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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A vrai dire, je ne saurais dire si j'ai aimé ce long pavé mais je n'ai pas détesté non plus.
L'histoire est intéressante car la fabrique des illusions nous parle du rêve américain, des espoirs et des désillusions de ceux qui ont pu y croire..
le personnage de Molly Howe ainsi que les membres de sa famille sont très bien construits et remonter à l' enfance de Molly ,et y consacrer autant de temps est judicieux mais ces longueurs sont parfois lassantes .
Le chassé croisé narratif est appréciable car on se met facilement dans la peau des personnages ce qui fait que l'on est absolument pas surpris de la fin du livre. On a appris à connaître le personnage de Molly Howe et on sait d'avance ce qu'elle fera.
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Tout ça pour ça. C'est l'impression globale qui ressort de cette longue lecture dont l'originalité principale est la construction.

Nous sommes au Etats-Unis, de nos jours. Deux histoires cheminent en parallèle, et l'on pressent qu'elles vont converger, même si rien ne le laisse présager au départ. John travaille dans la publicité à New-York puis suit dans le Sud un transfuge de sa boite qui se lance dans une entreprise très novatrice et révolutionnaire dans le domaine de la communication publicitaire. Molly est une ado sulfureuse, qui sème la zizanie partout où elle passe, et quitte le Sud pour rejoindre son frère en Californie. Ni l'un ni l'autre ne se conforment à ce qui devrait être leur emploi du temps d'étudiants, l'une squatte les cours au hasard, l'autre prend la tête d'une secte évangéliste.

Revenons à ce qui fait l'originalité du roman : un premier chapitre interminable, plus de 350 pages sans respiration, avec pour seul artifice le raccourcissement progressif des passages alternés de l'histoire des deux protagonistes, un deuxième chapitre sur le même mode, pendant 150 pages, puis un dernier en épilogue sur 70 pages qui donne un peu l'impression que l'auteur lui même s'est lassé. Ajoutons à cela des dialogues sans tirets ou guillemets. C'est tout de même une rude épreuve ....

Tout n'est pas négatif pour autant : l'écriture sauve l'ensemble par sa fluidité. Et puis il est intéressant d'explorer ce milieu de la publicité, où art et finances se côtoient pour le meilleur et pour le pire. Les personnages sont bien campés et leur destin ne laisse pas indifférent, tout Côme le désarroi de cette société déboussolée par les affres de cette interminable crise mondiale.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Si y'a un truc qui m'horripile au quotidien, c'est bien la PUB !
Les slogans racoleurs, les effets de mode, le matraquage permanent, les campagnes ciblées et les spots vides de sens rediffusés à l'envi, la marchandisation du "temps de cerveau disponible", le "j'achète donc je suis", beurk beurk et beurk. Très peu pour moi.
Alors pourquoi, me direz-vous, m'être tourné vers ce roman dont les personnages, si l'on en croit la 4ème de couverture, semblent évoluer dans un monde de consumérisme et de superficialité de mon point de vue très peu engageant ?
Eh ben tout simplement parce que je garde un très bon souvenir de ma première rencontre avec Jonathan Dee (Ceux d'ici), et que j'étais curieux de voir s'il arriverait à me convaincre à nouveau dans cet exercice autrement plus périlleux : celui de m'intéresser à la pub ! Allait-il trouver une porte dérobée pour me faire entrer dans cet univers que je m'efforce généralement d'occulter (avec plus ou moins de succès...) ? Allait-il réussir à démonter pour moi les rouages secrets de cette fameuse "fabrique à illusions" afin de m'aider à y voir un moyen d'expression artistique exaltant et débridé, aussi "respectable" que les autres ?

440 pages plus tard, il me faut bien admettre que la réponse est oui, Jonathan Dee a encore gagné son pari !
Comme la première fois, j'ai eu un peu de mal à m'acclimater à sa prose plutôt décousue, avant de me laisser complètement embarquer par ce roman. L'auteur y met en lumière, avec un cynisme qui m'a beaucoup plu, tout un pan de la société américaine, "laquelle masque son absence de racines culturelles sous la consternante exaltation de la nouveauté et laquelle, au lieu de se soucier d'éternité, a parachevé l'art d'oublier, de manière à pouvoir réapprendre les mêmes choses à l'infini avec un enchantement sans cesse ravivé."

