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sur 945 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour avoir écrit un petit poème à sept ans, Édouard est considéré comme un prodige par ses parents. « En quatre rimes pauvres, j'étais devenu l'écrivain de la famille. À huit ans, je n'avais plus rien à dire. » (P. 14) le génie a fui aussi vite qu'il était venu, mais personne ne comprend pourquoi l'enfant, puis l'homme n'écrivent pas un chef-d'oeuvre. Tendue vers cette réussite, c'est toute une famille qui s'épuise et finalement se déchire, lasse de n'avoir pas parlé, lasse de ne pas avoir ouvert son coeur au-delà du voeu fou de faire de l'enfant une merveille. « Nous devenions muets. Ce qui est un comble pour une famille qui comptait son propre écrivain. » (p. 32)
La famille, c'est le père que tout le monde appelle Dumbo. C'est la mère, l'amante, superbe femme qui s'étiole dans une vie étriquée. C'est Claire, la soeur qui rêve du prince charmant. C'est le frère à la voix d'ange qui déploie ses ailes attardées. Et c'est Édouard, celui dont tout le monde attend un miracle, le miracle de l'écriture. Mais l'enfant le comprend avant les autres : il n'a pas de talent. « Les rêves des autres nous damnent. Aux chiottes ! » (p. 48) Alors qu'il aimerait guérir le monde et les siens avec l'écriture, il lui semble qu'il ne fait que les blesser.
Adulte, Édouard trouve plus ou moins sa voie : il devient publiciste et maître dans l'art de créer des slogans et des campagnes efficaces. Mais voilà, ce n'est pas écrire, pas vraiment, pas comme les autres le voudraient, ni comme lui en rêve. « À vingt-neuf ans, je vivais de ma plume. Mais je m'étais trompé d'encrier. J'écrivais, mais je ne guérissais pas. » (p. 202) Et tout le reste autour de lui capitule. Ses parents divorcent, sa soeur est abandonnée par l'homme qu'elle aime et lui-même vit un mariage amer. Se posent alors les questions de l'amour, filial et autre, de la lâcheté, du mensonge et du silence. C'est comme si la vie s'appliquait méticuleusement à rompre les liens, comme si rien ne permettait l'union véritable et le bonheur. « Quand on est très petit, la longueur des bras permet juste d'atteindre le coeur de ceux qui nous embrassent. Quand on est grand, de les maintenir à distance. » (p. 140) Ou alors, pour être heureux, il faudrait peut-être arrêter d'être ce que les autres attendent et choisir enfin ce que l'on veut être, d'assumer ce que l'on est.
Les années 1970, 1980 et 1990 défilent et Grégoire Delacourt propose en filigrane la chronique de décennies déjà mythiques. Des chansons, des films, des livres et des noms célèbres parsèment la page et entraînent le lecteur dans la course folle du temps qui passe. Dans ce roman, le name-dropping est artistique, dosé, intelligent. Ce n'est pas l'écoeurante énumération du publicitaire, ce sont les indices d'une chasse au trésor : Édouard (Grégoire ?) les collectionne comme les précieuses reliques de l'enfance, cet instant si court qu'il n'a cessé de voir s'éloigner. « Il faut avoir vu ses parents se battre pour comprendre qu'un enfant puisse avoir envie de mourir. » (p. 35) Entre rimes faciles et incises complices, Édouard/Grégoire joue avec les mots et les choses. Une fois qu'il aura assez joué, il saura où il en est.
L'écriture déborde d'ironie triste et de résignation dolente. Mais pas de pathétique dans ces lignes, le héros avance toujours, même s'il se débat. Son père lui avait donné un conseil pour faire fructifier son don : « Laisse les choses s'écrire » (p. 15) Finalement, c'est encore ce qui marche le mieux pour écrire le plus beau des romans. L'écrivain de la famille se lit avec émotion et tendresse. Ah, que l'on aimerait serrer tous ses personnages contre nous, leur dire qu'il suffit d'un mot ! Mon mot de la fin est pour l'auteur : merci.
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« L'écrivain de la famille » est son premier roman.
Pour moi, c'est le septième Delacourt lu, guère étonné que je fusse happé comme jamais ! Sacré coco le charnel Grégoire.

