Demandez moi tout ce que vous voulez, bijoux, fourrures, maisons, je les déposerai bien volontiers à vos pieds. Mais ma vie, si misérable soit-elle, j'y tiens.
-....J'voudrais tant faire des chaussettes pour nos soldats. Ils ont eu si froid, les malheureux, pendant l'autre guerre !"
Une larme coula sur la joue ridée. Léa, le coeur serré, la regardait glisser, se perdre dans les rides des lèvres.
Je ne savais pas que vous aimiez les enfants.
Pas du tout. Je les trouve encombrants et ennuyants.
Moins on en sait dans ce domaine, mieux on se porte.
Partout ce n’est que veulerie, confusion, compromission, mouchardages ignobles, délations perverses, acceptation de la servitude. On voit des écrivains de talent, comme Brasillach, Rebatet, Drieu, des universitaires, des hommes d’affaires, des soldats et même - Dieu les pardonne - des prêtres, prostituer leurs talents au service d’une idéologie ignoble. Comme un animal en état de faiblesse, ils se mettent sur le dos, offrent leur ventre à la botte de l’occupant... Je suis désespéré.
Moi qui étais pour le rapprochement des peuples, leur fusion dans les États-Unis d’Europe, je me sens nationaliste, ce qui me semblait complètement dépassé avant la guerre. Je ne me savais pas si français ni que j’aimais à ce point mon pays.
Le devoir de tout Français est de lutter contre l’ennemi.
Je ne m’aime pas mais, je me veux du bien.
Nous sommes les vieillards déciles d’un vieux pays qui, depuis deux cents ans, se désagrège par l’intérieur.
L’honneur c’est une idée d’aristocrate, tout le monde n’a pas les moyens d’avoir de l’honneur. L’ouvrier, le paysan, le boutiquier qui patauge dans la boue, reçoit les bombes sur la tête avec des balles dans le corps, il s’en fout de l’honneur. Ce qu’il veut, c’est ne pas crever comme un chien et cela s’arrête n’importe comment, mais que ça s’arrête à n’importe quel prix. Cette guerre, il ne l’a pas voulue, il ne l’a comprend pas.