Citations sur Dictionnaire amoureux des Faits divers (17)
Il n’y a pas de fait-divers sans étonnement .-Roland Barthes
Une fois "rangée" dans notre mémoire à la façon d'un mot de passe, une odeur devient à peu près inoubliable.
Je me méfie des bals. D'abord parce que je ne sais pas danser. ( Bals tragiques)
Déjà, quand Dean l'avait présentée à ses meilleurs amis, ceux-ci avaient paru troublés : George Barris, l'homme qui customisait les voitures du Tout-Hollywood et qui avait travaillé sur "Little Bastard", avait avoué à Dean que la Porsche dégageait quelque chose de malveillant. Ursula Andress avait eu la même sensation. Quant à Alec Guinness, il s'était montré encore plus catégorique: "Elle est belle, Jimmy, mais en même temps elle est sinistre. Si tu roules avec cette voiture, la semaine prochaine tu es mort..."
C'est juste sept jours avant que Dean ne se tue au volant de "Little Bastard".
Ce qui nous séduisait, c'était le petit peuple des faits divers. Je dis "petit peuple" parce que les Grands, les Puissants, se réservent le fait historique. Aux petits, aux modestes, échoit le fait divers. Même si, à terme, la conclusion est la même : des victimes, des tueurs, du sang, une scène de crime insoutenable.
En fait, je le sais aujourd'hui, ni mon père ni moi n'aimions les faits divers. Tout au contraire, nous les avions en horreur, ils nous révoltaient, nous offusquaient, nous révulsaient.
Ce que nous aimions, mais alors là passionnément, c'étaient les personnages qui les hantaient, les victimes, les canailles, les justiciers, les salauds, les duellistes millénaires (...)
Ce qui nous séduisait, c'était le petit peuple des faits divers.
Je dis "petit peuple" parce que les Grands, les Puissants, se réservent le fait historique.
Aux petits, aux modestes, échoit le fait divers. (p. 11)
p.605-6.
Ainsi que l'explique fort bien l'historienne Anne-Emmanuelle Demartini, « il faut saisir toute la distance qui sépare le traitement actuel des affaires d'inceste et celui dont a pu faire l'objet en son temps l'affaire Nozière. Cette distance se donne à voir, en premier lieu et avant tout, dans le tabou qui a frappé l'inceste – le terme de tabou est pris ici, non au sens premier de ce qui fait l'objet d'une interdiction, mais dans le sens général qui renvoie à une interdiction de parole ».
Et le fait est que, du président de la cour d'assises au plus modeste des pisse-copie, tous évitent soigneusement, je serais tenté de dire : religieusement, le mot qui fâche : inceste. Du coup, parce qu'elle a osé le prononcer, et même le brandir comme système de défense, Violette est qualifiée d'infâme, d'abominable, d'immonde, voire de démente.
Elle ne s'est pourtant pas contentée d'accuser, elle a prouvé : elle a indiqué aux policiers où trouver le chiffon raidi de sperme dans lequel son père éjaculait par peur de l'engrosser, ainsi que les gravures e les chansons libertines (on dirait aujourd'hui porno) dont Nozière usait pour provoquer et entretenir son érection.
Mais en ce XIXᵉ siècle finissant, on se méfie des accusations d'attentat à la pudeur, et a fortiori de viol, plus encore d'inceste, qui sont portées par des demoiselles soupçonnées d'hystérie et de prendre leurs rêves pour des réalités. C'est ainsi que Violette « aurait été inconsciemment attirée par son père et […] l'accuserait d'un acte qu'il n'a jamais commis mais qu'elle souhaitait involontairement dans le plus profond de son être...
p.548.
Albert Londres avait donné une teinte nouvelle au reportage. Pendant une douzaine, une quinzaine d'années, il faut bien le comprendre, nos compatriotes s'étaient habitués à le lire, à lui faire confiance quand ils l'entendaient dénoncer des injustices [le bagne de Cayenne, la traite des Blanches, les méthodes dégradantes employées dans les asiles d'aliénés, la grande misère des ouvriers africains construisant la ligne de chemin de fer Brazzaville – Pointe Noire, etc.], contester avec preuves à l'appui, maintes situations que le grand public considérait comme autant de choses jugées.
p.450.
comme l'auteur de Pygmalion qui aimait à dire que « l'humanité serait depuis longtemps heureuse, si tout le génie que les hommes mettent à réparer leurs bêtises, ils l'employaient à ne pas les commettre ».
p.417.
Guillotine
« Je ne suis nullement l'inventeur de cet appareil, protestait-il, j'ai simplement préconisé que tous les citoyens condamnés à mort soient égaux dans le supplice, ce qui m'a incité à recommander l'emploi d'une "mécanique" capable de dispenser la même mort pour tous, une mort rapide et l'on n'aurait plus à redouter la maladresse éventuelle du bourreau... »