Deuxième essai avec Socorro, après Royaume de vent et de colère qui m'avait laissé une impression mitigée. Retour ici dans le même monde, quelques années auparavant, lorsque Axelle était encore à la tête de la troupe du Chariot, une bande de mercenaires, ici au service d'Henri III lorsqu'il était aux prises avec la Sainte-Ligue catholique.
À l'origine, il s'agit d'un "beau livre" avec illustrations couleur, donc peut-être que j'ai perdu une partie de la substantifique moelle de l'ouvrage en ne lisant que la version e-book (où les dessins apparaissent en noir et blanc et en plus petit), mais après tout, aucun éditeur n'est forcé de faire une version e-book s'il estime que ça ne met pas une de ses publications en valeur.
C'est peu de dire que je n'ai pas été convaincu.
L'histoire, qui se lit en une heure, s'apparente à une chronique historique d'événements pour le moins archi-connus : l'assassinat du duc Henri de Guise par les "mignons" du roi Henri III, suivi de celui d'Henri III par le moine fanatique Jacques Clément.
On sait donc déjà que de ce côté-là, sauf uchronie changeant
L Histoire, il n'y aura pas de suspense, et en effet, il n'y en a pas.
Qu'est-ce qui est romancé, là-dedans, donc ?
— le fait que les soldats d'élite du roi, les "quarante-cinq" soient des femmes, commandées par une "lieutenante"... Tentative de modernité, concession au féminisme, je ne sais trop comment qualifier cela, mais ça me laisse d'autant plus perplexe qu'à aucun moment un de ces personnages n'est approfondi. Même Axelle, la cheffe mercenaire, passe complètement au second plan par rapport à ses suivants aux surnoms bizarres ("tremble voix", "n'a qu'un oeil"), presque tous... des hommes.
— L'histoire du poignard ensorcelé, pardon, "artbonnier". Les personnages se donnent beaucoup de mal pour aller faire ensorceler à Toulouse le poignard qui va servir à tuer de Guise. Or, ce brave homme, qui se pense intouchable, tombe seul dans un guet-apens tendu par une dizaine de mercenaires. En quoi y avait-t-il donc besoin d'un poignard ensorcelé pour le tuer ?
Sur la forme, l'opus n'a pas davantage trouvé grâce à mes yeux. Style quelconque, pas d'émotion, personnages sans âme, quasi interchangeables, dialogues convenus et peu inspirés.
Bref, sitôt lu, sitôt oublié.