Son histoire, très bien menée, met en scène deux personnages principaux aux caractères finement analysés et aux états d'âme soigneusement disséqués.
La belle Molly, éprise de liberté et d'émancipation totale, multiplie les aventures sans lendemain. L'autodénigrement maladif dont elle fait preuve l'empêche de concevoir que les hommes puissent sincèrement lui vouloir du bien.
John, quant à lui, plaque le même jour sa compagne et son agence de pub "traditionnelle" pour suivre son patron, l'excentrique et charismatique Mal Osbourne, dans un nouveau projet aussi ambitieux qu'incertain. le bonhomme s'est en effet mis en tête de révolutionner de fond en comble le monde de la publicité ("le plus grand mode d'expression de notre époque [dont le budget annuel mondial, entre parenthèse, est plus important que celui dévolu à l'éducation publique]") : adieu les accroches creuses et les spots pré-formatés, place aux véritables oeuvres d'art, aux performances spectaculaires et complètement décorrélées des marques qu'elles sont censées représenter. Il est en effet entendu que "les publicités n'ont rien à voir avec la qualité, la valeur ou la nature du produit qu'elles promeuvent, et ce depuis très longtemps. Cette relation est totalement caduque." C'est le début d'une expérience sociale et artistique inédite, qui évidemment ne se déroulera pas tout à fait comme prévu...

Bien sûr aussi, comme on le devine vite, les destins de Molly et John se trouvent inextricablement liés sans pour autant - et pour moi c'est heureux ! - que l'auteur ne verse de manière trop caricaturale dans la romance bébête. Bien au contraire, la relation qui se développe entre elle (l'Insaisissable) et lui (l'Idéaliste) se révèle être d'une étonnante complexité, et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre leur curieux pas de deux.

Le principal point fort du roman n'en reste pas moins cette double réflexion très pertinente autour de l'art (la conception d'une oeuvre, la façon dont elle est diffusée et celle dont le public se l'approprie) et de la publicité, que Mal Osbourne qualifie non sans une certaine justesse "d'authentique parasite mental".
Pour lui, "nous vivons dans une époque où l'avant-garde a cessé d'exister, où plus rien ne choque personne parce que nous avons tout vu, tout fait, tout enfreint, tout renversé. [...] Pour retrouver cette puissance avant-gardiste, il faut, paradoxalement, travailler dans le plus banal de tous les médias. [...] Si on veut faire quelque chose d'intéressant, quelque chose de nouveau, on doit oublier les livres, oublier la peinture, la sculpture, le théâtre, le journaliste, le cinéma. On doit s'intéresser à la publicité. On doit annexer son incroyable capacité de destruction."
Tout un programme, n'est-ce pas ?
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Le livre s'ouvre et se referme avec le personnage de Molly, un être à part, elle traverse tout le roman comme une étoile filante, dégageant un magnétisme troublant pour son entourage. Dans cette période, déjà difficile, de l'adolescence, elle va avoir une aventure fugitive avec un père de famille. Se sentant déjà différente, elle va pourtant prendre de plein fouet un rejet généralisé au sein même de sa famille, pourtant « cette espèce d'ostracisme sidéré n'était pas grave », elle éprouve toujours un certain détachement. Alors que, de son côté, elle est capable d'évaluer un homme en moins de cinq minutes, de leur côté les hommes « ne cesseraient jamais d'essayer de pénétrer un mystère qu'ils n'avaient aucune chance de comprendre ». de plus, cette place de paria qu'on lui assigne, va devenir un mode de vie, elle existe désormais dans la marge, elle se veut presque invisible, en fuite permanente. Elle va même jusqu'à éprouver de la douleur qu'on puisse se soucier d'elle, elle n'éprouve pas vraiment de l'amour, mais une seule fois, « une envie éperdue d'être normale ».
L'auteur opère une coupure en alternance dans la narration, pour présenter un autre personnage qui travaille dans le milieu de la publicité, on va suivre un moment crucial de sa carrière, sa rencontre avec un personnage emblématique de ce milieu qui lui propose de travailler avec lui. Ce gourou cherche à opérer un rapprochement entre les pratiques artistiques et la culture de masse, les objets ou les entreprises à promouvoir passant au second plan, la publicité devenant elle-même une oeuvre d'art à part entière. L'auteur leur oppose le discours de la contre-culture à travers les personnages d'un cinéaste et de deux universitaires activistes. Cette collusion entre art et publicité est un discours typiquement américain, alors que l'Europe a une culture ancestrale, « contrairement à l'Amérique; laquelle masquait son absence de racines culturelles sous la constante exaltation de la nouveauté, laquelle, au lieu de se soucier d'éternité, avait parachevé l'art d'oublier, de manière à pouvoir réapprendre les mêmes choses à l'infini avec un enchantement sans cesse renouvelé ». La lecture du roman m'a beaucoup fait penser à l'ouvrage d'Umberto Eco, La guerre du faux.
Les deux histoires vont se rejoindre, la troublante Molly créant le manque sur son passage, ne laissant aux hommes qu'elles croisent que la possibilité de constater cette perte et de résoudre l'aporétique de l'amour, entre maîtrise et autonomie, la singularité de cette jeune femme étant qu'elle se refuse à subir cette dialectique, pour elle « (…) il vaut mieux ne pas être aimée du tout que d'être aimée d'une manière qui n'est pas authentique ». L'écriture se déploie avec beaucoup d'aisance malgré sa densité, la description de la psychologie des personnages est très élaborée, la tentative d'écriture expérimentale sur le dernier quart du livre est superflue.
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Molly Howe grandit dans la petite ville d'Ulster, dans l'État de New York. Ville née uniquement grâce à l'arrivée d'IBM dans les années 1960-70 et qui s'avèrera aussi fragile qu'une coquille vide. C'est dans ce décor au bord du déclin que s'installe la famille Howe et qui sera comme une illustration de Ulster : une mère dépressive, un père jouant les hommes heureux à tout prix, un fils qui deviendra gourou et Molly, insaisissable et distante.