Comme toujours amplement écolo, il compacte ses formules comme
« le petit marseillais » ses gels douche et compresse ses tournures comme « X-Tra » sa lessive.
Certainement une réminiscence de son passé de publicitaire tout comme le deviendra Édouard le héros du roman.
Ses phrases concises nettoient les méninges sans laisser aucun déchet de digressions malsaines pour la réflexion, juste des situations sincères et authentiques qui enchantent, choquent ou émeuvent avec tout de même les inévitables épanchement de particules fines de tendresse et de délicatesse.

Parfois drôle avec ses lignes-coups de poing qui avec malice te déglinguent les zygomatiques et accélèrent la création de délicates ridules de joie au coin des yeux, ce roman glisse sur des parcours de vies cabossés avec des phrases pleines d'humour mais vides d'amour.

Pourtant, qu' y a-t-il de si comique à assister au naufrage d'une famille ?
Qu' y a-t-il de tellement risible dans le combat d'Édouard à se faire aimer de ses parents ?
A devoir affronter l'enfance perdue et à la difficulté d'accepter cette perte.
A le voir se débattre dans une vie qu'il a du mal à dompter :
« Papa, est-ce qu'on choisit sa vie, ou est-ce que c'est elle qui choisit ? Réponds-moi, c'est important… Il dit que c'est la vie qui choisit. C'est contre ça que tu dois te battre. Avoir le dernier mot. »

Ce roman est un peu comme les bonbons acides, j'ai d'abord suçoté l'hypocrite doucereux, pour ensuite me piquer la langue au réel douloureux. Une autre forme de « Kloug » à la deuxième couche désastreuse.

Ma mère aurait été heureuse pour le restant de ses jours si j'avais été comme prévu l'écrivain de la famille.

Est-ce si difficile de prendre un enfant par la main pour l'emmener vers demain ?

Quatre pauvres rimes écrites par Édouard à sept ans sur la première page du roman et les deux cents soixante-quatre autres pages m'ont touché le coeur.

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Je retrouve Grégoire Delacourt pour un second voyage qui, en fait, est son premier roman.
Je rejoins Grégoire Delacourt en ces années soixante-dix, soixante-vingt et soixante-trente dans lesquelles je me suis retrouvé quelque fois à travers des airs de chansons évoquées et des auteurs cités.
L'enfant du début, n'est pas écrivain devenu... enfin, pas tout à fait. Il usera des mots, les retournera en slogans pour la pub. Écrira-t-il SON roman? Rien n'est moins sûr puisque les années passent et que l'enfant devenu homme fait fortune dans la pub... fortune qui lui sera ratissée, et vlan!
Le livre recèle d'instants poignants, navrants, tragiques, magiques... de ce qui fait une vie avec des hommes, des femmes, une famille qui s'éparpille et se retrouve au gré des drames. des pleins et des déliés qui courent, s'éloignent et se chevauchent.
Curieux que l'auteur ne cite pas Jonasz dans ses réminiscences de chansons... qu'importe, il y en a maintes autres...comme cette Tendresse de Daniel Guichard qui transmet trop d'émotions.
L'écrivain de la famille n'est pas long, non, mais il est riche d'humanité et chapitré court... Comme ces spots publicitaires millimétrés pour que le message ait le temps de passer? Je ne saurais en faire le reproche.
Un livre que j'ai bien apprécié et que je ne décommanderais pas.

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Grégoire Delacourt est un auteur que je lis de temps en temps, car c'est un auteur qui fait du bien et que j'apprécie beaucoup depuis que je l'ai découvert avec "La liste de mes envies". J'ai lu ensuite "On ne voyait que le bonheur"...avec autant de plaisir. Seul "La première chose qu'on regarde" ne m'a pas enthousiasmé !

La famille d'Edouard est une famille unie, tout du moins en apparence. Dumbo, son père a hérité du commerce de ses ancêtres. Mais il n'est plus le même depuis qu'il est revenu de la guerre d'Algérie et sombre peu à peu dans la dépression. Sa mère se rebelle et décide de profiter de sa beauté et de s'amuser un peu...
Il y a aussi Claire, sa soeur, différente car trop rêveuse et romantique, et son frère pas tout à fait d'aplomb dans sa tête.
Quand, à 7 ans, Edouard écrit son premier poème, tout le monde crie au miracle. Il ne peut être qu'un génie et peut-être même un futur Rimbaud !
Toute sa vie, il sera obligé de suivre son destin...enfin je devrai dire plutôt, celui que la famille l'oblige à suivre : il sera l'écrivain de la famille !
Mais derrière les non-dits, il sera aussi celui qui pansera ses plaies et la vengera des accrocs inévitables que la vie lui réserve.
Il sera l'espoir d'une vie nouvelle et surtout meilleure...

