustices sociales. Habile dans l'art de porter le fer là où cela fait mal, elle aime triturer les chairs à l'aide de sa plume vengeresse. L'ancienne avocate a décidé cette fois-ci de mener son entreprise de démolition sur la Justice.
La recette tient en peu de choses. Prendre un crime odieux, l'assassinat d'une vieille dans son appartement minable pour quelques poignées d'euros par un gamin de banlieue qui doit s'acquitter d'une dette auprès de son dealer. Dépeindre une petite frappe en quelques traits : déscolarisation, RSA, joints, glande et enfant en bas âge. Pour l'écrivaine, le meurtre commis est la conséquence d'un ordre social générant de façon systémique l'inégalité. Quant à la Justice, elle n'est que parodie, une « sale messe » : « Il faut bien un sacrifice. Que quelque chose d'insupportable soit purgé. Un homme doit payer pour tous les hommes. »
Hélas, 140 pages c'est un peu court pour mettre quelques nuances dans un discours qui n'en a aucune. On est loin de Crime et Châtiment et des interrogations de Raskolnikov. le résultat aboutit à considérer le meurtrier comme le simple produit d'une misère sociale, d'un rapport de domination entre nantis et laissés-pour-compte et à qui l'on passe la chasuble d'un pénitent chargé « de porter tout le mal. »
Le résultat est cruel dans cette vision en hauteur, qui renvoie le criminel au niveau de la victime, les classes populaires au lumpenprolétatiat, et qui définit la sanction comme le produit d'une justice de classe. le meurtrier est la victime expiatoire de la société, son rôle est d'exorciser « toute la pourriture de l'humanité ». On l'aura compris, il n'y a pas de morale parce qu'elle n'est que bourgeoise, « votre morale cache votre faute », pas plus qu'il n'existe d'équité, « votre droit cache votre crime ». Ce que l'on pourrait résumer par : tous responsables. Et si la dupe dans ce jeu de massacre était Constance Debré elle-même ?
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Un jeune homme tue une vieille dame de plusieurs coups de couteau pour la somme dérisoire de 450 euros. La nécessité pour lui d'un remboursement urgent. Je n'en dirais pas plus pour garder le mystère ; le livre fait moins de 150 pages.

Tout est condensé et bref, dans un style gonflé de colère, de ressentiment et de rage. On sent la violence sous-jacente dans chaque phrase, le ras-le-bol, le trop plein contre une forme de fatalité et de société qui prône une justice qui n'existe pas.

Ancienne avocate pénaliste, Constance Debré connait son sujet. On suit les pensées de ce jeune homme, ses tergiversations, ses choix ou absence de choix, les conséquences judiciaires en passant par la description de son quotidien où l'espoir d'une vie meilleure semble pipé dès l'enfance.

Virage littéraire pour Constance Debré qui délaisse l'autobiographie/autofiction de ses trois premiers livres. Si le style est assez différent, comme un choix volontaire de cumuler changement de thème avec changement de plume, j'ai malgré tout retrouvé cette volonté d'en découdre, cette forme d'agressivité et de remise en cause des codes, des croyances et des certitudes.

Elle y va franco. Elle assène, elle constate, elle décrit, elle accuse ; on a parfois l'impression qu'elle hurle et a envie de tout casser. Un roman d'une rare intensité.
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« Notre Père (…)
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »

Il l'a tuée pour 450 euros
Il l'a tuée et est retourné se coucher
Dans l'appartement du dessus
Sans se cacher
Il a tué cette octogénaire
Pour qui il faisait des courses
Une dette de drogue
De pauvres gens
450 euros pour deux vies

« et ne nous laisse pas entrer en tentation,
Mais délivre-nous du Mal »

Rapidement la police le retrouve
L'engrenage judiciaire
La condamnation
La prison
Un crime brutal, violent, sans motif, il faut bien condamner son auteur
Protéger la société
Maintenir l'ordre

« Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel »

La justice
La société
La prison
La vie
L'exclusion
La drogue
450 euros

Qui est coupable?

Constance Debré fout un grand coup de pied dans ce monde manichéen. Iconoclaste, elle l'est définitivement. Gentille petite fille, pas son genre. L'ancienne avocate penaliste pose un regard sans concession sur la société, le système judiciaire et la loi des hommes. « Le droit est une farce ».

Elle nous offre un texte fort, qui se lit en apnée, avec un champ lexical travaillé. le Bien et le Mal. le Bien contre le Mal. le Mal dans le Bien. le Bien dans le Mal.