A dix ans de là, à New York, John Wheelwright travaille dans une agence de publicité après avoir fait des études d'histoire de l'art. Malgré son succès, John est un peu insatisfait de l'univers de la pub. Il se fait alors remarquer par l'un des fondateurs de l'agence où il travaille : Mal Osbourne. Ce dernier a une vision singulière de la pub : « le langage de la publicité est le langage de la vie américaine : de l'art américain, de la politique américaine, des médias américains, de la loi américaine, des entreprises américaines. En changeant ce langage, par voie de conséquence, nous changerons le monde. » Osbourne décide de créer une communauté d'artistes à Charlottesville pour réinventer la pub et John décide le suivre.

Ce deuxième roman de Jonathan Dee traduit en français fait montre des mêmes qualités et défauts que « Les privilèges ». La construction du livre est encore une fois brillante. La première partie alterne les vies de Molly et de John sans rapport apparent et à des époques différentes. L'alternance s'accélère petit à petit pour en arriver à leur rencontre. La deuxième partie est le journal de John à Charlottesville. La dernière reprend la voix d'un narrateur neutre pour clôturer le roman. Ces choix apportent beaucoup de rythme au livre et Jonathan Dee est passé maître dans l'art d'alterner les points de vue.

« La fabrique des illusions » est une critique du monde des images et de la pub en particulier à travers la colonie d'Osbourne. le personnage fait bien entendu penser à Oliviero Toscani (le créateur des campagnes de Benetton qui avait fait beaucoup de bruit à l'époque). Il veut changer le monde mais sa démarche finit par être cynique. Remplacer la pub par des oeuvres d'art dévalorise le travail intellectuel des artistes et annihile tout message subversif porté par l'art. le consumérisme galopant n'en est en rien modifié, la pub a au moins l'honnêteté de son objectif. Elle ne peut utiliser le langage subtil et intelligent des artistes. Dans cet univers voué au désastre, se retrouvent Molly et John. Deux personnages extrêmement intéressants et décortiqués sous la plume de Jonathan Dee. Molly semble ne faire que passer, instable et indifférente, elle est dans l'incapacité d'aimer. John est notre Candide, plein d'illusions, d'envies, il ira de déception en catastrophes. Serait-il à l'image du rêve américain ?

Malgré sa brillante construction et sa fine analyse sociétale, je suis restée un peu extérieure au roman. Comme pour « Les privilèges », Jonathan Dee regarde son monde avec beaucoup de distance et laisse peu de place à son lecteur. J'aurais aimé ressentir de l'empathie ou de l'antipathie pour les personnages, me sentir plus impliquée dans leur histoire.

« La fabrique des illusions » nous montre encore une fois le grand talent de Jonathan Dee, auteur brillant et lucide sur notre époque. S'il laisse un peu plus son lecteur rentrer dans son monde, ce sera grandiose. J'attends donc la suite.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Pas très emballée par ce roman sur le monde de la pub.
J'avais découvert avec plaisir Jonhattan Dee avec "les Privilèges", ce deuxième essai aura été beaucoup moins concluant.
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Molly est une jeune femme hors du commun. Dès son plus jeune âge, tout le monde remarque sa beauté incroyable. Quant à sa personnalité, elle est des plus intrigante. En effet, Molly vit une vie détachée, elle erre comme une ombre au milieu des gens, sans vraiment vouloir prendre sa place dans la société. Plus on la remarque, plus elle se fait discrète.