Ce roman, sans doute en partie autobiographique, est une chronique familiale drôle et touchante à la fois, emplie de pudeur et de douceur, qui nous permet de suivre Edouard de sa plus tendre enfance à l'âge adulte.
C'est sur lui que pèsera tout l'espoir des siens et il devra coûte que coûte venger son père dont l'affaire périclite, faire oublier la séparation inévitable de ses parents, la fragilité de sa petite soeur et le handicap de son frère qu'il faudra finalement placer en institut, puis la déception de sa femme qui le rêvait grand romancier et ira de désillusion en désillusion, car elle n'acceptera jamais l'idée qu'il ne puisse pas écrire.

Sous la plume toujours bienveillante et emplie de tendresse de l'auteur, chacun des personnages trouve sa place au sein d'une famille terriblement humaine.
C'est un roman qui analyse avec beaucoup de finesse et de tendresse, le poids des rêves et des attentes transmis par les parents et les ancêtres aux générations futures.
Le lecteur ressent la pression exercée par la famille sur les épaules du petit Edouard et, devenu adulte, son ennui lorsqu'il se retrouve devant la page blanche...un ennui qui le poursuit même lorsqu'il exerce son métier de publiciste qu'il était pourtant arrivé à aimer, ou bien lorsqu'il se retrouve obligé de mentir à ses proches.

Beaucoup d'entre vous se retrouveront dans ces pages car ce roman est le roman de la vie...tout simplement.
Encore une fois l'auteur nous fait réfléchir sur nos choix de vie et la part du déterminisme familial qu'ils contiennent. Peut-être que pour être heureux, il faudrait tout simplement arrêter d'être ce que les autres attendent de nous ? Certes, mais quel plus bel exemple d'amour filial que de voir le petit Edouard devenu grand, vouloir encore et encore, faire plaisir à ses parents.

Les mots vont-ils l'aider pour autant à sortir de cette situation qui l'étouffe ? C'est à vous de voir !

En lisant ce roman, vous revivrez l'ambiance de toutes ces années passées, car l'auteur nous parle aussi des chansons mythiques, des films et...des livres de son époque.


Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Un beau roman qui se lit d'une traite. Un beau roman plein de tendresse sur la vie, l'amour, la mort, la maladie.
Les personnages sont très intéressants et touchants comme Édouard car il est plein de nuances, de sensibilité.
J'ai beaucoup aimé cette écriture simple et sensible qui touche les coeurs. J'avais déjà beaucoup aimé "la liste de mes envies" et encore une fois je ne suis pas déçue.


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J'appréhendais un peu cette lecture par crainte d'être déçue, chose qui arrive quelque fois quand on a beaucoup aimé un auteur et on espère être à nouveau séduit. Ma deuxième rencontre avec Grégoire Delacourt a été aussi agréable que la première, après avoir lu "On ne voyait que le bonheur". Cette fois - ci encore je n'ai mis que quelques heures à finir le roman sans vouloir m'arrêter, emportée par cette écriture simple et pleine de tendresse nous racontant une vie.

Une vie qu'on ne choisit pas toujours en préférant être porté par les événements ou en laissant les autres décider pour nous. Telle est la vie d'Edouard, un écrivain manqué devenu un publicitaire de succès dont le côté "ordinaire" m'a tout de suite beaucoup plu; personne n'est parfait et la lâcheté fait partie de notre vie. Une histoire émouvante sur la famille, l'amour et son manque, les séparations, la maladie, bref une vraie vie. de l'humour et de l'ironie dosées parfaitement. Les nombreuses références à l'actualité politique et culturelle rendent le récit plus réaliste, ce que j'ai beaucoup apprécié. Un autre coup de coeur pour l'auteur qui m'a déjà conquise.





Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Toujours une plume aussi fluide, un bon moment lecture estival.