Un texte qui ne vous laissera pas indemne. Qui vous remuera. Vous poignardera. Un texte comme je les aime duquel transperce un certain humanisme.
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Ayant lu tous les livres de Constance Debré j'étais contente lorsque j'ai appris que son dernier bouquin sortait. Je pensais que comme à l'accoutumé je serais ravie en lisant ce dernier.. Ce ne fût guère le cas. J'ai été vachement déçue.. La façon dont c'est écrit m'a perturbée, les répétitions, la forme des "paragraphe" on aurait dit un ensemble de petits paragraphes collés pour former une histoire plus ou moins sensée. Dommage !
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UN AMORALISME NIETZSCHÉEN ?
Constance Debré, ancienne avocate pénaliste, est bien placée pour disserter sur la frontière entre le bien et le mal.
Un jeune dealer assassine une vieille et pauvre dame pour lui voler 450 € afin de rembourser l'argent de la drogue que son petit frère lui a dérobée.
Tout le livre, qui part du crime jusqu'au procès, disserte sur la séparation entre victimes et coupables, sur le discernement entre le bien et le mal. Foin du manichéisme : pour l'autrice, qui semble plaider pour un nouvel ordre social, tout le monde est responsable de tout ce qui arrive ; celui qui tue, tue à notre place. La société n'est pas dans le camp du bien car nous sommes tous coupables ! Comme dans l'enfer de Dante, la bourgeoisie bien pensante repose sur les différents cercles de la délinquance et du vice et s'en nourrit. le lecteur est d'ailleurs inclus dans le monde du dessus et marche aussi sur la misère. Quant à l'assassin il n'aura à aucun moment un sentiment de regret ou de compassion pour sa victime. On est loin de Crime et Châtiment !
« Nous sommes l'envers du mensonge.[…] Peut-être que c'est grâce à nous que l'humanité tient encore, nous les petits
bâtards plein de shit qui tuent les vieilles dans les cités, […] Peut être que c'est grâce à nous qu'il y a encore quelque chose de vrai »
La description du procès est l'occasion de remettre en question la pertinence de la justice : vis à vis d'une décision aussi grave qu'un verdict, elle ne recherche pas la vérité mais gesticule et pérore. « Elle n'est que cruauté sur cruauté, violence sur violence » ; elle est du côté du bien, elle n'est là que pour sacrifier un coupable.
En cours de lecture, je me suis demandé si l'autrice se mettait à la place du jeune délinquant pour exprimer sa vision du monde, et en fait, le bisionnage des ITW sur les différents médias m'ont montré qu'il il s'agissait d'une thèses tour à fait personnelle
Un livre bien écrit mais dérangeant… l'ordre des choses.
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Un très bon roman court sur la misère et le misérabilisme à travers le récit du procès d'un jeune de banlieue pour le meurtre d'une octogénaire sur fond de deal. Les vies les scènes les émotions les motivations les démotivations les inégalités sociales la peur la justice tout y est décortiqué analysé dans un style incisif brutal désinhibé déroutant qui matche parfaitement avec la tonalité et le rythme de l'histoire (ça y est vous pouvez reprendre votre souffle !).

Bref, ça se lit d'une traite et ne laisse pas indifférent. J'ai du coup bien l'intention de découvrir les autres ouvrages de cette auteure.
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Un livre coup de poing, dont le résumé a aiguisé ma curiosité. Car ici, Constance Debré revient avec une plume toujours aussi forte, parfois violente, mais une histoire en apparence moins personnelle. Quoique, l'ancienne avocate a probablement mis tout ce qu'elle avait de la mémoire de son ancienne vie pour donner vie à ce texte, précisément. Coup de poing, et presque coup de coeur !
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Une belle découverte, l'écriture est incisive chirurgicale, les phrases sont courtes mais tranchantes, directes et le propos d'actualité.
Une vieille femme est assassinée pour un peu plus de 400 euros par son voisin, "nourrice" et dealer qui doit de l'argent à son fournisseur sous peine de voir sa famille molestée. Un crime odieux certes mais banalisé par la société blasée de ces règlements de compte. L'histoire est donc racontée avec une froideur, un recul et une analyse de la justice qui ne laisse pas indifférent.
J'ai pensé au début de cette prière : Pardonnez nous nos offenses comme nous pardonnons ceux qui nous ont offensés.
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Intelligent et percutant, ce roman se lit d'une traite et un peu en apnée.
Ce texte fait penser à une plaidoirie et ce n'est pas très étonnant.

Durant ma lecture, j'ai noté pas mal de citations qui me semblaient très pertinentes.
Constance Debre utilise une écriture très sèche presque violente qui devient le révélateur d'une grande humanité.
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Constance Debré poursuit dans un pas à pas de textes courts la construction d'une oeuvre, son chemin de décryptage du point de chavirement (pour reprendre le mot de Lola Lafon) de sa vie. Cette fois c'est en livrant son point de vue par la voix (voie) d'un jeune homme jugé pour meurtre en disséquant au laser la question morale, sous tous les aspects, du dossier de justice.
En cent vingt pages est démontré combien la complexité des êtres et des faits si justement décrite est laminée par la comptabilité du bien et du mal dès qu'en apparaît la personnification sous forme de « Eux/moi » ou comme ici « Vous/nous », pour une plongée abyssale qui ramène à la violence sans la dénouer.
Je venais de poser une critique d'« Eux » de Joyce Carol Oates quand j'ai lu « Offenses ». Cinquante-cinq ans séparent ces deux textes en écho troublant, l'un débordant de ces 640 pages acharnées à un récit qui fouille les vies sans en perdre une miette, l'autre resserré sur les faits mais les faisant parler. La forme est différente pour une démarche et une sensibilité si proches, à considérer l'impasse où mène le raccourci des « Eux », des « Vous » qui inlassablement alimente la violence.
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