«
L'écrivain de la famille » est son premier roman.
Pour moi, c'est le septième Delacourt lu, guère étonné que je fusse happé comme jamais ! Sacré coco le charnel Grégoire.
Comme toujours amplement écolo, il compacte ses formules comme
« le petit marseillais » ses gels douche et compresse ses tournures comme « X-Tra » sa lessive.
Certainement une réminiscence de son passé de publicitaire tout comme le deviendra Édouard le héros du roman.
Ses phrases concises nettoient les méninges sans laisser aucun déchet de digressions malsaines pour la réflexion, juste des situations sincères et authentiques qui enchantent, choquent ou émeuvent avec tout de même les inévitables épanchement de particules fines de tendresse et de délicatesse.
Parfois drôle avec ses lignes-coups de poing qui avec malice te déglinguent les zygomatiques et accélèrent la création de délicates ridules de joie au coin des yeux, ce roman glisse sur des parcours de vies cabossés avec des phrases pleines d'humour mais vides d'amour.
Pourtant, qu' y a-t-il de si comique à assister au naufrage d'une famille ?
Qu' y a-t-il de tellement risible dans le combat d'Édouard à se faire aimer de ses parents ?
A devoir affronter l'enfance perdue et à la difficulté d'accepter cette perte.
A le voir se débattre dans une vie qu'il a du mal à dompter :
« Papa, est-ce qu'on choisit sa vie, ou est-ce que c'est elle qui choisit ? Réponds-moi, c'est important… Il dit que c'est la vie qui choisit. C'est contre ça que tu dois te battre. Avoir le dernier mot. »
Ce roman est un peu comme les bonbons acides, j'ai d'abord suçoté l'hypocrite doucereux, pour ensuite me piquer la langue au réel douloureux. Une autre forme de « Kloug » à la deuxième couche désastreuse.
Ma mère aurait été heureuse pour le restant de ses jours si j'avais été comme prévu
l'écrivain de la famille.
Est-ce si difficile de prendre un enfant par la main pour l'emmener vers demain ?
Quatre pauvres rimes écrites par Édouard à sept ans sur la première page du roman et les deux cents soixante-quatre autres pages m'ont touché le coeur.