Notre écrivain, ainsi qualifié par ses proches suite à un poème d'enfance, se cherchera toute sa vie. Nous partageons donc ses joies, ses peines.

Certes ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais je le note à 5 car il se laisse lire et méritait d'être mon compagnon de transat.

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Cet "écrivain de la famille" m'a tout particulièrement touché. Une histoire familiale toute simple mise en mot avec une rare sensibilité. L'écriture, tout en finesse, traduit à merveille le passage de l'enfance au monde des adultes, les relations dans le couple, les liens qui unissent les frères et soeurs, le regard que l'on porte sur ses parents, les regrets, les silences ...et la vie qui passe...
Grégoire Delacourt est originaire de Valenciennes (tout comme moi) et je vous avoue que je ne gâte pas mon plaisir à voir, pour une fois, "un ch'ti" mis en valeur dans les librairies alors que dans les médias, on a un peu tendance à les rencontrer à Mikonos ou à Las Végas !
Merci pour nous Monsieur Delacourt :)
Le Valenciennois est avec vous !
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Bouleversant de vérité. Magnifique et terrible. Ce roman, c'est l'histoire d'une vie. de la vie. Celle qui pourrait être la nôtre, entre bonheurs et drames. Cette lecture, c'est la découverte d'un auteur au style excellent, qui arrive parfaitement à transmettre une atmosphère dramatique.

Édouard voit sa vie basculer à sept ans, lorsque sa famille s'extasie plus que nécessaire devant un court poème de quatre vers qu'il a écrit. Une minute qui va décider de son destin : il sera l'écrivain de la famille. Insidieusement, cette volonté familiale va s'insinuer dans sa tête presque malgré lui. Et, bien qu'il sache au fond de lui qu'il n'est pas celui que les autres voudraient qu'il soit, Édouard essaiera de se fondre dans le moule, pour devenir cet écrivain. Pour plaire à ses parents. Pour plaire à sa femme. Et si cela ne marche pas ? Qu'à cela ne tienne, il deviendra publicitaire, inventera des slogans connus et reconnus et tout cela en jouant avec les mots et les formules.

Un roman splendide, une histoire familiale qui m'a touché avec force. le côté dramatique est largement renforcée par la période couverte par l'histoire, à savoir trois décennies : soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt dix (du nom des trois parties constituant le livre).
Les thèmes du roman sont divers : l'enfance qui s'éloigne et les rapports qui s'inversent avec les parents, notamment face à la vieillesse et à la maladie ; les conventions sociales qui imposent de se marier, de faire des enfants, sans toujours pouvoir les assumer psychologiquement ; le handicap ; etc. Ce qui m'a le plus touché, c'est certainement ce magnifique portrait de l'amour d'un fils pour ses parents.

Si l'on ajoute à cela une écriture parfaite, d'une finesse extrême, qui sait traduire les émotions les plus dures, cela donne un roman excellent. Un coup de coeur que je ne pourrais que vous conseiller.
Quant à moi, je vais suivre Grégoire Delacourt avec intérêt, notamment en continuant l'aventure avec son dernier livre, La liste de mes envies.
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Dans cette autobiographie romancée, Grégoire Delacourt (Edouard) raconte son enfance, sa paternité, le vieillissement de ses parents, et leur découverte, quand il atteint l'âge où les parents ne sont plus que des parents, mais des êtres humains à part entière.

Parce qu'un jour, à 7 ans, il a écrit et récité un poème devant ses parents et grands-parents, toute sa famille a décidé qu'il deviendrait un grand écrivain. Cette parole lui met finalement une pression parfois difficile, parfois qui se transforme en élan qui le pousse à avancer et à croire en ses rêves.
Puis, la vie suit son cours: le divorce de ses parents, la mort de son frère et ses ailes, la relation complexe qu'il entretient avec sa femme (sa colocataire), la maternité de sa soeur, son travail... Tous ces événements sont analysés à la lumière des émotions humaines, et c'est beau, c'est touchant.

C'est un livre très bien écrit, sans héroïsme, sans grandiloquence, mais avec une infinie justesse. Il en ressort une espèce de tristesse qui ressemble assez à de la mélancolie, mais c'est doux, très doux.
J'avoue que je ne m'attendais pas du tout à ce récit, mais je suis ravie d'être tombée sur ce livre, complètement par hasard d'ailleurs.
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