John quant à lui, travaille dans une prestigieuse agence de publicité new-yorkaise. Il n'hésitera pourtant pas à suivre l'un de ses anciens patrons dans une nouvelle structure, au fin fond de nulle part, pour travailler dans une nouvelle agence dont le concept clef sera de faire de la pub sans même avoir la moindre idée du produit à mettre en avant.

Puis, en filigrane, il y a la famille de Molly, sont frère tordu et illuminé, ses parents dépressifs...

J'en attendais beaucoup de ce roman, certainement trop, depuis qu'il m'eut été vanté (surtout un certain premier chapitre) par une blogueuse de ma connaissance. Après une rencontre au Festival America, je me suis dit qu'il fallait effectivement que je découvre cet auteur. Mais (forcément, tout cela annonçait un "mais") j'avoue que ce roman fut loin d'être à la hauteur de mes espérances.

Pourtant, j'ai lu ce roman avec plaisir, je ne m'ennuyais pas lorsque j'étais plongé dedans... mais si je ne l'ouvrais pas pendant quelques jours, cela ne me faisait ni chaud ni froid. le roman est à l'image même de Molly, flottant, qui ne cherche à créer aucune empathie pour les personnages. du coup, notre intérêt est à l'image de l'ambiance du livre... Si encore le livre se terminait sur un retournement de situation, une évènement d'un quelconque intérêt... mais force m'est d'avouer qu'en fermant le livre j'ai pensé : tout ça pour ça ?!

Mais je dois reconnaître que ce livre traduit parfaitement une ambiance américaine, mais une solide intrigue manque terriblement pour en faire un bon roman.

Je ne sais donc pas si je continuerai ma découverte de Jonathan Dee, pour l'instant, je me dis que j'ai des choses plus palpitantes à lire...
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Me voilà ravie d'avoir enfin fini ce roman imposant qu'est La fabrique des illusions de Jonathan Dee, reçu en partenariat dans le cadre de la Masse Critique organisée par Babelio. Et le moins qu'on puisse dire est que ce livre est vraiment dense.
On peut dégager deux angles particuliers sous lesquels a été écrit ce roman.

D'abord, ce qui m'a le plus plu, le portrait en parallèle de deux personnes qui n'ont a priori absolument rien à voir l'un avec l'autre. D'un côté Molly, enfant puis jeune fille qui grandit dans une ville perdue au sein d'un foyer trop lisse, et de l'autre John, jeune homme qui vit à New York avec sa belle fiancée et travaille dans une grande agence de pub. Pendant toute la première partie, l'auteur décrit dans un style quasi journalistique, que j'ai beaucoup aimé, leur cheminement personnel, l'atmosphère dans lequel ils évoluent, et les personnes qui gravitent autour d'eux.
Et puis, sous un deuxième angle, on trouve toute une réflexion sur l'art et la publicité, à travers le nouveau chef charismatique de John, Mal Osbourne, pour qui changer la pub consiste à changer le monde. Tout cela est certes intéressant dans le développement de l'histoire, mais peut-être un peu trop rébarbatif sur la longueur.

Ce que je garde surtout de ce livre, c'est l'art de Jonathan Dee de rendre attachant des personnages qui dans le fond sont presque des anti-héros. Il ne se passe pas grand chose dans ce roman, et pourtant je tenais absolument à savoir ce qu'il allait advenir de Molly et John. Ces deux personnages, qui semblent avoir tout pour eux, se révèlent être deux paumés qui n'ont d'attaches nulle part et errent aux gré de leur rencontres et des opportunités qui leur sont offertes. Ils m'ont tout deux donné une impression d'infinie passivité dans toutes leurs décisions, sauf lorsqu'il s'agit de fuir. Et que dire du portrait terrifiant que l'auteur fait de la famille de Molly, des parents en particulier, à qui j'ai souvent pensé en observant l'évolution de Molly.

Même si j'ai moins été convaincue par les deux dernières parties du romans (notamment lorsque l'auteur s'efface pour laisser parler John à travers son journal intime), j'ai aimé la forme et le fond de cette histoire qui traite de l'amour, de l'idéal, du temps qui passe, des désillusions, et de tant d'autres thèmes que seule la lecture de la fabrique des illusions vous fera découvrir...
Merci à Babelio et aux éditions Plon pour cette jolie découverte.

Lien : http://libros-y-palabritas.o..
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